Le théâtre gallo-romain des Bouchauds est situé sur la commune de Saint-Cybardeaux en Charente, le long de la via Agrippa (Saintes-Lyon) dite Chemin des Romains ou Chemin chaussé.
Longtemps laissé à l’abandon sur les hauts des collines charentaises surplombant la vallée de la Nouère, le théâtre des Bouchauds était tombé dans l’oubli depuis le III° siècle de l’ère commune. On le croyait château en ruines, le Château des Fades, le domaine des fées. Ses pierres avaient servi au cours des siècles à construire une grande partie des villages qui entourent le site et ses ruines avaient sombré au milieu des broussailles. Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XIX° siècle que les Bouchauds sortent de leur sommeil lorsque le propriétaire de l’époque entame une première série de fouilles.
A la recherche d’un hypothétique trésor féodal, il ne trouve que de vieilles pierres et vendra une partie des derniers vestiges à une fabrique de chaux. Malgré cela, ses découvertes suscitent l’intérêt et permettront d’établir qu’il s’agit de constructions gallo-romaines.
Le site sera classé monument historique le 22 décembre 1881. Des fouilles sporadiques et souvent dévastatrices se poursuivront sans méthode jusqu’au début du XX° siècle. De 1901 à 1906, les travaux du Père Camille de la Croix permettent un meilleure compréhension du site. Propriété du département depuis 1957, les chantiers de fouilles plus récents (1974-1995) ont mis à jour et exploré le sanctuaire attenant au théâtre.
Les ruines du théâtre donnent encore la mesure de ce qu’il était au temps de son activité. Construction atypique car il occupe la partie supérieure d’un vallon orienté vers le Nord, la vue s’ouvre librement sur la région qu’il domine. Encastré dans la colline, il respecte cependant le plan dit de Vitruve. Ce type de construction profitant du paysage a du permettre une importante économie de matériau, ce qui explique peut être ses dimensions considérables : d’un diamètre de 105,60 mètres, il fait partie des plus grands théâtres du monde gallo-romain, surpassant même celui d’Orange (104 mètres).
Les vestiges permettent de reconstituer sa composition.
L’ima caeva (gradins inférieurs) était composée de trois gradins, la media caeva (gradins intermédiaires) pouvait contenir 17 ou 18 et la summa caeva (gradins supérieurs) 13 gradins,
l’ensemble pouvait recevoir entre 5 ooo et 6 000 personnes.
Construit vers la fin du Ier siècle, il connaît des remaniements au II° siècle : trois rangées de gradins en pierre dans l’orchestra réservées aux notables ainsi que des escaliers permettant la
circulation entre l’orchestra et la cavea.
Il est abandonné et détruit en partie au III°-IV° siècles qui verront arriver les « invasions barbares ».
L’emplacement du théâtre des Bouchauds s’explique par sa proximité avec la Via Agrippa qui partait de Mediolanum Santonum, la capitale des Santons (SAINTES) pour rejoindre Lugdunum (LYON). Grâce aux travaux d’érudits locaux au XIX° siècle l’établissement a été identifié à Germanicomagus (Sermanicomagus), une étape signalée sur la Table de Peutinger. Cette identification semble confirmée par l’ampleur du site qui comprend non seulement le théâtre mais encore un sanctuaire avec au moins deux temples et un ensemble d’habitats qui n’ont pas encore été explorés. On trouve également les restes d’un aqueduc dans deux villages voisins, un vivier où on a retrouvé des coquilles d’huître, et dans des puits voisins des monnaies, des fibules, des débris de vases, des patères … ainsi qu’une statue de Mercure.
Le sanctuaire
Situé au sommet de la colline aplanie par l'homme, en haut du théâtre, il est composé de deux ensembles, dont l'un date du Ier siècle, et l'autre de la fin du II° siècle ou du début du III°
siècle.
Le premier ensemble, situé à l'Est, comporte dans un espace rectangulaire limité par des murs un temple rectangulaire et un temple octogonal. Le second comporte deux petits temples carrés dans un
vaste espace.
Il n'a été retrouvé aucune inscription, mais une statue de Mercure en argent doré à la feuille d'or a été découverte au pied du mur extérieur du sanctuaire, ce qui peut suggérer un culte du dieu
Mercure (dieu romain du commerce et des voyageurs).
Sources
Textes :
Le théâtre gallo-romain des BOUCHAUDS (16), lamainrouge.wordpress.com
Mediolanum - Civitas Santonum, mediolanum-santonum.fr
Plans :
Frank Sear, Roman theatres - An Architectural Study, Oxford University Press, 2006
Le sanctuaire gallo-romain des Bouchauds (Charente), Une revue inter-régionale d'archéologie, Aquitania,
Tome 10, 1972
Photos numériques : 2019