Saint-Amand-de-Coly est situé dans l'Est du département de la Dordogne, en Périgord noir, à 25 km de Sarlat et à une cinquantaine de kilomètres de Cadouin.

 

Selon les légendaires, c'est au milieu du VI° siècle, à l'époque du roi mérovingien Clotaire 1er, qu'Amand, un jeune noble d'origine limousine, suit Sore l'Arverne et Cyprien pour embrasser avec eux la vie monastique. Après avoir longtemps séjourné parmi les serfs de la villa mérovingienne de Genouillac qui deviendra Terrasson, ils prononcent leurs vœux et décident de se séparer, préférant la vie solitaire des ermites.

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Amand, pour sa part, trouve une grotte à sa convenance, non loin de Genouillac, en un lieu qui deviendra Saint-Amand de Coly. Il y apporte la parole de l'évangile à une population asservie qui fait de lui un Saint. Il meurt à la fin du VI° siècle. Selon un chroniqueur du IX° siècle "Saint-Amand natif de la Meyze, près de Saint-Yriex, repose dans le bourg du Périgord qui porte son nom".

 

Les martyrologes fixent sa mort au 25 juin.
Ainsi, à Saint-Amand, comme dans bien d'autres localités, l'humble abri d'un ermite et le tombeau d'un Saint sont le commencement d'un monastère et d'un village. Dès la fin du XI° siècle, la règle augustinienne régit la vie de l'abbaye.

En 1048, un monastère existe à Saint-Amand.
Cette année-là, un moine de l'abbaye catalane de Ripoll fait le tour des abbayes et églises de la région pour y lire l'éloge d'Oliba, ancien abbé de Ripoll et évêque de Vich en Catalogne. Le rouleau de parchemin relatant ces visites cite "Saint-Amand dit de Genouillac" parmi les différents lieux parcourus.


24 - Saint-Amand de Coly : Plan de l'église abbatiale - Dordogne - France
24 - Saint-Amand de Coly : Plan de l'église abbatiale

Les phases de construction de l'église abbatiale

 

La construction de l'église abbatiale s'est étalée sur plusieurs siècles : entre le XII° et le début du XIV° siècle. Un chantier de cette envergure nécessite des fonds importants, ce qui implique plusieurs phases de travaux. En règle générale, on débute par la partie la plus sacrée : le chœur.  De cette manière, la communauté de chanoines peut célébrer les offices avant même que l'église soit totalement terminée.

 

Les dimensions de l'abbatiale

 

Édifice :

Longueur extérieure : 48,17 mètres

Longueur intérieure : 40,85 mètres

Hauteur du clocher-porche : 28,60 mètres

 

Transept :

Longueur : 26,76 mètres

Largeur moyenne : 8 mètres

 

Nef :

Longueur : 17 mètres

Largeur moyenne : 8 mètres


24 - Saint-Amand : Pavage du sol de la nef - Dordogne - France
[NU922-2022-3466] 24 - Saint-Amand : Pavage du sol de la nef

Grandeur et décadence d'une abbaye

 

Commencée au début du XII° siècle, la construction de l'abbatiale est achevée au début du siècle suivant. Sont édifiés successivement : chapelle et transept Nord, chœur, chapelle et transept Sud puis l'imposant clocher-porche et les bases des murs de la nef. L'achèvement des murs de la nef se fit ensuite en pleine période gothique, ce qui permit l'ouverture de grandes fenêtres mais interrompit la coursière intérieure de circulation.

Au XIV° siècle, après le désastre de Poitiers, sur édit du roi Charles V, furent mis en place les systèmes de défense qui font de Saint-Amand l'église la plus solidement fortifiée et la mieux conservée du Périgord.

Les XII° et XIII° siècles marquent l'apogée de l'abbaye.

 

Au milieu du XIII° siècle le nombre de chanoines est insuffisant pour assurer le service divin dans les dix-neuf églises et prieurés dépendants de Saint-Amand. S'étant placé sous l'obédience de Rome, l'abbé demande et obtient du pape Urbain IV l'attribution de quatre nouveaux clercs.
En 1304, l'abbaye reçoit Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux, le futur pape Clément V.
En 1381, commence la construction d'un hôpital pour les pauvres.

Guerres, épidémies et abus de la Commende jalonnent les étapes d'un déclin progressif.

 

Au cœur des hostilités le Périgord souffre de la guerre de cent ans. En 1450, Saint-Amand est à moitié démoli, il ne reste qu'un moine, le culte divin a cessé. Suit une longue période de reconquête du temporel et de reconstruction. Mais c'est aussi le temps des abbés commendataires et de la décadence religieuse. Les épreuves des guerres de religion n'épargnent pas Saint-Amand. En 1575, un capitaine huguenot investit l'abbaye et la livre au pillage par ses reîtres. Six jours de canonnade seront nécessaires pour l'en déloger.
En 1746, il ne reste que trois chanoines, le roi autorise la suppression de l'abbaye et le rattachement de ses revenus à la mense épiscopale de Sarlat. A la Révolution, l'abbatiale devient paroissiale.


Clocher-Porche (façade occidentale)

 

Le clocher-porche se caractérise par un important arc brisé porté par deux puissants massifs de maçonnerie. Au sommet, sur chaque face, une ouverture donnait accès à une échauguette en bois (hourd) portée par trois corbeaux de pierre. Huit dispositifs de ce type sont répartis sur les différentes faces du bâtiment, un est conservé à l’angle Sud-Est du rempart. Le portail est décoré de trois voussures retombant sur des colonnettes dont les chapiteaux sont ornés de palmettes, de fleurs et de feuilles typiques de l’art gothique des années 1220 ; il est surmonté d’une archivolte à pointes de diamant au-dessus de laquelle sont réemployés deux chapiteaux du cloître représentant des porteurs ; une grande verrière en plein cintre éclaire la nef.


 

La nef et le clocher-porche sont les parties les plus récentes de l’édifice. La pente ascendante du sol de la nef (en partie moderne), prolongeant la montée du seuil, se combine avec la légère convergence des murs de l’avant-chœur pour produire un intéressant effet de perspective. La nef aux parois nues est voûtée d’un berceau brisé.


Le chœur est voûté d’une croisée d’ogives assez archaïque que l’on peut dater des environs de 1150. La croisée du transept est surmontée d’une coupole sur pendentifs, mode de voûtement fréquent en Périgord. De ce point, on notera la présence sur les murs de l’ensemble du transept de coursières de circulation soutenues par de larges arcatures. Au pied du pilier Nord-Est part un escalier donnant accès aux combles et aux systèmes de défense.


Extérieurs : Église abbatiale


Extérieurs : Enceinte fortifiée

 

L’église abbatiale de Saint-Amand de Coly est inscrite dans un enclos prenant l’aspect d’une enceinte fortifiée. Les remparts sont constitués d'un mur d'enceinte de plus de deux mètres d'épaisseur formé en sa partie centrale de pierres disposées en "arête-de-poisson". C’est probablement pendant la guerre de cent ans que furent mis en place les systèmes de défense qui font de l’abbaye l’église la plus solidement fortifiée du Périgord.



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Sources

 

Textes :

Abbaye Saint-Amand-de-Coly, 12ème, église fortifiée en Périgord - Histoires d'universités, Pierre Dubois

Guide de visite, Les amis de Saint-Amand-de-Coly

Signalétique locale

 

Plan :

Dictionnaire des églises de France - Guyenne, Saint-Amand-de-Coly, Jean Secret, Robert Laffont, IIIb, 1967

et

Signalétique locale d'après le plan de J. Mandin (BSHAP 1896)

 

Photos numériques :  2022