Mausolée royal de Maurétanie
Le « tombeau de la chrétienne » (Kbour-er-Roumia), situé près de Tipasa, sur la côte algérienne, surpasse encore son prédécesseur, le Medracen, par l'ampleur de sa conception.
Sur un soubassement carré mesurant plus de 63 mètres de côté s'élève, tangente à ce dernier, la krépis* circulaire à trois degrés qui supporte la construction, ceinte de soixante colonnes
ioniques engagées entre lesquelles sont aménagées quatre fausses portes. La couverture à gradins aboutit à une plate-forme située à 32,40 m de hauteur, laquelle, tout comme au Medracen, supportait une pyramide ou un groupe sculpté. De même, des traces d'installations ont été reconnues à l'Est du
monument, face à l'accès à la chambre funéraire.
Ce monument présente cependant des particularités qui, outre ses proportions et l'évolution de son style architectural (remplacement de l'ordre dorique par l'ordre ionique, disparition de toute référence égyptisante), le distinguent du Medracen. En effet, la galerie conduisant à la chambre funéraire s'ouvre non dans le couvrement mais en contrebas du monument, sensiblement dans l'axe de la fausse porte orientale. De plus, elle ne conduit pas directement au caveau, mais décrit une vaste courbe parallèle à la périphérie du tumulus, avant d'obliquer selon un angle très net afin de gagner l'antichambre et la pièce sépulcrale, situées dans l'axe de l'entrée. Les critères stylistiques (chapiteaux ioniques à palmettes, denticules allongés sur l'architrave des fausses portes, sima** ionique), par comparaison avec les pratiques architecturales italiques, permettent de dater ce monument d'une période comprenant la fin du II° siècle et les premières décennies du I° siècle avant J.-C., c'est-à-dire, au plus tard et en tenant compte d'un éventuel retard provincial, de la première moitié du I° siècle avant J.-C.. En termes dynastiques, le monument doit donc, selon toute probabilité, être rapporté au règne du roi Bocchus Ier ou, à la rigueur, à celui de son fils, Bocchus II, deux souverains maurétaniens qui annexèrent progressivement le royaume numide des Massaesyles. C'est sans doute à ce monument que fait allusion Pomponius Mela lorsqu'il signale l'existence d'un mausolée dynastique royal (monumentum regiae gentis).
* Krépis : Plate-forme à degrés qui sert de soubassement à l’édifice
** Sima : Moulure de couronnement d'une corniche
Aux quatre points cardinaux se dressent quatre fausses portes, dont les moulures ont l’aspect d’une grande croix ; de là probablement la dénomination, bien entendu inexacte, que le mausolée avait
reçu de « Tombeau de la Chrétienne ». La façade principale a été restaurée.
Dans le peuple arabe, le tombeau a donné lieu à des légendes relatives à l’existence d’un trésor caché. Le pacha Salah Raïs, qui régna de 1552 à 1556, aurait essayé de s’en emparer. Plus tard,
Baba Mohammed Ben Othmane, pacha d’Alger de 1766 à 1791, fit démolir à coups de canon, et sans plus de succès, le revêtement Est du tombeau.
Certains historiens pensent qu'il s'agirait d'un mausolée royal construit par le roi Juba II, qui régna de 25 avant J.-C. à 23 après J.-C., et son épouse, la reine Cléopâtre Séléné.
Les principales voies de communication romaines
Cherchell (Iol Caesarea) - Tipasa de Maurétanie
Sidi Rached (Mausolée royal de Maurétanie) - Alger (Icosium)
Sources
Textes :
"Algérie", Les Guides bleus, Hachette, 1977
Mausolée royal de Maurétanie, wikipedia.org
Texte/Plan :
Architecture funéraire et pouvoir : réflexions sur l'hellénisme numide, Filippo Coarelli, Yvon Thébert,
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, tome 100, n°2, 1988
Carte :
Digital Atlas of the Roman Empire, Lund University, Sweden
Photos : 1978-1990