Surnommée la " Perle d'Egypte ", Philae est le domaine d'Isis. C'est l'un des sanctuaires les plus importants de l'Egypte et de la Nubie.
Longue de 400 mètres sur 135 mètres de large, l'île comprend le temple d'Isis, le petit temple d'Hathor, le kiosque de Trajan et quelques petits temples également.
Le Temple de Philae fut construit sous les ordres de plusieurs pharaons : Nectanebo Ier, Ptolémée II Philadelphe, Ptolémée III Evergete, Ptolémée VI Philometor et Ptolémée XII
Neos Dionysos (380 - 51 avant J-C).
Histoire et culte
La construction du Temple de Philae débuta sous le règne d’un des derniers pharaons de l’époque pharaonique, Nectanebo Ier (XXX° dynastie). C’est plus tard sous la domination
grecque que la majorité des édifices seront ajoutés, avec notamment le grand temple d’Isis. Il sera terminé par les Romains avec l’ajout entre autres du kiosque de
Trajan.
Le grand temple d'Isis est l’un des temples d’époque ptolémaïque le mieux conservé d’Egypte (avec le temple d’Edfou et le complexe d’Abydos) et fut l’un des sanctuaires les plus
importants d’Egypte et de Nubie jusqu’en 551, date à laquelle l’empereur Justinien ordonna sa fermeture. Isis était très populaire à l’époque romaine et son culte s'est maintenu dans l'île
jusqu'au début du VI° siècle de notre ère, ceci même après la fermeture des temples égyptiens (à cette époque la quasi-totalité de l’Egypte avait été christianisée) imposée par le décret de
Théodose en 391.
Suite à sa fermeture, le temple fut alors transformé par les coptes en églises qui seront actives jusqu’au XIII° siècle. Des croix coptes fleurissent sur les murs et les piliers du temple. On retrouve encore aujourd’hui des bas-reliefs qui présentent par exemple le dieu Amon partiellement martelé, la tête étant remplacée par une croix copte mais le reste du corps étant intact, y compris ses attributs divins.
Sauvetage par l’UNESCO
Depuis 1974, le Temple de Philae ne se trouve plus sur l’île de Philae mais sur l’île d’Agilkia, 300 mètres en aval. En effet après la construction en 1894 du premier barrage
d’Assouan par les Britanniques, le temple se retrouva sous les eaux une grande partie de l’année.
Pendant 70 ans, la visite du Temple de Philae se faisait en barque mais en 1960, après plusieurs années de tractations politiques et d'arrangements financiers, les travaux de
construction du haut barrage d'Assouan débutent sous l'impulsion du président Gamal Abdel Nasser. Ce projet constitua une nouvelle menace pour Philae car l'île se trouvait entre
les deux barrages et la montée des eaux allait l’engloutir irrémédiablement.
Le sauvetage du Temple de Philae fut rendu possible par l'impressionnant projet de sauvetage des temples nubiens lancé par Christiane Desroches-Noblecourt et André Malraux.
Ce projet pharaonique va permettre de sauver des eaux plus de quatorze temples nubiens dont les très célèbres temples d’Abou Simbel.
La solution retenue pour le Temple de Philae est celle utilisée pour les temples d’Abou Simbel quelques années plus tôt, c’est à dire le démontage des ruines pour les
reconstruire sur un site à l’abri de la montée des eaux. Avant de pouvoir démonter et découper le temple en morceaux, un batardeau (barrage constitué d’une double paroi d’acier de 15 mètres de
haut et entre laquelle sera placé 12 mètres rempli de sable afin de contrecarrer la pression exercée par l'eau du lac) est construit tout autour de Philae afin d’assécher les
monuments et les nettoyer de la boue accumulées pendant ces années d’immersion. Cette étape de préparation va prendre presque deux ans d'août 1972 à mai 1974. Afin de respecter l’agencement
d’origine, plus de 600 enregistrements photogrammétries seront réalisés par l’IGN français durant l’année 1974 afin de dresser une cartographie précise de l’île et de l’emplacement de ses
monuments.
Les monuments sont alors découpés en près de 49 000 blocs de grès soigneusement numérotés et transférés 300 mètres plus au Nord sur l'île d'Agilkia, remodelée à cet effet pour dessiné la forme
d’un oiseau (la forme originelle de l’île de Philae). Le remontage des temples s’achèvera deux ans plus tard et aura coûté près de 15 millions de dollars américains de l’époque,
financés pour un tiers par l’Egypte et le reste par les dons de 23 nations à l’UNESCO et les revenus tirés d’expositions sur l'Égypte antique à travers le monde.
En 1973, alors même que le site était inondé, la balade a donc été effectuée sur le Nil à bord de petites embarcations locales. Seules les parties supérieures du kiosque de Trajan ainsi que celle du grand temple d'Isis étaient visibles, le reste étant immergé sous 7 à 8 mètres d'eau. Sur quelques photos, il est possible de voir le batardeau en cours de construction avec ses tours de forage.
La légende des photos s'appuie sur le plan des principaux monuments de l'île de Philae (cf supra).
Le kiosque de Trajan
Le kiosque de Trajan, sorte de reposoir et d'embarcadère, semble avoir été destiné à faciliter l'accomplissement de certains rites lorsque la procession de la déesse atteignait la rive, soit en quittant, soit en regagnant son île. Cet édifice est formé d'un portique de quatorze colonnes à chapiteaux campaniformes dont les fûts sont reliés, sauf aux portes Est et Ouest, par des murs d’entre-colonnement avec assises à peine dégrossies : seuls deux de ces murs, à l'intérieur, ont reçu leur décoration consistant en tableaux d'offrandes dont les divinités sont d'une part, Osiris et Isis, et d'autre part, Isis et Horus, tandis que le roi officiant est l'empereur Trajan.
Ce kiosque avait un toit cintré, en bois.
Le grand temple d'Isis
Sont seulement visibles les parties supérieures des deux pylônes du grand temple d'Isis.
Le premier pylône est large de 45,50 mètres et haut de 18 mètres (le tiers inférieur est immergé). Les deux massifs entre lesquels s'encastre un portail orné de tableaux de cartouches de Nectanebo Ier sont décorés sur la face principale de la grande scène traditionnelle du massacre des captifs : le roi accomplissant le sacrifice est ici Ptolémée XII Neos Dionysos, et les divinités auxquelles il s'adresse sont Isis, Horus d'Edfou et Hathor (on ne peut en voir que les têtes). Les tableaux supérieurs sont au nom du même pharaon ; le soubassement est orné d'une procession de nomes (partie immergée).
Le second pylône - 32 mètres de large sur 22 mètres de haut (le tiers inférieur est immergé) -, qui n'est pas parallèle au premier, est orné en façade, de la double scène du massacre dont le héros est encore Ptolémée XII Neos Dionysos.
Détails du Pylône 1
Détails du Pylône 2
Sources
Textes :
"Egypte", Les Guides bleus, Hachette, 1979
Portail de l'Egypte antique et actuelle, Article mis en ligne le 31 mai 2009
Plan :
Marie-Georges Brun, Philae : sanctuaire d’Isis, Canopé, Académie de Strasbourg
Photos (Jacques et Simon VONBANK) : 1973