A quelques kilomètres au Sud de Teboursouk, sur un mamelon qui domine la voie romaine, on rencontre la redoute byzantine d'Aïn Hedja, construite sur l'emplacement de l'antique Agbia (Municipium Agbiensium). C'est un fortin de dimensions assez restreintes : il mesure à l'intérieur 36,10 mètres du Nord au Sud, et 30,60 mètres de l'Est à l'Ouest.

Il présente le type habituel des ouvrages militaires de moyenne étendue : c'est un rectangle flanqué aux coins par quatre tours carrées. Quoique les Arabes aient transformé la forteresse en un caravansérail, et que l'intérieur soit tout rempli de parasites adossés aux murailles, le monument cependant offre un assez vif intérêt.

La plus grande partie des remparts est demeurée intacte : seul le front Sud, fort réparé, a perdu son aspect primitif, et la tour Nord-Ouest, qui était peut-être un reste d'un édifice plus ancien, est complètement éboulée aujourd'hui.

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La redoute d'Aïn Hedja occupait une importante position stratégique, le long de I'Oued Khalled, dans un défilé assez difficile : aussi les Grecs avaient-ils occupé les issues de la gorge. Au Sud, un fortin était établi à Henchir Douameus mat Oued Remel et commandait de ce côté les approches du passage ; au Nord, la citadelle d'Agbia en barrait l'issue et surveillait toute la plaine découverte que parcourt la rivière.

Aïn Hedja (Agbia) : Plan du bastion byzantin
Aïn Hedja (Agbia) : Plan du bastion byzantin

La citadelle byzantine d'Agbia a été transformée en caravansérail, et parmi les chambres qui sont adossées a l'intérieur de ses remparts, il en est plusieurs qui sont voutées et de construction ancienne. Au-dessous, une source abondante sort d'un canal antique et son nom Aïn Hedja, sert à designer les ruines de cet endroit.


Les murailles ont 1,95 mètre d'épaisseur ; elles sont, selon l'usage, bâties au moyen de matériaux antiques, et de nombreux fragments d'inscriptions sont encastrés dans le revêtement. Comme d'ordinaire, elles sont formées d'un double parement de pierres de taille, avec entre-deux des matériaux de blocage.

 

Dans les parties inférieures du mur, la construction est assez soigneusement faite ; les assises sont à peu près régulièrement disposées et quoique les blocs de toutes dimensions s'entassent un peu au hasard, indifféremment placés de champ ou en délit, l'aspect général est encore assez important.

 

Dans le haut de la muraille, au contraire, on a adopté un procédé plus économique et plus rapide.

Comme à Aïn Tounga, comme à Teboursouk, on s'est contenté ici de simples chaînages en grands matériaux, avec remplissage de moellons dans les intervalles ; sur les deux faces du rempart on observe ce système de construction, assez significatif pour déterminer la date approximative de la citadelle.

Par sa construction, la forteresse d'Aïn Hedja est évidemment contemporaine de celles d'Aïn Tounga et de Teboursouk : le système employé pour bâtir les parties supérieures des murailles et des tours en est la preuve certaine. Ce groupe de citadelles date donc de la seconde moitié du VI° siècle, et entre les fortifications de l'époque justinienne et les redoutes hâtivement élevées au VII° siècle, il montre de façon fort intéressante les procédés d'une période de transition. On y voit comment peu à peu la construction byzantine s'est accommodée de partis plus expéditifs et plus sommaires ; on y trouve de précieux éléments de comparaison pour dater certains ouvrages fortifiés ; on y apprend enfin qu'après le grand effort du règne de Justinien, les gouverneurs grecs d'Afrique mirent un point d'honneur à continuer l'œuvre entreprise par leur glorieux prédécesseur, et que, jusqu'aux derniers jours de la domination impériale, ils montrèrent, pour la défense de la province, une sollicitude constante et une infatigable activité.


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Source

Texte/Plan :

Charles Diehl, Rapport sur deux missions archéologiques dans l'Afrique du Nord, Avril-juin 1892 et mars-mai

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Photos : 1983