Fondée au 1er siècle avant J.-C. et peuplée pour l'essentiel de légionnaires démobilisés ayant effectué leur service dans la II° légion Gallica devenue, dès 27 avant J.-C., II° légion Augusta, la colonie romaine d'Arausio fut dotée d'une riche parure monumentale : Arc de triomphe, Théâtre et Sanctuaire dédié au culte de l'empereur.

 

C'est aux environs de 36 ou 35 qu'est attestée la création d'une ville romaine, située pour la plus grande part au Nord de la colline Saint-Eutrope. Cette fondation s'inscrit dans la période qui sépare la mort de César en 44 avant J.-C., la fin des guerres civiles en 31 et l'établissement en 27, autour d'Auguste, d'un nouveau système politique à Rome, l'Empire.

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Orange (Arausio) : Plan du Théâtre
Orange (Arausio) : Plan du Théâtre

Le théâtre d’Orange offre le plus haut intérêt par son importance et par son état de conservation, particulièrement en ce qui concerne la partie rectangulaire où se trouve la scène ; elle est d’autant plus précieuse qu’elle est plus complète qu ’à tous les théâtres jusqu’alors connus qui en possèdent des restes ; tels, entre autres, ceux d ’Aspendus et d ’Æzani, en Asie Mineure, de Taormine en Sicile, et de l’antique Pella.
L’hémicycle où sont les gradins a été adossé à la pente d’une colline, ainsi que cela se pratiquait généralement ; il se lie à la partie rectangulaire, où sont le proscaenium (scène), le postscaenium (arrière scène) et ses dépendances, par des portions de cercle qui se développent en s’élevant et s’étendant jusqu’à la rencontre de la montagne sur laquelle elles s’appuient.
L’édifice est isolé sur deux de ses côtés ; il touche a la montagne, a laquelle il est adossé, par son côté Sud, et, par son côté Ouest, à un cirque ou hippodrome dont l’hémicycle est également creusé dans la croupe de la montagne.
Le théâtre a 103,15 mètres de longueur et 77,60 mètres de profondeur ; la partie rectangulaire, depuis le nu extérieur du mur du postscaenium jusqu’au nu extérieur du mur du pulpitum, a 118,65 mètres de largeur ; l’hémicycle a 55,6o mètres de rayon, et le rayon de l’orchestre est de 14,95 mètres.

Le mur de l'arrière de la scène est haut de 36,82 mètres. Par temps de pluie ou de canicule, une grande toile, le velum, protégeait le public. Ce système se mettait en place grâce à des poutres fixées aux corbeaux couronnant les murs. Le velum recouvrait ainsi soit la scène soit le théâtre tout entier.


Dès le Moyen Âge, sans doute, l'intérieur de l'édifice fut occupé par des maisons installées sur la pente des gradins, adossées aux murs du bâtiment de scène ou aménagées dans différentes salles. Ce réinvestissement fut favorable à la préservation du théâtre qui demeura partiellement visible au cours des siècles, au point que Louis XIV put dire du mur arrière du bâtiment de scène qu'il était "la plus belle muraille de son royaume". Le projet de dégagement ne fut évoqué que sous le premier Empire, mais ne fut pas réalisé avant le deuxième quart du XIX° siècle. Le dégagement du monument commença en 1825 avec le déblaiement des constructions situées dans le bâtiment de scène et sur les premiers gradins, et se poursuivit jusqu'en 1856 avec le dégagement du reste de la cavea et la démolition des maisons adossées aux murs extérieurs.

 

En 1981, le Théâtre antique d’Orange est classé au patrimoine mondial de l'Unesco.



La cavea pouvait contenir quelque 9 000 spectateurs répartis selon leur rang social. Elle se divise en trois zones (mæniana), étagées en 34 gradins et séparées par des murs. En contrebas, l'orchestra formant un demi-cercle est séparée des gradins par un parapet. Le premier mænianum, appelé ima cavea, se compose de vingt gradins, dont les trois premiers étaient réservés aux chevaliers, comme en témoigne l'inscription Eq(uitum) g(radus) III. La deuxième zone (media cavea) se compose de neuf gradins accueillant des marchands, des citoyens romains, tandis que la troisième partie (la plus haute, appelée summa cavea) se compose de cinq gradins accueillant seulement les prostituées, les esclaves et les personnes ne détenant pas la nationalité romaine. De grandes salles superposées servaient à l'accueil du public et abritaient les coulisses.


Temple dédié au culte de l'empereur

 

En 1920, des fouilles organisées dans l'hémicycle à côté du théâtre dégagèrent le soubassement d'un temple et de son autel.

Ce temple périptère, orné de huit colonnes en façade, mesurant 24 mètres sur 35, fut probablement érigé au II° siècle après J.-C. et dédié au culte de l'empereur. Il s'ouvrait au Nord et se terminait par une abside au Sud. Le podium, soubassement du temple, n'était pas massif, mais comprenait plusieurs salles voutées, au dessus desquelles s'érigeait la cella, la chambre de la divinité.

Le temple était autrefois entouré d’un portique semi-circulaire composé de 52 colonnes. Il s'élevait sur un grand dallage de pierres qui fut très vraisemblablement construit pour masquer des vestiges de monuments antiques, arasés en partie au Ier siècle de notre ère et dont la fonction demeure incertaine : nymphée monumental (fontaine ornée de sculptures et jeux d'eau) ou édifices religieux.

 

Des gradins du théâtre, on pouvait accéder au Capitole et au temple intermédiaire par une rampe d’accès encore visible à ce jour. On s’y rendait par un grand escalier et deux autres, plus petit, permettait de monter la colline conduisant au Capitole. Une sorte de rue dallée, large de 7 mètres, séparait le temple du théâtre. Des passages permettaient de communiquer entre les deux édifices, en particulier par une entrée monumentale qui permettait l’accès au forum.


Étant donné l’état des vestiges de cet ensemble monumental, il est très difficile aujourd’hui de déterminer les fonctions des édifices. Les archéologues ont pensé autrefois qu’il s’agissait de restes d’un cirque ou d’un stade. Cette hypothèse, démesurée vu la taille de la ville, a été par la suite abandonnée.


On suppose aujourd’hui que le théâtre, associé au temple, formaient un augusteum, ensemble consacré au culte impérial, vraisemblablement prolongé par un forum.



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 Sources

Textes :

Le Théâtre Antique d'Orange, culturespaces, Connaissance des arts, hors-série  n° 674, 2015

Orange, l'antique Arausio, e-stoire.net

Théâtre antique d'Orange, wikipedia.org

 

Texte et dessins :

Monuments antiques à Orange, Auguste Caristie, Paris, 1856

 

Plan :

Frank Sear, Roman theatres - An Architectural Study, Oxford University Press, 2006

 

Photos numériques :  2018