La porte d'Auguste est un monument romain construit au Ier siècle avant J.-C. à Nîmes, dans le Gard.
La construction de la porte d'Auguste, appelée autrefois « Porte d'Arles », remonte au Ier
siècle avant J.-C.. Elle faisait alors partie de la longue enceinte romaine de Nîmes et était une des principales portes de la ville. C'était également le point d'entrée de la
voie Domitienne dans la colonie. Aujourd'hui, ses vestiges sont situés à l'Est du quartier de l'Écusson.
A notre époque, la porte d'Auguste constitue, avec la porte de France, un des seuls passages dans l'enceinte augustéenne qui soient encore visibles en élévation.
La Porte d'Auguste
"On a vu dans notre introduction que Nîmes, devenu romaine, s'embellit de tout le luxe des arts. Elle fut en même temps fortifiée comme place de guerre, et ses remparts furent
percés de dix portes, dont une seule, celle de France, paraissait être restée debout. Aucun vestige n'indiquait la place où furent situées les autres, ni le lieu où la voie militaire traversait
la ville. On parlait, à la vérité, d'une porte qui avait dû exister près de l'église des Carmes, mais le monument appelé le Château, qui occupait cette place, paraissait avoir été
construit sur les débris de cette porte, lorsqu'elle fut tout à coup retrouvée.
En juin 1790, des scènes funestes eurent lieu à Nîmes et, par la suite, la municipalité fit abattre le parapet du Château. On découvrit sous ce parapet une partie
d'entablement corinthien dont la corniche était fort dégradée. On ne s'en occupa point d'abord ; mais, en 1793, la démolition d'une partie des remparts de la ville entraîna celle de cette
corniche. L'ignorance des ouvriers laissa abattre encore la frise sur laquelle était une inscription. On s'aperçut trop tard du mal que l'on faisait. On reconnut qu'on était sur le point de
détruire un monument remarquable. ...
Quelques écrivains modernes ont accusé la Révolution d'avoir hâté la destruction de cette Porte. Ils se sont trompés. Le Château, construit en 1391 sous Charles VI, ne l'avait été qu'au détriment de la porte romaine dont il occupa la place. On montrait encore du temps de Ménard (XVIII°), comme restes des démolitions du monument romain sur lequel la tradition voulait que le Château eût été bâti, plusieurs magnifiques quartiers de pierre. Ce monument avait donc subi à cette époque une première dégradation. Engagé dans la bâtisse du Château et déjà mutilé en partie lorsque celui-ci avait été construit, il n'est pas étonnant qu'en 1793 il n'ait pas été reconnu dès l'abord. Les tours même qui flanquaient la porte furent alors complètement détruites ; mais dès qu'on s'aperçut que l'on frappait du même marteau le monument moderne et le monument antique, on s'appliqua à déblayer entièrement celui-ci et l'on découvrit tout l'ensemble d'une porte du plus beau style. On rechercha soigneusement et l'on remit en place les pierres de la frise qu'on ne parvint pas à retrouver toutes ; mais ce qui restait suffit pour faire retrouver toute l'inscription. L'entaille, faite dans la pierre pour recevoir les lettres de bronze qui la composaient et qui étaient attachées par des tenons, présente encore ces mots :
IMP CAESAR IVI F AVGV TVS O X TRIB : TEST VIII
: ORTAS MVROS CO: DA:
que nous rétablissons ainsi :
IMP CAESAR DIVI F AVGVSTVS COS XI TRIBV POTEST VIII
PORTAS MUROS COL DAT
Cette inscription indique que nos murailles antiques furent construites pendant qu'Auguste exerçait pour la huitième fois la puissance tribunitienne, c'est-à-dire l'an 736 de Rome et 16 ans avant J.-C.. Cette inscription fait juger que la porte sur laquelle elle était placée était la principale de la ville, la porte militaire par laquelle entraient les légions qui, de Rome, se dirigeaient vers Narbonne par la voie Domitienne. ...
Cette Porte est entièrement construite en pierre de taille des carrières de Baruthel. Elle est formée de deux grands portiques à plein cintre qui ont une égale largeur de 3,93 mètres sur 6,30
mètres de hauteur, depuis le niveau du pavé antique jusque sous la clé. Ces deux grands passages sont flanqués de deux petits portiques pour la circulation des gens à pied. Ils ont 1,93 mètre de
largeur sur 4,51 mètres de hauteur sous clé. Ces deux portiques sont surmontés d'une niche demi-circulaire sur son plan, ornée de deux petits pilastres portant une corniche du genre dorique.
C'est sans doute dans ces niches qu'étaient placées les statues des deux divinités protectrices de la colonie, ou peut-être celles des deux fils adoptifs d'Auguste, princes de la jeunesse romaine
et patrons de la colonie.
Les deux petits passages latéraux sont encadrés entre deux grands pilastres d'ordre corinthien, et l'on remarque, au milieu du pied-droit qui supporte les deux grands portiques, une petite
colonne ionique qui repose sur une console établie au niveau de la naissance des grands arcs. … "
"La Porte d'Auguste, large de 39,60 mètres, formait un avant-corps en saillie de 5,23 mètres sur les remparts antiques. Cette saillie était augmentée, à ses deux extrémités, par la partie arrondie des deux tours de 9,66 mètres de diamètre, dont l'hémicycle ne commençait qu'à 1,50 mètre en avant de la façade. Le milieu était percé de deux grandes arcades pour la circulation des chars, et les parties latérales, de deux petites entrées aboutissant à des trottoirs à l'usage des piétons. Ces deux derniers passages formaient, sur une longueur de 16 mètres, deux portiques couverts de voûtes à plein cintre, formés d'arcs doubleaux. Ces passages étaient éclairés par trois fenêtres cintrées de 2,50 mètres de hauteur sur 1,15 mètre d'ouverture, établies à 0,85 mètre au-dessus du sol antique. …"
Origine de la statue de l'Empereur Auguste installée derrière la porte du même nom
Le 14 juillet 1933, le commandant Émile Espérandieu écrivait au Maire de Nîmes : " ... Il existe à Rome, au Musée du Vatican, une statue authentique d’Auguste qui est universellement connue et qui passe pour un chef-d’œuvre de l’art sculptural. Une fonderie de Naples, la Société LAGANA, est autorisée à la reproduire, et possède, dans ce but, un moulage de l’original qu’elle a fait exécuter pour la décoration de la ville de Rome.
Elle consent à se servir gratuitement de ce moulage pour la statue que la ville de Nîmes pourrait lui commander. ..."
Après délibération, la ville de Nîmes passera commande de cette copie d'antique le 20 mai 1934 à Fiorence Pagliano, administrateur de la société LAGANA à Naples, pour le prix de 17 500 francs.
Dans la matinée du 11 novembre 1939, la Municipalité de Nîmes procèdera à l’érection de la statue d’Auguste, fondateur de la " Colonia Nemausensis ".
La statue de l'empereur Auguste, d'après l'œuvre conservée au Musée du Vatican, sera posée sur un socle constitué de blocs de pierre récupérés d'une des tours de la porte romaine.
Sources
Textes :
Porte d'Auguste, wikipedia.org
La statue de l'empereur Auguste, nemausensis.com
Texte et dessin :
Album archéologique du Gard, Simon Durand, Henri Durand et Eugène Laval, Imprimerie Soustelle-Gaude, 1853
Plan :
L'enceinte augustéenne de Nîmes, nemausensis.com
Photos numériques : 2022