Hadrumète ou Hadrumetum est l'une des principales cités portuaires de l'Afrique romaine sur les côtes de l'ancienne province de Byzacène en Afrique proconsulaire. Elle se trouve à l'emplacement de l'actuelle ville de Sousse.

 

Vers 1100 av. J.-C., les Phéniciens auraient installé un comptoir à Utique, dans l'actuelle Tunisie, puis à Hadrumète (Sousse). Les sources antiques en font mention sous divers noms, sous des formes romanisées ou hellénisées, comme Hadrumès, Hadrumètos, Adrimetum, Adrumtetum ou encore Adrymetum. Comme Carthage ou Utique, elle serait, à en suivre Salluste (Guerre de Jugurtha, 19), une fondation phénicienne prospère établie par des Tyriens. Elle devient l'un des principaux comptoirs puniques. Les stèles de son tophet, dédiées à Ba'al Hammon, en témoignent.

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Si les Peuples de la mer se sont sans doute fixés antérieurement dans la région de Sousse, c'est aux Phéniciens que l'on attribue le premier nom connu de la ville. Au XI° siècle av. J.-C. apparaît le toponyme Hadrim qui désigne un enclos ou un quartier d'habitation. A partir du VI° siècle av. J.-C., Hadrim passe sous l'autorité de Carthage et vit avec elle les guerres puniques. Hadrim se libère progressivement de la tutelle carthaginoise en établissant des relations économiques et diplomatiques directes avec Rome dont elle prend le parti durant la troisième guerre punique.


Après la destruction de Carthage, les Hadrumétins deviennent, selon l'expression d'Appien, les « amis du peuple romain » et la ville, rebaptisée Hadrumète (Hadrumetum), devient une cité romaine privilégiée et libre. À la fin du I° siècle, Hadrumète est la première cité africaine à bénéficier du statut de colonie honoraire qui est attribué par l'empereur Trajan. En reconnaissance, des monuments glorifiant le généreux empereur sont érigés : arc de triomphe, théâtre, amphithéâtre, thermes, .... La prospérité de la ville culmine au III° siècle sous le règne de la dynastie des Sévères.


Le commerce de l'huile d'olive connaît un grand essor après que le fondateur de la dynastie instaure une distribution gratuite et quotidienne d'huile à Rome. La ville frappe même sa propre monnaie. Lorsqu'en 238, la ville soutient l'« usurpateur » Capellien, elle doit subir la répression du nouvel empereur Gordien II. Des monuments publics et des villas sont rasés et le port, autrefois si actif, perd de son importance.


La cité retrouve une prospérité relative lorsqu'en 297, l'empereur Dioclétien fait de Hadrumète la capitale de la nouvelle province de Byzacène qui s'étend sur le centre du pays. Quand en 439 les Vandales chassent les Romains et détruisent l'enceinte de la ville, Hadrumète prend le nom de Hunéricopolis tiré du nom de Hunéric (fils du chef vandale Genséric). Elle végète pendant un siècle avant sa destruction par des pillards venus du Sud du pays et ce, peu avant l'arrivée des troupes byzantines. Le port, complètement ensablé, est remis en état par l'empereur byzantin Justinien dont la ville prend le nom en 535 (Justinianopolis). Elle devient le chef-lieu de l'une des sept provinces du diocèse d'Afrique. La période byzantine dure environ 135 ans.


Le début de la période arabo-musulmane peut être fixé à 670, lorsqu'Oqba Ibn Nafi Al Fihri assiège la ville qui prend le nom de Sousse.

Enfin, selon Stéphane Gsell, la ville est assiégée par Agathocle de Syracuse en 310 av. J.-C. et, en 202-203 av. J.-C., Scipion l'Africain y fait les préparatifs de la bataille de Zama. Un temps liée à Carthage, elle jouit avec la conquête romaine d'une relative autonomie et figure parmi les sept civitates liberae de l'Afrique romaine. Elle obtient sous Trajan le titre de colonie honoraire.

Sousse (Hadrumetum) : Plan du Ribat
Sousse (Hadrumetum) : Plan du Ribat

 

Dans les premiers siècles de l'islamisme, une ligne de Ribat assurait la garde des frontières de l'empire. Leur garnison était assurée par une cinquantaine de volontaires, à la fois militaires et religieux.


Le Ribat de Sousse, conçu sur le plan d'un carré de 36 mètres de côté, aux murs bâtis en pierres surmontés de créneaux, est doté de tour à chaque angle.

 

Dans le porche et le vestibule figurent plusieurs éléments architecturaux antiques remployés, surtout des colonnes de marbre, des corbeaux byzantins sculptés d'une feuille d'acanthe et de beaux chapiteaux d'une très belle facture.

 

En juillet 1988, le Conseil international des sites et des monuments de l'UNESCO reconnaissait que le Ribat de Sousse, l'antique Hadrumetum, était un des plus beaux et des mieux conservé d'Afrique. Son enceinte carrée flanquée de tours et de tourettes, percée d'une seule porte au Sud, sa cour intérieure à deux niveaux sur laquelle ouvrent trente-cinq cellules, sa mosquée occupant le côté méridional du premier étage, avec sa tour Sud-Est, adjonction de 821 après J.-C. due à Zyadat-allah Ier et à son affranchi Mansour Al-Fata (comme l'atteste une inscription située à l'entrée (*)), à la fois minaret et vigie d'où l'on pouvait transmettre des signaux à Monastir, en font incontestablement un monument de très grande valeur.

(*) : "Au nom d'Allah, le Clément, le Miséricordieux. La bénédiction vient d'Allah. C'est ce qu'a ordonné de bâtir le prince Ziyadat Allah, fils d'Ibrahim, qu'Allah prolonge sa vie, par les soins de Mansour Al-Fata, son affranchi dans l'année 206. Fais-moi descendre dans un lieu béni, ô toi le meilleur des guides".

 

Seule la tour du Sud-Est est carrée ; sur elle s'élève un très beau minaret d'inspiration abbasside fin du VIII° siècle d'une hauteur totale de 77 mètres. Au centre de chaque courtine une tour semi-circulaire renforce les vigies sauf au sud où prend place l'entrée. Le porche du Ribat était protégé par un ensemble de mâchicoulis et rehaussé d'une coupole en pierre de taille.


La Kasbah, citadelle fortifiée située en un point particulièrement stratégique de la Médina, est caractérisée par la haute tour Khalef datant de 859 après J.-C. (8 mètres de base et 30 mètres de haut, prototype des minarets aghlabides), crénelée et formée de deux parties superposées qui jouaient une fonction défensive et de signalisation (manar), et qui fut donc également utilisée comme phare.

L´enceinte de 2,250 kilomètres de périmètre, qui englobait à l´origine le port et l´arsenal, comportait 8 portes mais n´en a plus que 3, à savoir la Bab el-Gharbi (porte occidentale), la Bab el-Djedid (porte orientale) et la Bab el-Bahr (porte de la mer, qui fut érigée à l´époque où les vaisseaux accédaient directement dans le port intérieur de la ville). Elle fut reconstruite en 859 après J.-C. par l´affranchi Khalef sur les ruines des remparts de Justinianopolis, nom donné à Hadrumetum par les Byzantins.

D'après l'inscription figurant à l'intérieur de la façade en style kufi, la Grande Mosquée aurait été bâtie autour de l'an 236 de l'hégire (soit entre 850 et 851 après J.-C.) par le souverain aghlabide Aboul Abbas Ier. La salle de prière a été agrandie en trois étapes entre 894 et 897 en direction du mur de la qibla. Le pavillon coiffé d'une coupole situé à l'angle nord du bâtiment et qui tient lieu de minaret est un ajout ultérieur de la première moitié du X° siècle.

 


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Sources

Textes :

Hadrumète, wikipedia.org

Sousse, wikipedia.org

Sousse, le Ribat, sousse1881-1956.com

 

Plan :

"Ribat Sousse", Creswell Archive, Ashmolean Museum, neg. Image courtesy of Fine Arts Library,

                               Harvard College Library

 

Photos : 1978 - 1981