Primatiale Saint-Trophime - Arles
La communauté chrétienne d’Arles est l’une des premières de la Gaule, avec la présence d’un évêque attestée dès 254. Bien plus, la cathédrale d’Arles obtiendra un temps le rang de primatiale des Gaules, et demeurera siège d’un archevêché jusqu’à la Révolution.
Cette ancienne cathédrale de l'archevêché d'Arles, transformée en temple de l'Être suprême sous la Révolution puis déclassée en simple église paroissiale en 1801, est érigée en basilique mineure en 1882 par le pape Léon XIII.
Initialement située à proximité du rempart antique de l’Hauture, la cathédrale fut déplacée vers le V° siècle à proximité de l’ancien forum romain. Elle fut élevée en plusieurs phases et l’essentiel du monument que nous voyons aujourd’hui date du XII° siècle, époque à laquelle sa façade, initialement sobre, fut rehaussée de sa magnifique statuaire historiée. L’édifice est l’un des plus importants du domaine roman provençal. C'est par ailleurs une église à reliques sur la route de Compostelle. Un chœur gothique remplace les absides romanes au XV° siècle.
Plan de la Primatiale Saint-Trophime - Arles
[A] Nef [B] Collatéral droit (Sud)
[C] Collatéral gauche (Nord) [P] Chaire à prêcher
Chapelles
[D] de Saint Antoine de Padoue
[E] des âmes du purgatoire
[F] de Saint Genès
[G] de la Croix
[H] de Saint Antoine du Désert
[I] des reliques
[J] du Sacré-cœur
[K] de la Vierge
[L] du Saint-sépulcre
[M] de Saint Roch
[N] de Saint Étienne
[O] des Rois mages
Tapisseries du cycle de la Vierge
[1] Conception et Couronnement de la Vierge
[2] Dormition
[3] Déploration ou Stabat Mater
[4] Noces de Cana
[5] Jésus au milieu des docteurs de la Loi
[6] Présentation de Jésus au Temple
[7] Adoration des rois-mages
[8] Naissance de Jésus
[9] Annonciation et Visitation
Tableaux
[10] Lapidation de Saint Étienne (Finson) [11] Annonciation (Finson) [12] Adoration des mages (Finson)
[13] Pieta [14] Martyre de Saint Étienne [15] Concile d'évêques présidé par la Vierge
Sarcophages
[16] Sarcophage à deux registres ayant servi de fonts baptismaux
[17] Sarcophage de la Traversée de la Mer Rouge et bas-relief en pierre de l'Assomption de la Vierge
[18] Sarcophage de Paulus Geminus et groupe sculpté de la Mise au tombeau
Sculptures et tombeaux
[19] Vierge à l'Enfant du génois Leonardo Mirano
[20] Vierge à l'enfant en calcaire peint entourée d'un cadre en bois polychrome
[21] Gisant du cardinal Pierre de Foix
[22] Tombeau de Robert de Montcalm de Saint-Véran
[23] Tombeau de Gaspard du Laurens
[24] Chaire en marbre polychrome du lisbonnais Emmanuel Carvalho
Vitraux
[25] Saint Étienne et Saint Virgile [26] Sainte Vierge et Saint Trophime [27] Saint
Honorat et Saint Genès
Portail
Ce portail sculpté est ajouté à l’église entre 1180 et 1190. Avec la façade de l’abbaye de Saint-Gilles qui lui est très légèrement antérieure, il constitue un des deux plus grands ensembles sculptés de l’art roman en Provence. Pour accentuer son caractère majestueux, le portail est placé en haut d’un escalier ce qui a nécessité le remblaiement de la nef sur une hauteur d’environ 1,50 mètre. Ce portail, de style roman provençal a fait l’objet dans les années 1990 d’une minutieuse restauration grâce à de nouvelles techniques de nettoiement de la pierre.
Le porche comprend divers éléments décoratifs : pilastres cannelés, chapiteaux à feuilles d'acanthe, frises de grecques, frises de feuilles d'acanthe, frises de palmettes, frises de rinceaux,
bas-reliefs ornés de rinceaux.
L’ordonnance du portail est inspirée de l’art antique ; le portail ne peut qu’évoquer un véritable arc de triomphe romain s’ouvrant sur l’abbatiale et rappelant celui de Saint-Rémy-de-Provence. L’influence de l’art antique, notamment celui des sarcophages paléochrétiens, se retrouve dans le style des figures et des motifs végétaux du décor. Les motifs de décoration retenus concernent les thèmes de l’ancien testament, ainsi que des fauves et monstres maléfiques auxquels sont associés les deux titulaires de la cathédrale, saint Trophime et saint Étienne.
Le tympan de Saint-Trophime reprend le thème biblique du tétramorphe évoquant la vision d'Ézéchiel ou l'Apocalypse de saint Jean, symbole ensuite des quatre Évangélistes ; il montre un Christ
triomphant et justicier, assis, tenant sur ses genoux la bible et bénissant avec ses deux doigts de sa main droite levée. Il est entouré par les symboles classiques des quatre évangélistes : un
lion ailé pour saint Marc, un ange (ou un homme ailé) pour saint Mathieu, un aigle pour saint Jean et un taureau ailé pour saint Luc. Les deux évangélistes figurant au bas du tympan Marc et Luc,
qui à la différence de Mathieu et Jean n'ont pas connu le Christ, ne regardent pas le fils de Dieu. Sur l’archivolte sont figurés les anges du jugement dernier et des anges en adoration.
Sous la frise, de grandes figures en pied séparées par des pilastres ornés de rinceaux représentant les saints majeurs de l’Église et tout particulièrement les deux patrons de l’église d’Arles :
saint Étienne et saint Trophime. En partant de la partie centrale on trouve :
à gauche : saint Pierre, saint Jean l’évangéliste, saint Trophime en costume épiscopal, saint Jacques le Majeur et saint Barthélemy
à droite : saint Paul, saint André, la lapidation de saint Étienne qui fait pendant à la statue de saint Trophime, saint Jacques le Mineur et saint Philippe.
Nef [A]
La nef centrale mesure 40 mètres de long, 15 mètres de large et 20 mètres de haut. Elle est divisée en cinq travées. Cette nef se caractérise par des appareils sur lesquels sont gravées de nombreuses marques de tâcherons. Elle est couverte d’une voûte en berceau brisé dont l’insertion sur les murs latéraux est décorée d’une imposte ornée de feuilles d'acanthe. Cette voûte repose sur des doubleaux à ressaut dont les piédroits sont décorés de colonnettes cannelées ou torses, terminés par des chapiteaux corinthiens. Le chantier de la nef s’effectue durant le second quart du XII° siècle, époque où plusieurs églises sont édifiées ou réédifiées. La nef est éclairée par des fenêtres hautes ouvertes au-dessus des grandes arcades qui la font communiquer avec les bas-côtés.
Le transept, partie la plus ancienne, est réalisé en appareils grossiers, à joints épais, sans marque de tâcherons. À la croisée du transept s’élève une coupole surmontée d’un clocher roman, haut de 42 mètres et de section carrée. Cette tour comprend trois étages en retrait les uns sur les autres et un quatrième étage très court. Les deux premiers étages sont ornés de bandes lombardes, le troisième de pilastres à chapiteaux corinthiens.
Chœur
La décision de reconstruire le chœur roman a peut-être été prise sous l'archiépiscopat de Louis Aleman (1423-1450), mais la réalisation effective des travaux ne se fera qu’après sa mort car les pèlerinages dus aux miracles qui se seraient produits sur sa tombe, nécessitèrent la transformation de l’église. L’abside et le chœur romans sont détruits pour faire place à un très vaste chœur gothique avec déambulatoire pour permettre la circulation des pèlerins et chapelles rayonnantes. Le chœur gothique commencé en 1454 par le cardinal archevêque Pierre de Foix est terminé en 1464. Il comprend deux travées droites, une abside à cinq pans et un déambulatoire ouvrant sur huit chapelles dont cinq latérales (trois au Nord et deux au Sud) et trois rayonnantes, ces dernières à cinq pans.
Au XIV° siècle une petite chapelle dédiée à saint André, aujourd’hui chapelle des âmes du purgatoire, est ajoutée au bas-côté Nord contre la quatrième travée. De même au XV° siècle une autre
chapelle dédiée à saint Pierre, aujourd’hui à saint Antoine de Padoue, est construite contre la troisième travée au Nord. En 1620, la chapelle des rois comprenant deux travées couvertes de voûtes
d’ogives avec liernes et tiercerons est ajoutée au Sud, à hauteur de la quatrième et cinquième travée de la nef, par l'archevêque Gaspard du Laurens qui finança également sa décoration.
Les neuf fenêtres du chœur, murées à la Révolution, ont fait l’objet à la fin du XIX° siècle d’un ambitieux programme sous la conduite de Henri Révoil, architecte français (1822-1900), qui envisageait la mise en place de vitraux dans toutes ces fenêtres. Pour en dessiner le programme iconographique, l’architecte s’adresse à Édouard Didron (1836-1902) peintre verrier et restaurateur déjà réputé pour ses œuvres à Marseille et Montpellier. Faute de moyens financiers, seuls trois vitraux seront réalisés en 1877 par Maréchal ; ils représentent au centre la Vierge et saint Trophime, à gauche saint Étienne et saint Virgile et à droite saint Honorat et saint Genés.
Sarcophages paléochrétiens [16] [17] [18]
Trois sarcophages paléochrétiens sont apportés dans l’église au XIX° siècle.
Provenant de Saint-Honorat des Alyscamps où il servit de maître-autel jusqu'à la fin du XVIII°
siècle, le premier date du IV° siècle et a été encastré dans le mur latéral Nord, à hauteur de la deuxième travée, où il servit depuis son transport en la cathédrale de fonts baptismaux. Il est
composé de deux registres superposés décorés de sept arcades à frontons cintrés et triangulaires, ses faces latérales comportant également deux registres.
Le deuxième sarcophage en marbre de Carrare datant également du IV° siècle est placé en 1832 dans la chapelle saint Genès, côté Nord du transept. Il représente la Traversée de la mer Rouge par
les Hébreux. Au-dessus de ce sarcophage servant d’autel, se trouve un bas-relief en marbre représentant l’Assomption (XVI°).
Le troisième sarcophage décore l’autel de la chapelle du Saint-Sépulcre où il a été apporté en 1804. C’est le sarcophage de Paulus Geminus (début V° siècle), administrateur du Trésor des cinq
provinces de Gaule, ayant exercé ses fonctions à Vienne puis à Arles lorsque y fut transférée vers 395 la préfecture du Prétoire. En marbre de Carrare, ce sarcophage a une composition unique à
Arles : il est divisé en trois niches par des pilastres cannelés, dans celle du centre est représenté le Christ barbu avec au-dessus de sa tête une croix, dans celle de droite saint Pierre et
celle de gauche saint Paul ; une autre interprétation est possible : le Christ serait entouré de deux représentations du défunt Geminus soumis à l’Évangile (à gauche) et à la Croix (à droite).
Mise au tombeau [L]
Dans la chapelle du Saint-Sépulcre se trouve, au-dessus du sarcophage de Geminus, un groupe sculpté dans la pierre du XVI° siècle représentant la Mise au tombeau, provenant de l’église des frères prêcheurs (Dominicains). Il est composé de dix personnages : au premier plan, le cadavre du Christ étendu sur un linceul est entouré par Joseph d’Arimathie et Nicomède ; derrière eux la vierge Marie entourée de Marie Salomé et Marie épouse de Cléophas ; à droite sainte Marie Madeleine porte un vase à parfum et à gauche saint Jean tient la couronne d’épines ; deux anges portant les instruments de la passion encadrent le groupe.
Chapelle de la Vierge [K]
La chapelle de la Vierge, restaurée par Léon Véran en 1897, fut également munie de vitraux ; malheureu- sement, nous ne connaissons pas le maître verrier qui les a réalisés.
Mentionnés comme brisés lors des bombardements de 1944, il semble qu'il ne furent que soufflés et depuis remontés. Ils représentent : l'un une Annonciation, et l'autre une présentation au Temple.
Cloître
Le cloître Saint-Trophime de l’ancienne cathédrale d’Arles date du XII° et XIV° siècle. L’emplacement de ce cloître est inhabituel car il n’est accolé ni à la nef ni au transept.
Il communique avec le chœur au moyen d’un escalier de vingt-cinq marches. Ce cloître présente une forme approximativement rectangulaire de 28 mètres de long sur 25 mètres de large. Des dimensions
comparables ne se retrouvent dans la région Provence que dans les cloîtres du Thoronet, de Sénanque ou de Montmajour.
L’édification du cloître débute peu après 1150 avec la construction de la galerie Nord qui sera suivie de peu par celle de la galerie orientale. Il faudra attendre la fin du XIV° siècle pour voir
l’achèvement du cloître avec les constructions de la galerie Ouest puis de la galerie Sud qui sera terminée sous l’épiscopat de Jean de Rochechouart (1390-1398). Il résulte de ces différentes
périodes de construction, deux styles différents pour les galeries : le roman pour les galeries Nord et Est, et le gothique pour les galeries Ouest et Sud.
Nombreuses sont les sculptures qui rappellent celles du cloître de l'abbaye de Montmajour située à seulement quelques kilomètres d'Arles.
Sources
Texte :
Eglise Saint-Trophime, patrimoine.ville-arles.fr
Texte/Plan :
Cathédrale Saint-Trophime d'Arles, fr.wikipedia.org
Plans :
Patrimoine(s) en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Lettre d'information DRAC, n° 51, 11/2019
Restitution Ensemble Saint-Trophime, patrimoine.ville-arles.fr
Photos numériques : 2018