Ce sont les Romains qui fondèrent la ville sous le nom de Mediolanum Santonum (Ville au milieu de la plaine des Santons) dès le règne d'Auguste. Située à une des extrémités de la Via Agrippa, qui la reliait à Lugdunum (Lyon), la ville joua très tôt un rôle important puisqu'elle devient à la fin du Ier siècle avant J.-C. la capitale de la civitas santonum (la cité des Santons, subdivision administrative romaine) et de la province de Gaule aquitaine, la plus grande province romaine de Gaule.
Sous Tibère, des travaux d'urbanisme font adopter un réseau orthogonal à la voirie de la ville. Lors de son âge d'or, entre la fin du Ier siècle avant J.-C. et le début du II° siècle, on estime
que la ville comptait plus de 15000 habitants et qu'elle s'étendait sur une centaine d'hectares.
Érigé à la toute fin du Ier siècle avant notre ère, peut-être dans les années -20 / -10, soit une génération avant l'arc dit de Germanicus, le pont romain en pierre marque l'entrée de la cité antique de Mediolanum où il franchissait la Charente et reliait la nouvelle capitale de la Gaule Aquitaine sur la rive gauche à la voie d'Agrippa sur la rive droite, menant à la capitale des Gaules Lugdunum (Lyon). Il succède peut-être à un premier pont de bois.
L'arc romain, véritable porte monumentale, construit vers 18-19 après J.-C. par un notable de la ville, était dédié à l'empereur Tibère, son fils Drusus et son neveu (et fils adoptif) Germanicus. Implanté à l'entrée du pont qui franchissait la Charente, il s'est vu progressivement entouré par le fleuve au cours du Moyen Age, le pont étant prolongé vers l'Est. Lors de la démolition du vieux pont en 1843, l'arc fut sauvé grâce à Prosper Mérimée et remonté sur la berge.
Le lit de la Charente s'est élargi au cours des siècles. Ainsi, au Moyen Âge, on dut prolonger vers l'Est le pont qui reliait les deux rives du fleuve. L'arc, initialement sur la berge, se retrouva sur le pont. Comme c'en était la tradition aux temps médiévaux et classiques, ce pont était fort encombré. On y trouvait des moulins, des chapelles, des tours... et l'arc.
Un arc votif
L’arc romain de Saintes est votif, car il est un don en l’honneur de l’Empereur Tibère, offert par un notable Santon romanisé, Caius Julius Rufus. Ce dernier a dédié le monument à son Empereur
ainsi qu’à son fils Drusus et son neveu et fils adoptif Germanicus. L’arc est aujourd’hui dit de Germanicus car c’est le nom le plus visible sur l'attique, mais il s’agit en
réalité d’un arc dédié en premier lieu à Tibère.
Le monument est à deux baies, correspondant aux deux sens de circulation, ce n’est en aucun cas un arc de triomphe. Il commémore et symbolise également l’achèvement de la via d'Agrippa.
La Statuaire
Les inscriptions de la dédicace constituent la légende de trois statues qui devaient couronner l'arc. Le bas d'une patte arrière de cheval en bronze doré aurait été trouvé près de l'arc à la fin
du XIX° siècle. Peut-être qu'une statue équestre de l'empereur Tibère trônait au sommet de l'arc, avec de chaque côté les statues (ou groupes de statues) de Germanicus et de Drusus.
Le pont de Mediolanum était le seul ouvrage d’art permettant le franchissement de la Charente pendant l’antiquité. Il était donc le passage obligé de toutes les voies terrestres venant du Nord et
de l’Est en direction de l’océan et du Sud. L’imposant arc de près de 15 mètres de haut, couronné de ses statues impériales, avait pour rôle d’impressionner les voyageurs et de montrer la
grandeur et la puissance de Rome, ainsi que la générosité de son donateur Rufus.
Caractéristiques architecturales
Il mesure 15,80 mètres de large, 14,71 mètres de haut, pour 3,90 mètres d'épaisseur. Les pylônes latéraux font 2,90 mètres de large, le pylône central 2,15 mètres. L'espace entre chaque pylône
fait 3,80 mètres pour 9,70 mètres de hauteur sous les arches.
Il est décoré de façon sobre. Une série de grandes corniches créant des lignes horizontales vigoureuses séparent les différents niveaux du monument.
Les trois piédroits des arches ont un socle surmonté par des pilastres cannelés portant des chapiteaux corinthiens. L’étage des voûtes est décoré, aux angles, de colonnes cannelées engagées aux
deux tiers, surmontées de chapiteaux composites. Ceux-ci comptent parmi les plus anciens de leur catégorie en Occident. L’arc est couronné par un entablement dont la frise porte sur chacune des
faces principales les mêmes dédicaces. L’arc est aussi un support épigraphique, son donateur a fait graver sur l’arc ses titres et sa généalogie d’origine gauloise.
L’arc subira certaines transformations au Moyen-Âge (crénelage au sommet). L’élargissement du lit du fleuve entraînera le prolongement du pont vers l’Est. L’arc se retrouvera alors les pieds dans
l’eau.
Victor Hugo, Prosper Mérimée, Jean-Jacques Clerget et Victor Fontorbe
Promis à la démolition vers 1840, en même temps que l’ancien pont médiéval qui menaçait de ruine, il a été sauvegardé après l’intervention de Victor Hugo lors de son passage à Saintes en
septembre 1843 et de son ami Prosper Mérimée, inspecteur des Monuments Historiques, avec l’appui des membres de la Société d’archéologie de Saintes alors récemment créée.
L'arc est démonté à partir de 1843, puis remonté sur la place Bassompierre jusqu'en 1851, à 28 mètres de son emplacement d’origine. Les travaux sont supervisés par l’architecte parisien
Jean-Jacques Clerget et l’architecte saintais Victor Fontorbe. Beaucoup des pierres d’origine en mauvais état seront remplacées par des pierres neuves lors de la restauration. La plupart des
pilastres et chapiteaux ne sont pas d’origine.
Sources
Textes :
L'Arc romain dit de GERMANICVS, mediolanum-santonum.fr
Mediolanum Santonum (Ville romaine), fr.wikipedia.org
Saintes, Musée archéologique, Arc de Gemanicus, patrimoine-histoire.fr
Texte/Dessin :
Le pont romain de Saintes, mediolanum-santonum.fr
Dessins :
Arc de Germanicus, structurae.net
Histoire de Saintes, fr.wikipedia.org
Photos numériques : 2020