Le castellum divisorium, ou castellum aquae, est un monument romain construit au Ier siècle à Nîmes, dans le Gard.


À l'époque romaine, il constituait l'aboutissement de l'aqueduc qui acheminait l'eau de la fontaine d'Eure à la colonie romaine de Nemausus, via le pont-du-Gard. Après avoir voyagé sur une cinquantaine de kilomètres à travers la garrigue, l'eau était répartie dans toute la ville par le moyen de canalisations dont on peut encore aujourd'hui observer les ouvertures.


Il comprend un bassin circulaire de près de 6 mètres de diamètre, qui était à l'origine couvert, et 10 ouvertures d'un diamètre de 40 centimètres. L'eau arrivait par un canal à section rectangulaire, et elle était distribuée dans les différents quartiers de Nemausus grâce à 10 tuyaux en plomb partant des 10 ouvertures. Au fond du bassin, 3 autres ouvertures permettaient de le vidanger.

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Le Castellum divisorium

 

" C'était par une longue suite d'aqueducs que les eaux des fontaines d'Eure et d'Airan étaient conduites sur le Pont-du-Gard, et de là jusqu'à Nîmes.


La construction de ce réservoir indique un de ces monuments qui ne furent d'abord commandés que par la nécessité, dans l'unique but de distribuer, aux divers quartiers de la ville, l'eau amenée par les aqueducs. On les appelait alors dividicula ; plus tard, ils contribuèrent à l'embellissement des cités, et en raison de leur grandeur et de leur somptuosité, on leur donna le nom de castella.


Il y avait deux espèces de castella : ceux qu'on appelait limaria, dans lesquels se déposaient les limons ou les substances qui altéraient la limpidité des eaux, et ceux qu'on distinguait sous le nom de castella divisoria ou dividicula, où les eaux étaient divisées suivant leur destination et leurs divers emplois. Celui que nous allons décrire est évidemment de cette dernière espèce. La conservation de ces monuments était confiée à un officier nommé Castellarius.

 

Venons au castellum découvert en 1844.

 

Nîmes (Nemausus) : Le castellum divisorium - Narbonnaise - France
[NU923-2022-4149] Nîmes (Nemausus) : Le castellum divisorium

A peu près au niveau du sol actuel, dans la rue de la Lampèze, se trouve un bassin circulaire ayant 6 mètres de diamètre, pavé d'un glacis composé de chaux vive et de briques concassées qui le rendent aujourd'hui d'une ténacité et d'une consistance égale à celle de la pierre la plus dure. La profondeur de ce bassin est de 1,40 mètre ; il est couronné de dalles formant autour de lui un marchepied de 1,47 mètre de largeur, garanti autrefois, du côté intérieur, par une balustrade ; on voit encore les rainures dans lesquelles elle était scellée.


Sur ce marchepied s'élève un mur circulaire de 2,30 mètres de hauteur, construit en moellons smillés (moellons martelés à l'aide d'un smille, marteau à deux pointes des carriers), recouvert d'un ciment très dur de 5 centimètres d'épaisseur. La blancheur de cet enduit est relevée par une bordure peinte à fresque qui consiste en une bande verte de 30 centimètres de largeur, surmontée d'une bande rouge de 8 centimètres. Sur le milieu du mur, on voyait des dauphins et des poissons de toute espèce, peints de la même manière, mais l'humidité et l'action de la lumière ont détruit ces peintures dont il ne reste maintenant que le fruit du style dont se servit le peintre pour tracer son dessin. ...

Nîmes (Nemausus) : Le castellum divisorium - Narbonnaise - France
[NU923-2022-4150] Nîmes (Nemausus) : Le castellum divisorium

... Au-dessus du mur d'enceinte s'élevait une décoration de colonnes isolées, unies, d'ordre corinthien, couronnées d'une corniche circulaire très ornée, d'un beau travail. Des fragments de bases, de fûts et d'entablement, tous en pierre de Lens, trouvés dans le bassin, ne peuvent laisser aucun doute sur l'existence de cette décoration primitive. La grande quantité de tuiles romaines mêlée dans ces débris prouve que ces colonnes supportaient une toiture qui recouvrait l'édifice.


A l'extérieur, le mur d'enceinte ne suivait pas la courbure de la paroi opposée ; il formait, au contraire, une espèce de stylobate carré dans lequel était inscrit le château circulaire que nous décrivons. La porte de l'édifice, large de 1,20 mètre, était du côté du Nord ; on en voit le seuil, la trace des gonds sur lesquels roulait la fermeture et celle du verrou qui arrêtait le battant fixe. Un petit corridor dont l'entrée était au couchant conduisait à cette porte.

 

Nîmes (Nemausus) : Le castellum divisorium - Narbonnaise - France
[NU923-2022-4151] Nîmes (Nemausus) : Le castellum divisorium

A la hauteur de 56 centimètres, le mur du bassin est percé de dix ouvertures circulaires de 40 centimètres de diamètre, séparées entre elles par un espace de même largeur. Ces trous traversent le mur dans toute son épaisseur et ne sont établis que du côté du Sud-Ouest, direction où se trouvait située la plus grande partie de la ville antique.

Ces ouvertures se dégorgeaient deux à deux dans des canaux séparés, de manière que l'eau du bassin pouvait être distribuée par dixième sur les divers points où aboutissaient ces conduits.


On voit dans l'un de ces trous un tuyau de 96 centimètres de circonférence et de 8 centimètres d'épaisseur, formé par le dépôt successif des eaux qui ont coulé dans cette partie. ...

 

Nîmes (Nemausus) : Castellum divisorium (1853) - Narbonnaise - France
Nîmes (Nemausus) : Castellum divisorium (1853) - Planche 10

... Sur le sol même du bassin, à 83 centimètres de son pourtour, du côté des dix ouvertures dont nous parlons, il en existe trois autres de même dimension, placées à 10 centimètres d'intervalle les unes des autres, débouchant toutes les trois dans un même canal établi immédiatement au-dessous des précédents ; trois tiges en fer, perpendiculairement scellées à la circonférence de chacun de ces trous, servaient de guide à des clapets au moyen desquels ils étaient hermétiquement fermés lorsqu’on les laissait tomber dans une rainure ménagée à cet effet dans la pierre même ; alors, l'eau ne s'échappait que par les dix ouvertures supérieures rangées sur une même ligne horizontale. Il est possible que les trois bouches inférieures alimentassent le canal qui allait aux Bains, ou peut-être celui qui conduisait à l'Amphithéâtre les eaux nécessaires aux naumachies.


En avant de ces trois ouvertures, on voit, dans le sol, une ligne de trous établis sur une courbe dont les extrémités se rapprochent de la circonférence du bassin, jusqu'à 45 centimètres de distance. Ces trous ont servi à fixer une barrière en bronze ayant pour but d'opposer une résistance au courant, afin que les eaux ne se précipitassent pas dans le canal inférieur avec une impétuosité à laquelle il n'aurait pu résister ; cette espèce d'appareil se nomme aujourd'hui une cuvette de jaugeage.

C'est du côté du Nord-Est que l'aqueduc alimentaire arrivait dans le château d'eau par une large ouverture de 1,80 mètre de largeur sur 1,25 mètre de hauteur, sur laquelle on remarque les traces d'une fermeture dont le mécanisme nous semble avoir été si bien compris par M. Jules Teissier, que nous ne saurions mieux faire que d'emprunter à cet ami la description qu'il en a faite :


L’ouverture de l'aqueduc afférent dans le réservoir était grillée par six barreaux de fer de plus d'un pouce d'équarrissage, laissant soit entre eux, soit vers les parois du canal, sept intervalles pour le passage de l'eau. La dalle de recouvrement porte encore les traces par lesquelles on introduisait ces fers destinés à empêcher qu'on ne passât des réservoirs dans le canal d'amenée.


En avant de cette grille, à la jonction de l'aqueduc et du bassin, il y avait une vanne pour régler la quantité d'eau que le bassin devait recevoir, ou pour fermer complètement l'aqueduc quand le premier devait être nettoyé. Cette vanne devait être manœuvrée par deux tiges dont les trous se voient encore dans la pierre de recouvrement ; mais celle-ci déborde l'aplomb de la vanne et n'a point d'entaille pour la laisser passer. Il en résulte qu'elle n'avait de mouvement d'ascension possible que sur la moitié de l'aqueduc ; pour obstruer complètement l'ouverture, il fallait qu'il existât une plaque fixe, derrière ou devant laquelle la plaque inférieure et mobile remontait à volonté.

Au reste, ces barreaux et ces vannes avaient été enlevés longtemps avant que l'aqueduc ne cessât de fonctionner ; ce fait peut surprendre, mais il est prouvé par les incrustations tufeuses qui se sont attachées au-dessous de la dalle sur une épaisseur de 20 centimètres, incrustations qui occupent la place des barreaux de la vanne fixe. Cet état de demi-abandon d'un monument si utile prouve, ce que nous avions déjà découvert par tant d'indices, que, bien longtemps avant l'arrivée des Barbares, tout était, à Nîmes, dans un état de décadence. ...  ."


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 Sources

Texte :

Castellum divisorium de Nîmes, wikipedia.org

 

Textes et dessin :

Album archéologique du Gard, Simon Durand, Henri Durand et Eugène Laval, Imprimerie Soustelle-Gaude, 1853

- Castellum

 

Plan :

L'enceinte augustéenne de Nîmes, nemausensis.com

 

Photos numériques :  2022


Nîmes (Nemausus) - Narbonnaise - France
Nîmes (Nemausus)