Situé à une vingtaine de kilomètres de Verecunda, Timgad est un petit village à 1072 mètres d'altitude dont l'ancien nom est Thamugadi.

La colonie de Thamugadi fut fondée sur ordre de Trajan en l'an 100 après J.-C.. Les soldats de la III° légion furent employés à la construction des principaux édifices. Vers le début du VI° siècle, elle fut détruite par les montagnards berbères qui se révoltèrent contre les ingérences de l'administration et profitèrent des dissidences qui régnaient au sein de celle-ci, sous le gouvernement du prince vandale Thrasamund qui régnait sur le Numidie. Rebâtie en partie par les Byzantins, Timgad fut de nouveau détruite lors de l'invasion arabe ; l'état actuel date donc de la fin du VII° siècle.

Le contenu Google Maps ne s'affiche pas en raison de vos paramètres des cookies actuels. Cliquez sur la politique d'utilisation des cookies (Fonctionnels) pour accepter la politique d'utilisation des cookies de Google Maps et visualiser le contenu. Pour plus d'informations, consultez la politique de confidentialité de Google Maps.

La ville, fondée sous Trajan, avait primitivement la forme d'un rectangle de 367 mètres sur 324, avec des rues se coupant à angle droit, au nombre de onze de l'Ouest à l'Est, comme du Nord au Sud, et délimitant des îlots de dimensions égales. La voie principale s'étendait de l'Est à l'Ouest, entre deux portes, coupant la ville exactement par le milieu.
Plus tard, dans la seconde moitié du II° siècle et au début du III° siècle, Thamugadi s'agrandit au-delà de ce périmètre, et les voies établies dans les quartiers nouveaux n'eurent pas la régularité des rues primitives.


Timgad (Thamugadi) : Plan du site
Timgad (Thamugadi) : Plan du site

On accède au Cardo Nord par la porte principale Nord ou de Cirta (3) dont il ne reste que les assises inférieures. Les deux pieds droits étaient décorés de pilastres et de colonnes engagées et enfermaient l'un et l'autre une chambre servant de corps de garde.

 

Le Cardo est une large voie dallée bordée de colonnes conduisant à l'entrée principale du forum (49). Des égouts, pourvus de regards de distance en distance, sont pratiqués sous le dallage de cette rue ainsi que sous celui des autres artères de cette ville ; on les reconnait par les interstices que présentent les joints des dalles. Sur la gauche de cette voie, on rencontre, en son début, les petits thermes du Nord (22), mal conservés, et diverses maisons ; l'une d'elles fut transformée en chapelle à l'époque chrétienne (35).

 

La bibliothèque publique (46), dont l'existence est confirmée par une inscription datant du IV° siècle, s'élève plus haut sur la gauche. L'édifice décoré avec luxe présente, du côté du Cardo, une cour bordée de portiques sur trois faces et flanquée de petites salles ; au fond, salle hémisphérique avec niches servant d'armoires que précédaient des colonnes. Dans ses dispositions, elle est comparable à la bibliothèque découverte à Ephèse en Turquie.

Traduction d'Albert Ballu du texte entier de l'inscription

" Par la suite de la libéralité de Marcus Julius Quintianus Rogationus, de mémoire sénatoriale (homme de mémoire clarissime), qu'il avait léguée par son testament à la caisse de la colonie des Thamugadiens, sa patrie, l'œuvre de la bibliothèque a été entièrement exécutée pour 400 000 sesterces, sous la surveillance de la salle. "


Porte principale Nord ou de Cirta (3) - Cardo - Bibliothèque publique (46)


Le decumanus maximus croise le Cardo à son extrémité à la limite du forum. Cette voie transversale était bordée de portiques sur lesquels s'ouvrait une rangée de boutiques.
En suivant le decumanus sur la gauche, on trouve aussitôt à droite les latrines publiques (48) formées de deux pièces dont l'une mesure 8 mètres sur 5,50 ; les stalles, au nombre de vingt-cinq, placées au-dessus d'un égout, étaient séparées par des appuis imitant des dauphins.

Du même côté se trouvent les ruines d'une maison dites aux jardinières (39) : les diverses chambres sont groupées autour d'une cour bordée de portiques et offrant des balustrades en pierre qui limitaient des jardinets.

Timgad (Thamugadi) : Plan du Marché de l'Est

 

 

Le marché de l'Est (50), auquel on accède par un petit escalier, vient ensuite. Derrière un vestibule semi-circulaire flanqué de boutiques s'étendent deux cours en hémicycle, qu'entourent des portiques et au fond desquelles d'autres boutiques sont disposées.

En arrière, les petits thermes de l'Est sont assez médiocres (26).

 

 

Les grands thermes de l'Est (25), situés à l'extrémité du decumanus, furent construits dans la première moitié du II° siècle et agrandis en 167 : les aménagements divers, salles d'attente et de repos, de bains froids, chauds ou de vapeur, vestiaires, latrines, chaufferies, réservoirs, se distinguent nettement.

Au-delà, la Porte monumentale à colonnes de Mascula (5), l'actuelle Khenchela, élevée en 146 sur l'emplacement d'une des portes de la ville primitive, terminait à l'Est le decumanus.

A 200 mètres environ au Sud-Est, restes d'une autre porte monumentale de l'époque de Marc Aurèle ; elle marquait l'extrémité Est de la nouvelle ville.


Latrines publiques (48) - Marché de l'Est (50) - Grands thermes de l'Est (25) - Porte de Mascula (5)


On accède au Forum (49), situé à l'extrémité du Cardo Nord, par un escalier ; il était précédé d'une porte monumentale de décoration analogue à celle de la porte Nord.


La place, rectangulaire et dallée, longue de 50 mètres, large de 43 mètres, était entourée de portiques. Des statues, en pied ou équestres, se dressaient dans l'espace laissé à ciel ouvert ; il y en avait aussi sous le portique Nord. On voit encore en place un assez grand nombre de bases sur lesquelles on peut lire les noms d'empereurs, de gouverneurs de la province, de personnages importants de Thamugadi. Quelques salles offrent des tables de jeu tracées par des désœuvrés ; sur l'une se lit une inscription qui signifie : " Chasser, se baigner, jouer, rire, c'est vivre ".

Sur la face Ouest du forum, un petit temple, peut-être dédié à Trajan, et dont on n'a retrouvé que le soubassement, présentait un portique à quatre colonnes. Chose remarquable, ce temple n'était point précédé par un escalier monumental, comme il est presque de règle, mais par une sorte d'estrade élevée : c'était la tribune, rostra, d'où l'on parlait aux citoyens assemblés. Le  temple était en partie entouré d'un jardin bordé d'un portique à mosaïques qui le séparait de la Curie (toujours située du même côté du forum), lieu de réunion du conseil municipal.
Entre le temple et la Curie, et à l'alignement du portique du forum, socle portant une dédicace à la Fortune Auguste qui portait une statue du II° siècle et, à proximité, autre socle hexagonal qui portait la statue de l'empereur Julien (361-365).

Le front Sud du forum paraît avoir été occupé par des boutiques. Sur le front Nord il y a une série de salles dont la façade est ornée de colonnades : c'étaient peut-être les locaux affectés aux curies, groupes religieux et administratifs entre lesquels étaient répartis les citoyens de la ville.


Etabli au flanc d'un mamelon au Sud du forum, le théâtre (51) fut construit vers le milieu du II° siècle et pouvait contenir environ 3000 personnes.

L'orchestre, dont le dallage est encore en bon état, est bordé de trois larges marches sur lesquelles on plaçait des sièges réservés. Au-dessus s'étageaient trois séries de gradins, seuls ceux d'en bas sont antiques.

Le mur bas qui limitait la scène du côté de l'orchestre présente une série de niches dont quelques-unes renferment des fontaines, et deux petits escaliers ; il était précédé de colonnettes. Le mur qui formait le fond de cette scène a disparu.

Un portique de seize colonnes formait la façade du théâtre à l'Ouest.

Timgad (Thamugadi) : Plan du théâtre
Timgad (Thamugadi) : Plan du théâtre
Timgad (Thamugadi) : Portique de la façade Ouest du théâtre - En arrière-plan, l'Arc de Trajan
[NB022-1978-26] Timgad (Thamugadi) : Portique de la façade Ouest du théâtre - En arrière-plan, l'Arc de Trajan


Le Forum (49) - Le théâtre (51)

Timgad (Thamugadi) - Forum : Portique Nord - Algérie
[AM_002-1968-29] Timgad (Thamugadi) - Forum : Portique Nord
Timgad (Thamugadi) : Théâtre (Vue prise depuis la zone du Capitole) - Thamugadi
[NB091-1978-13] Timgad (Thamugadi) : Théâtre (Vue prise depuis la zone du Capitole)

Timgad (Thamugadi) : Plan des Grands Thermes du Sud

Situés à l'extérieur de la ville à l'extrémité du cardo Sud, les grands thermes du Sud (30) furent construits au II° siècle et agrandis dès 198, sans atteindre toutefois ceux du Nord. Un couloir mène à une grande salle rectangulaire qui était peut-être un gymnase. De là, on pénètre dans le frigidarium, avec deux bassins latéraux pour les bains froids, puis dans les salles qui pouvaient être chauffées : il y a deux caldaria, l'un avec deux, l'autre avec trois baignoires, pour les bains chauds.

A l'extrémité Sud, de vastes latrines, de forme semi-circulaire, ont un pavement en mosaïque et vingt-huit sièges peu distincts. Les sous-sols (escalier de descente vers l'extrémité Sud de la salle des latrines) sont bien conservés (couloirs, fourneaux, magasins à combustibles).

En face des grands thermes, vers l'Ouest, se trouve le quartier industriel comprenant des magasins, des boutiques, des habitations, où l'on a trouvé les restes d'une fabrique de poteries et d'une fonderie de bronze.

Timgad (Thamugadi) : Au premier plan, le quartier artisanal, puis les grands thermes du Sud, puis le théâtre
[NB042-1978-10] Timgad (Thamugadi) : Au premier plan, le quartier artisanal (52), puis les grands thermes du Sud (30), puis le théâtre (51)

Grands thermes du Sud (30)


Timgad (Thamugadi) : Plan de la forteresse byzantine
Timgad (Thamugadi) : Plan de la forteresse byzantine

 

A environ 300 mètres au Sud des grands thermes du Sud (30), en dehors de la ville mais relié à celle-ci par une voie dallée, le fort byzantin (53) fut construit en 539, sous Justinien, sur des monuments romains du III° siècle. Il surveillait la sortie d'un des principaux passages qui s'ouvrent à travers l'Aurès, par le défilé de Foum Ksantina.

 

La forteresse de Timgad (53) qui, d'après le témoignage de Procope, date du règne de Justinien, mesure 111,25 mètres de long sur 73 de large. D'une belle construction et assez bien conservée, elle peut compter parmi les ruines les plus imposantes de l'époque byzantine : à l'ouest, les murs atteignent environ 7 mètres de hauteur. Les matériaux ont été empruntés à des édifices romains ; on a observé qu'un certain nombre de fragments d'architecture, jetés dans les murailles, décoraient auparavant le Capitole et le théâtre.

Cette forteresse avait été élevée, non pour couvrir une ville - car Thamugadi était déjà détruite -, mais pour garder le débouché d'un des principaux passages à travers l'Aurès. Située à environ 200 mètres de la colonie de Trajan, elle resta isolée : on ne distingue pas de traces de bâtiments dans le voisinage immédiat. Cependant, il est possible qu'une population peu nombreuse ait profité de l'existence d'une citadelle aussi importante pour s'installer dans les ruines de la ville romaine, et il est certain que, vers le milieu du VII° siècle, une chapelle fut construite à 250 mètres au sud-ouest du fort.

Les courtines ont 2,40-2,70 mètres d'épaisseur, les tours, 1,70-2,00 mètres. Ces tours, de forme quadrangulaire, sont placées aux angles et au milieu de chaque front. Elles offrent au rez-de-chaussée des portes fort étroites. Aux tours centrales de l'est et de l'ouest, on peut constater que la salle du bas était surmontée d'une coupole en briques et éclairée par une meurtrière. Sur le front sud s'ouvre une poterne large d'un mètre qui se prolonge à l'intérieur par une sorte de couloir, resserré entre deux massifs. L'entrée principale est dans la grande tour qui occupe le milieu de la face septentrionale.

 

L'entrée s'ouvre dans la tour centrale Nord.
A gauche, en entrant, vaste casernement byzantin bien conservé, chambres, écuries, magasins. Egalement de l'époque byzantine, chapelle bien conservée et petits thermes de l'état-major du fort.
A droite, au-dessous des installations byzantines, ancien sanctuaire, magnifique ensemble des II° et IIII° siècles, comprenant trois temples à plateformes communes, dédiés à des divinités africaines, deux grandes cours à portiques et une piscine, orientée Sud-Nord, longue de 27 mètres sur 7 mètres et profonde de 1,70 mètre. Elle était jadis plaquée de marbre et entourée d'une balustrade de bronze ; il s'agit des aménagements d'une source (L'Aqua Septimiana Felix).

 

L'Aqua Septimiana Felix était une source à proximité de Timgad qui alimentait en eau une piscine autour de laquelle fut construit au II° siècle un important sanctuaire. Il reçut un aménagement somptueux sous les Sévères. Trois temples y furent édifiés.
Le plus grand occupait la place médiane et était dédié à la Dea Patria, la déesse de l'Afrique reconnaissable à sa coiffe faite d'une dépouille d'éléphant (proboscis). Décoré de marbres blancs et verts, de mosaïques, le temple faisait 7,50 mètres sur 9,80. Les deux autres, plus petits (5,10 par 7,10 mètres) se trouvaient de part et d'autre. Celui de l'Ouest était dédié à Esculape tandis que celui de l'Est a sans doute été dédié à Sarapis.
L'association de l'Afrique à Esculape et Sarapis est unique. Placé sous le signe de la fertilité, de l'abondance et de la santé, le sanctuaire célébrait les eaux bienfaisantes en association avec le culte impérial.
Les trois temples, assez petits, étaient érigés sur une terrasse qui surplombait une vaste piscine.
L'ensemble a été inclus dans l'enceinte du fort byzantin lors de sa construction.

 

Vers le Sud-Ouest, à 300 mètres environ, commence une immense nécropole chrétienne (19) comptant plus de 9000 tombes. Elle entoure étroitement deux chapelles posées chacune sur un mamelon. La plus proche fut construite à l'époque byzantine sous le patrice Grégoire, vers 645.


Fort byzantin (53)


Curieusement situé à l'extérieur de l'enceinte primitive (au Sud-Ouest) de la ville, le capitole (14) date de la seconde moitié du II° siècle.


Il se compose d'une vaste enceinte de 90 mètres de long sur 62 mètres de large ; orienté Sud-Ouest - Nord-Est, elle s'ouvrait sur une large rue dallée.
Le temple, de 53 mètres sur 23 mètres, s'élevait sur une plateforme à laquelle on accédait par un escalier de trente-huit marches. Le front offrait six colonnes dont deux, hautes de près de 14 mètres, à beaux chapiteaux,  ont été remontées ; d'autres colonnes s'élevaient sur les côtés longs. Autour s'étendait une  grande cour, bordée de portiques, qui fut remaniée à une basse époque.
Un autre portique existait en avant, précédant la face Est du mur de clôture.


Timgad (Thamugadi) : Decumanus maximus, en direction de Thamugadi - Arc de Trajan - Numidie
[NB046-1978-17] Timgad (Thamugadi) : Decumanus maximus, en direction de Thamugadi - Arc de Trajan

L'arc de triomphe dit de Trajan (2)

 

La large avenue qui passe devant le capitole aboutit au Nord à l'arc de triomphe dit de Trajan (2) dont la face Est est tournée vers la ville, érigé à l'entrée du decumanus maximus. Il paraît avoir été construit vers le début du III° siècle, sur l'emplacement de la porte occidentale de la colonie de Trajan.


Orné de pilastres et précédé de colonnes corinthiennes, il possède trois ouvertures : les baies de droite et de gauche, plus petites que celle du milieu, sont surmontées de niches qui contenaient des statues et que flanquaient des colonnettes ; au-dessus régnaient des frontons courbes.

Datation

Depuis la publication de Boeswiliwald, Cagnat et Ballu, qui l'a fait connaître, cet arc est qualifié "d'arc de Trajan" et ce n'est que dans les trente dernières années qu'il s'est appelé timidement "arc dit de Trajan". Les difficultés viennent du fait que pendant longtemps on n'a disposé que d'une seule dédicace pour l'arc, celle qui mentionnait la fondation de la ville par Trajan en 100. Dès lors, les auteurs qui le décrivaient devaient faire coïncider son aspect "baroque", terme qu'ils utilisaient volontiers pour caractériser un monument qui ne ressemblait en rien à ce qu'on connaissait des arcs de Trajan, en particulier celui de Mactar, qui sert souvent de référence dans ce domaine, avec la dédicace trouvée au pied de l'arc. Car la dédicace à Trajan ne pouvait être mise en doute. Lorsqu'on trouva des fragments d'inscription, ils ne furent pas attribués à l'arc, parce que les blocs les plus importants provenaient du forum. Complétée par d'autres fragments, l'inscription fut attribuée à Septime Sévère et ses fils, la lecture ne souffrant pas d'autre interprétation. Mais la dédicace n'était toujours pas mise en relation avec l'arc, ce qui a entretenu le malentendu initial.

Aujourd'hui, l'attribution de l'arc à trois baies aux Sévères ne fait plus de doute. Nous pouvons ainsi affirmer que la datation de l'arc en 203, fondée sur l'étude d'H. Doisy, se voit également confirmée par les données de l'architecture et par celles de l'urbanisme.

Timgad (Thamugadi) : Arc de Trajan (détail) - Numidie
[NB026-1978-47] Timgad (Thamugadi) : Arc de Trajan (détail)

 

Dimensions

Dimensions totales de l'arc :
- Hauteur : 12 mètres
- Largeur : 15,10 mètres
- Epaisseur : 2,75 mètres ; 5,50 mètres piédestaux compris

 

Baie centrale :
- Hauteur : 6,65 mètres
- Largeur : 4,20 mètres

Baies latérales :
- Hauteur : 3,80 mètres
- Largeur : 2,50 mètres


Colonnes :
- Diamètre : 0,63 mètre
- Hauteur : base = 0,33 mètre ; fût = 4,88 mètres ; chapiteaux = 0,67 mètre


Niches :
- Hauteur : 2 mètres
- Largeur : 1,50 mètre
- Profondeur : 0,40 mètre


Attique : 1,30 mètre de hauteur (frise)


A l'entrée de la voie de Lambaesis, qui part depuis l'arc de Trajan vers le Nord-Ouest, s'élevait le marché de Sertius (44), construit vers le début du III° siècle : l'entrée est au Nord, derrière un portique.


On pénètre dans une cour entourée de colonnades et ornée au milieu d'un bassin. En avant de cette cour, c'est-à-dire derrière le mur de façade, sont établies six logettes, qui étaient des boutiques. Sept autres boutiques occupent un hémicycle au fond de l'édifice. Dans chacune d'elles, une grande dalle fixe servait à l'étalage.

 

En face du marché sont les ruines d'un petit temple (11) construit en 169, qui s'élevait sur un perron de seize marches au-dessus d'une cour ; il était dédié au Génie de la Colonie.

 

En poursuivant en direction du Nord-Ouest sur la voie de Lambaesis, on peut voir sur la gauche la fontaine dite de Liberalis (42) ou château d'eau, qui est un édifice octogonal, entouré d'un bassin de même forme ; la dédicace du monument nous apprend qu'il coûta 32 348 sesterces.

La rue se poursuit jusqu'à la porte du faubourg Ouest (1), ou Porte de Lambaesis, construite sous Marc Aurèle, datée par sa dédicace de 169, et réplique de celle de Mascula (5) à l'Est.

Entre l'arc de triomphe et les grands thermes du Nord (21), on peut traverser tout le quartier Nord-Ouest de l'ancienne ville où se trouvait le cardo Sud. … Il est possible d'y voir des maisons telles que celles de Julius Januarius (37) et une autre conservant une fontaine à baldaquin portant des dédicaces à la Fortune et à Vénus.

Peu éloignés de la porte du Nord (3), les grands thermes du Nord (21) sont situés en dehors de la ville primitive. Ils mesurent 80 mètres de long sur 66 mètres de large et comprennent plus de trente salles. …


Capitole (14) - Arc de triomphe dit de Trajan (2) - Marché de Sertius (44) - Temple du Génie de la Colonie (11)

Fontaine dite de Liberalis (42)

Timgad (Thamugadi) : Le Capitole (Algérie)
[AM_002-1968-25] Timgad (Thamugadi) : Le Capitole

Timgad (Thamugadi) : Edicule dédié à Fortuna Venus Augusta
[010-1978-29] Timgad (Thamugadi) : Édicule dédié à Fortuna Venus Augusta

Édicule dédié à Fortuna Venus Augusta (36)

 

 

Dans une maison située à l'Ouest de la maison de Corfidius, c'est à dire à proximité de la porte Nord, à l'Ouest du Cardo Nord de la ville, on peut voir dans l'angle Nord-Ouest de l'atrium, un édicule constitué d'un dais en grès reposant sur quatre piliers de section carrée. L'atrium, pavé de dalles de pierre, comporte, en son milieu, un puits de section circulaire, entouré d'une margelle de plan carré. Au cours de la fouille fut retrouvé un dais de pierre, que l'on dressa sur quatre piliers modernes et qui, ainsi mis en place, forme l'édicule que nous nous proposons d'étudier de plus près.

 

Ce dais est taillé en voûte d'arêtes dans un bloc de grès. Sur l'extrados, de larges filets de pierre, correspondant aux arêtes de l'intrados, se coupent en dessinant une croix, qui a pu donner lieu à l'hypothèse d'une construction chrétienne byzantine. Chacun des côtés de l'édicule comporte une arcade en plein cintre, surmontée d'un cartouche rectangulaire. Seul celui de l'Est porte une inscription, qui par suite de la nature friable du grès, est devenue très difficilement lisible.

 

Le texte complet après étude donne : FORTUNAE VEN RI AUG SACR. Le nom du dédicant, sans doute aussi habitant de la maison où s'élevait cette petite construction, était inscrit sous la dédicace à la Fortune, sur le champ de l'archivolte, mais ce texte est très mutilé. La restitution probable donne : IULIUS FELIX.

...

Cet édicule est un petit sanctuaire domestique qui, certainement, abritait un autel ou une statue. Nous noterons comme remarquable l'association, dans une même dédicace, de Venus Augusta et de Fortuna Augusta. On peut se demander, d'ailleurs, si le sacellum contenait une statue de chacune de ces deux divinités, ou si Fortuna-Venus constitue une seule divinité, syncrétisme non attesté, semble-t-il, en Afrique. Fortuna assure la prospérité et Venus est souvent, en Afrique, la forme latinisée d'une déesse punique de la Fécondité.

...

En Afrique, l'édicule de Timgad est le seul qui soit très bien conservé.

 

Dimensions de l'édicule : Hauteur totale : 2,32 mètres, hauteur des piliers : 1,30 mètre, hauteur du soubassement : 0,40 mètre, largeur : 1,15 mètre.


Les extérieurs du musée

 

Le musée s'ouvre sur une large cour bordée de colonnes et de statues provenant des fouilles. On peut également y remarquer des sarcophages et stèles provenant pour la plupart de la nécropole. Certains sarcophages avaient été réutilisés comme matériau de réemploi lors de la construction du fort byzantin. A l'intérieur, on remarque surtout de très belles mosaïques.


 

Musée : 5 Photos prises en 1968


Timgad (Thamugadi) : Mosaïque - Jupiter et Antiope (Musée) (Algérie)
[AM_002-1968-31] Timgad (Thamugadi) : Mosaïque - Jupiter et Antiope (Musée)

Les Thermes de Filadelfes sont situés à l'extérieur de la ville de Trajan, au Nord, non loin des Grands thermes Nord, et à l'Ouest de ceux-ci (KL-11/12)

 

Grande mosaïque de style floral à fond blanc entourant un tableau central à personnages.

Bordure : au sommet, cercles et losanges alternés à motif central rouge ou vert ; sur le côté droit bande noire en partie détruite portant en lettres blanches l'inscription : salvu(m)lotu[m]. En bas, la bordure noire a disparu, seuls subsistent des fragments de lettres. Tout autour, filet denticulé noir sur une bande blanche, bande noire.

Le motif de base de la grande composition florale s'inscrit dans un carré. Au centre, cercle noir portant une fleur quadripétale verte ; dans les axes, des demi-rinceaux d'acanthes jaunes se replient pour former des cœurs à intérieur rouge ; en diagonale partent des fuseaux de demi acanthes vertes enfilés dans un bandeau jaune : l'intérieur des fuseaux est noir. Entre ces motifs, — dans les axes, carrés courbes rouges auxquels aboutissent les pointes des cœurs ; ils renferment une fleur quadripétale blanche ; — dans les angles, octogones blancs formés par la courbure des tiges qui prolongent les fuseaux ; au centre tourne une fleur aux pétales rouges sur une face, verts sur l'autre.

Des rinceaux de feuillages et des fleurs s'épanouissent dans les intervalles : boutons rouges issus de la base des fuseaux, fleurs épanouies — rouges ou jaunes — sur les côtés des octogones, feuillages verts à nervure jaune sur les côtés des carrés. Il y a cinq motifs complets et deux demi-motifs dans le sens de la longueur, deux motifs complets et deux demi-motifs dans le sens de la largeur. Au centre, tableau figuré (1,60x0,95). Au-dessus une bande rouge porte en lettres blanches l'inscription : Filadelfis Vita.

Une jeune femme, — nue dans une draperie transparente gris-vert qui glisse de ses épaules, et revient en avant sur ses genoux — est tombée agenouillée en fuyant. Elle tient devant elle de la main droite un tambourin, et de la main gauche levée écarte son poursuivant. Elle a une abondante chevelure bouclée, courte, séparée par une raie médiane. Elle tourne son joli visage, aux yeux rieurs, vers le personnage qui la poursuit en courant, le poids du corps porté en avant sur la pointe du pied gauche, le pied droit levé en arrière. La nébride flotte derrière lui ; des feuillages se mêlent à ses cheveux ; il tient un pedum dans la main gauche. Chose curieuse, le bras droit de ce personnage n'est pas représenté, il se confond avec celui de la nymphe. On a là un étonnant procédé technique, qui crée l'illusion d'une superposition extrêmement adroite puisqu'elle n'a pas frappé ceux qui ont commenté ce tableau.

A l'arrière-plan, entre les deux personnages, un arbre suffit à évoquer le paysage ; c'est probablement un laurier aux feuilles habilement traitées en vert foncé, et vert gris clair ; au premier plan, quelques touffes d'herbe, dont l'ombre est marquée sur la terre par des taches vert foncé et brunes sur un fond gris-vert, achèvent de situer la scène.

Les personnages sont représentés de façon vivante, la jeune femme n'a pas l'air effrayé par son poursuivant qui lui-même ne semble guère terrifiant. Nous avons ici, d'après l'opinion la plus couramment admise, la poursuite d'Antiope par Jupiter, sous les traits d'un satyre.


Timgad (Thamugadi) : Mosaïque - Triomphe de Vénus (Musée) (Algérie)
[AM_002-1968-32] Timgad (Thamugadi) : Mosaïque - Triomphe de Vénus (Musée)

Maison à l'angle Nord-Est du decumanus et du cardo, bordée le long de ces voies, de portiques sur lesquels s'ouvraient des boutiques (Ilot 61)

 

En bordure, bande noire portant un beau rinceau d'acanthes vertes et rousses issu d'un bouquet, représenté de face, au centre de chacun des côtés ; seule la bordure inférieure est actuellement conservée ; il reste des fragments des bordures des côtés, celle de la partie supérieure a été complètement détruite ; filets jaune, noir denticulé, jaune, blanc, noir. Le motif occupe tout un côté : il comprend le bouquet central et une double courbe de part et d'autre (probablement trois courbes à droite et à gauche). C'est certainement, de tous les rinceaux d'acanthes représentés sur les mosaïques de Timgad, le plus naturaliste, le plus vivant, le moins stylisé, malgré une construction très rigoureuse.

Tableau central à fond blanc (2x1,70) : Vénus nue étendue sur la croupe d'un centaure marin barbu et flanquée de l'autre côté d'un personnage imberbe.
C'est une belle jeune femme assise de trois-quarts sur la croupe du centaure dans une draperie rouge qui enveloppe la cuisse et la jambe gauche, passe sous la jambe droite et revient retomber en avant, en beaux plis réguliers. De la main droite, elle tient une couronne au-dessus de la tête du centaure ; de la gauche levée, elle soutient au-dessus d'elle un voile rose, que le centaure a saisi de l'autre côté ; les extrémités flottent librement.

 

La tête de la déesse — refaite dès l'Antiquité — est entourée d'un nimbe, attribut de la divinité ; la chevelure — refaite — est coiffée en bandeaux assez serrés ; le visage est traité de façon moins fine que le reste du tableau. Le corps de la déesse, au beau modelé, est gracieux et élancé : notons en particulier l'allongement du buste, dû au mouvement de trois-quarts, la finesse des jambes, et l'accentuation, trop prononcée, de la courbure de la cheville et du pied gauche représenté de face (la jambe est de profil).


Le centaure a un corps robuste, à la musculature bien marquée, et un visage extrêmement expressif ; la chevelure et la barbe, abondantes, sont traitées en cubes très fins, noirs et gris- vert ; il porte sur la tête les pinces de homard qu'on retrouve sur les divinités marines : la partie supérieure de la tête — comme celle de Vénus — a aussi été refaite dans l'Antiquité. Les pattes levées, il semble emporter la jeune femme assise sur sa croupe aux larges volutes vertes : la queue trifide revient en avant du tableau. En arrière, un second centaure plus jeune, dont on ne voit que la tête et le buste, semble également soutenir Vénus, vers qui il tourne ses regards ; sa chevelure bouclée est elle aussi surmontée des pinces de homard ; le visage est particulièrement fin et expressif, le regard fixé sur la déesse manifeste de l'effroi (c'est le seul personnage dont la tête n'ait pas été réparée dès l'Antiquité) ; à droite, en arrière, on aperçoit l'extrémité de sa queue dressée, traitée en vert clair.

 

Pour compléter cette scène, un dauphin nage au premier plan entre les sabots du centaure ; la mer est indiquée par quelques traits horizontaux verts sur le fond blanc : aucune ligne ne marque la séparation des éléments, mer et ciel.

Nous sommes là devant un véritable tableau, remarquablement composé et traité, où la technique de la mosaïque se présente non pas en elle-même, mais comme une imitation de la peinture.


Timgad (Thamugadi) : Mosaïque - Tête d'Océan (Musée) (Algérie)
[AM_002-1968-33] Timgad (Thamugadi) : Mosaïque - Tête d'Océan (Musée)

Établissement thermal, à l'Ouest du marché de Sertius, complété par des boutiques s'ouvrant à l'Ouest sur une rue perpendiculaire au decumanus (M - 17/18)

 

Le sol de la piscine est constitué par une mosaïque noire (1,30x1,25) ; au centre, panneau carré blanc portant une belle tête d'Océan. Il est représenté de face, mais le nez est de trois quarts ; les cheveux abondants, noirs et verts, mêlés d'algues, sont séparés par une raie médiane ; il porte des pinces de homard.

 

D'importantes moustaches, de ton vert mêlé de blanc, retombent de chaque côté et se mêlent à la barbe ; la bouche entrouverte laisse voir les dents blanches.


Ce visage est assez majestueux, et équilibré ; les ombres sont soulignées le long du nez, et autour des yeux, pour donner du relief au tableau.

On remarque l'expression du regard qui semble toujours suivre le visiteur du musée.


Timgad (Thamugadi) : Grands rinceaux d'acanthes encadrant un triomphe de Vénus (Musée) (Algérie)
[AM_002-1968-34] Timgad (Thamugadi) : Grands rinceaux d'acanthes encadrant un triomphe de Vénus (Musée)

Maison sur le boulevard extérieur Est, au Sud du decumanus maximus (Ilot 81)

 

La bordure géométrique de cercles s'entrecoupant en formant des quatre-feuilles, qui encadrait le tableau sur trois côtés Ouest, Sud et Est, n'a pas été conservée.

 

Tableau central (1,35x1,15) : Triomphe de Vénus.
Filets blanc, gris, gris-vert, noir. Vénus nue est assise, les bras levés soutenant sa chevelure, dans une nébride gris-vert que soutiennent derrière elle deux centaures marins ; elle a le visage et le haut du corps absolument de face, les hanches de trois-quarts vers la droite, la jambe droite passée sur la jambe gauche en avant de la croupe du centaure sur laquelle elle est assise. Elle ne porte qu'un collier sans pendentif, n'a pas de bracelets. Les deux centaures — l'un barbu, âgé, à sa droite, l'autre jeune, imberbe à sa gauche, — soutiennent au-dessus de sa tête un voile vert, dont les pans flottent en arrière du tableau. Tous deux sont représentés presque de face, les pattes levées ; des pinces de homard se mêlent à leur chevelure. Les replis de la queue bifide du centaure âgé — dont on voit également les sabots — reviennent en avant du tableau, tandis que la queue de l'autre est représentée derrière lui, à l'arrière-plan. Le corps des centaures dont la musculature est très soulignée, est représenté dans les tons rouges, en opposition aux tons clairs, plus lumineux — rosé, jaune, ocre, blanc — du corps de la déesse ; les volutes de leur croupe sont figurées en dégradé noir vert gris et blanc. La mer ici est représentée : une ligne aux deux tiers de la hauteur du tableau sépare nettement ciel et mer. Elle est traitée en traits horizontaux serrés vert-gris, donnant une impression de masse. Un dauphin nage au premier plan.

 

Cadre floral à fond noir.

De grands bouquets d'acanthes ouvertes placées aux angles, comme d'une guirlande de fruits enrubannée, supportant un vase également rempli de fruits, placée dans l'axe du pavement, partent de grands rinceaux de calices enfilés, qui envahissent toute la surface du cadre. Sans aucun souci de symétrie, les volutes se déroulent avec une étonnante liberté, une extraordinaire fantaisie. Ils portent des fleurs aux formes capricieuses, — corolles en éclosion ou rosaces tournantes — , qui donnent à l'ensemble une impression de richesse incomparable. Le tout est traité en opposant les verts et les rouges, des feuillages, des tiges ou des fleurs, — sur le fond noir, qui accentue le relief. Le jeu de la lumière est marqué par des lignes plus claires sur les tiges des calices, les découpures des feuilles, la dentelle des pétales de fleurs. Aucun élément n'est traité dans les tons uniformes : dans le fond noir sont mélangés des bruns et des gris ; dans les fleurs, on peut distinguer toute la gamme des teintes qui vont du brun au rose pâle, en passant par toutes sortes d'intermédiaires, dont les mauves notamment.

Des oiseaux enfin se mêlent à tout cet ensemble, qui rend une « vibration » absolument unique.


Timgad (Thamugadi) : Cour du musée (Algérie)
[AM_002-1968-30] Timgad (Thamugadi) : Cour du musée

Un commentaire ?

Un formulaire est à votre disposition :-)



Sources

Textes :

"Algérie", Les Guides bleus, Hachette, 1977

Albert Ballu, "Les ruines de Timgad, Sept années de découvertes (1903-1910)", Neurdein Frères, 1911

Anne-Marie Leydier-Bareil, Les arcs de triomphe dédiés à Caracalla en Afrique romaine, Thèse, 2006

Henriette Doisy, Inscriptions latines de Timgad, Mélanges de l'École française de Rome, 1953, 65, pp. 99-137

Suzanne Germain-Warot, Les mosaïques de Timgad. Étude descriptive et analytique. Editions CNRS,  1969
 

Plans :

Timgad, wikipedia.org

Les Grands Thermes du Sud, Timgad, jahiliyyah.wordpress.com

Frank Sear, Roman theatres - An Architectural Study, Oxford University Press, 2006

Jean Lassus, " La forteresse byzantine de Thamugadi, fouilles à Timgad 1938-1958 ", Editions du CNRS, 1981

 

Photos : 1978 - 1981

Photos : 1968 (André Mignot)