Le site de Glanum (Saint-Rémy-de-Provence) se trouve au débouché d'un passage qui, du Sud au Nord, échancre la chaîne des Alpilles, par la coïncidence de deux ravins où passe aujourd'hui la route de Maussane et des Baux. C'est à cette position privilégiée que Glanum doit sa fortune antique.


Le site est signalé pour la première fois au XVI° siècle mais on ne le connaît, jusqu'aux fouilles du XX° siècle, que par les célèbres monuments des "Antiques".

 

Au pied des Alpilles et sur la commune de Saint-Rémy-de-Provence, Glanum, fouillé depuis 1921, se signale par une longue histoire qui se déroule du VI° siècle avant J. C. au III° siècle de notre ère.

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Glanum :

 

D'abord Gauloise (jusqu'au VI° siècle avant J.-C.) puis Grecque (VI° - I° siècle avant J.-C.) puis Romaine (I° siècle avant J.-C. - III° siècle après J.-C.) ...

 

- Les Salyens, un peuple celto-ligure, installent leur oppidum à l’entrée de l’un des rares vallons qui traversent la chaîne des Alpilles, reliant la plaine de la Durance à la côte méditerranéenne. Non seulement emplacement stratégique au cœur des voies de circulation, cet endroit accueille aussi une source intarissable dont les Gaulois vénèrent le dieu protecteur « Glan ». On les appelle alors les Glaniques.

- Par le biais d’échanges commerciaux avec les colons Grecs installés à Marseille, les Glaniques modernisent leur mode de vie : ils maîtrisent la taille de la pierre locale et étendent ainsi le village au-delà des remparts. Ils organisent leur vie sociale et politique ; leur ville prend alors le nom de Glanon. Elle présente les attributs d’une ville « à la grecque » : système d’égouts, bâtiments politiques, maisons à péristyle comme on en trouve en Grèce à la même époque.

- À partir de la prise de Marseille en 49 avant J.C. par Jules César, la Gaule est soumise à Rome. Dès lors, Glanon, comme les autres villes de l’Empire, est détruite pour être reconstruite à l’image de Rome : c’est la romanisation. Le centre monumental gallo-grec est détruit au profit de l’édification de monuments typiquement romains : forum, curie, basilique, temples, thermes, etc. Mais, même si la romanisation efface les signes de l’exercice du pouvoir de la ville gallo-grecque, elle conserve néanmoins le culte hérité des Gaulois : Glan et la source sacrée. Ainsi, à l’époque romaine, on croit aux vertus guérisseuses de cette source et l’on y vient en pèlerinage.

 

Tout près de Glanum, les villes d’Arelate (Arles), Nemausus (Nîmes) etc., deviennent des colonies romaines, tandis que Glanum obtient le statut d’oppidum latinum, c’est-à-dire que les Glaniques acquièrent le « droit latin » : ils sont élus aux magistratures municipales et certains peuvent accéder à la citoyenneté romaine. Glanum demeure néanmoins une petite ville « secondaire ».

 

Vers 260, les invasions alémaniques mettent un terme brutal à sa prospérité. La cité est abandonnée, pillée et détruite. Les habitants vont s’établir quelques centaines de mètres plus au Nord : ainsi naîtra le village de Saint-Rémy-de-Provence, construit en partie avec des pierres antiques provenant de Glanum. Seuls deux monuments, communément appelés « les Antiques », ont traversé les siècles à découvert : l’arc de triomphe, antique porte d’entrée de la ville romaine, et le mausolée, tombeau monumental glorifiant des membres de l’élite indigène : la famille des Julii.


Glanum : Plan du site - Narbonnaise
Glanum : Plan du site

 

1 Les Antiques, entrée de la ville gallo-romaine

2 La maison des Antes, un habitat privé

3 Les thermes, un complexe pour les soins du corps et de l'esprit

4 Le forum, un espace public au cœur de la ville romaine / Sous le forum, le puits à dromos

5 Les temples géminés, un culte en l'honneur de la famille impériale

6 La fontaine triomphale, un monument au service du peuple et du pouvoir

7 Le bouleutérion, monument politique d'époque gallo-grecque

8 Le rempart, de la fonction défensive à la fonction symbolique

9 le sanctuaire, un espace sacré à l'origine de la cité

 

 

 

A l'exception des Antiques, les ruines que l’on peut admirer aujourd'hui sont restées invisibles jusqu’au début du XX° siècle.  À leur place s’étendait un immense champ d’oliviers.


La rue principale

 

La rue principale traverse la ville du Nord au Sud.

Sur sa partie basse, sur la gauche en la remontant, ouvraient les thermes, puis la Curie, et sur le côté droit, la maison des Antes, le marché hellénistique et la chapelle dédiée à Bona Dea, puis la maison d'Atys.

De larges dalles recouvrent les égouts et des plus petites, la canalisation d'eau propre. Les égouts évacuaient les eaux usées et les eaux de pluie, parfois torrentielles, vers l'extérieur de la ville. La canalisation d'eau propre, plus petite, court parallèlement à l'égout sur toute sa longueur.


Glanum : Plan de la maison des Antes
Glanum : Plan de la maison des Antes

2 La maison des Antes

 

Au Nord, la maison des Antes, nommée ainsi en raison de la présence de deux pilastres surmontés de chapiteaux corinthiens appelés antes, est l'exemple type de l'habitat domestique de cette époque. Une cour rectangulaire occupe le centre de la maison ; elle est formée d'un impluvium dallé chargé de recueillir les eaux de pluie. Des portiques entourent la cour. L'aile Sud n'existe pas : le portique s'appuyant directement contre le mur mitoyen, permettant l'accès au marché. Les pièces sont regroupées en trois ailes d'importance variable (l'aile orientale composée d'au moins trois pièces de fonction inconnue, l'aile septentrionale contenant les pièces d'apparat et l'aile occidentale formée de trois pièces). Seule la pièce Nord a subsisté. Dans l'angle Sud de cette aile et du mur mitoyen se trouve un escalier permettant l'accès à l'étage.


Glanum : Plan du marché hellénistique - Maison d'Atys
Glanum : Plan du marché hellénistique

Le marché - macellum -

 

Le marché dispose d'une grande entrée donnant sur la rue principale, encadrée sur la droite par un espace cultuel sacré -sacelum-, et sur la gauche, par une vaste boutique équipée d'un puits. Quatre autres boutiques occupent le fond de la cour bordée d'un portique dorique. On pouvait également y accéder depuis la maison voisine des Antes, via une porte située dans son mur mitoyen Sud.

 

Vers l’an 100 de notre ère, le marché hellénistique subit des transformations, et une partie de sa moitié Sud est consacrée au culte de la Bonne Déesse ; garnie d’une banquette, elle accueillit le culte de Bona Dea, déesse oraculaire, ici assimilée à Cybèle qu’honorait dans ces lieux le collège religieux des Dendrophores glaniques. Ces prêtres de Cybèle apportaient au printemps, dans son sanctuaire, un pin sacré symbolisant le dieu Atys. Un bel autel est dédié par la prêtresse Loreia « aux oreilles » de la déesse : représentées dans une couronne, elles évoquent celles qui écoutent les prières.


Glanum : Plan de la maison d'Atys
Glanum : Plan de la maison d'Atys

La maison d'Atys

 

La maison d'Atys est située au Sud du marché avec lequel elle communique. Elle a adapté son plan à un parcellaire plus étroit. Par conséquent, sa cour restreinte s'apparente plus à un atrium qu'à un véritable péristyle. La disposition des pièces autour de la cour est à peu près identique à celle de la maison des Antes, mais en l'absence d'aile Nord, les pièces d'apparat ont été reportées au Sud, de l'autre côté de la cour. L'entrée est située dans la partie Sud de la maison et ne semble pas avoir changé jusqu'à l'abandon du site.


Pendant plusieurs siècles, cette demeure a conservé ses murs extérieurs mais a vu son aménagement intérieur modifié à plusieurs reprises. Par exemple, une cuisine avec puits à margelle fut ajoutée à la période romaine. Ces aménagements, ainsi que la qualité des seuils, témoignent de la richesse de cette maison. A l'époque romaine, elle semble avoir servi de résidence aux prêtres du culte d'Atys, le jeune berger de Phrygie émasculé par Cybèle.


Glanum : Plan des 2 états des thermes
Glanum : Plan des 2 états des thermes

3 Les thermes

 

Ces thermes furent construits dans la partie basse de la ville à proximité du forum car leur fréquentation est intimement liée à la vie civique. Ils ont été complétement fouillés. Henri Rolland en a donné la description et y a reconnu deux époques.


L'édifice thermal de Glanum appartient, dans son premier état, à la première phase de l'urbanisation romaine du site, et semble pouvoir être daté du troisième quart du I° siècle avant J.-C.. Le deuxième état découle d'une réfection du I° siècle après J.-C. qui paraît être en rapport avec la mise en place de la curie et du tribunal. Les thermes glaniques appartiennent de toute évidence, par leur conception et leur dimension, à la même série que ceux de Pompéi.

 

L'établissement primitif de superficie modeste (1000 m²) est d'un plan très simple. Datant de la fin de la République, il constitue le plus ancien établissement thermal connu en Gaule. Positionnées pour partie en arrière du Sudatorium, les trois salles habituelles (Frigidarium, Tepidarium, Caldarium) se succèdent d'Est en Ouest perpendiculairement à l'axe du bâtiment. Celui-ci a été remanié après les Flaviens pour en améliorer le confort : la principale modification fut l'agrandissement de la Palestre occupant alors toute la largeur du bâtiment, obligeant ainsi à reconstruire une nouvelle piscine (Natatio) plus au Sud. Cet agrandissement s'est fait au détriment du caldarium et de la première piscine.


Glanum : Puits à dromos
[NU923-2022-3828] Glanum : Puits à dromos

 

 

 

4 Sous le forum, le puits à dromos

 

Des vestiges hellénistiques ont été découverts sous le forum romain. En 2007, la restitution du forum a été entreprise en choisissant de rendre la configuration de la fin du 1er siècle avant J.-C..

 

Sur la place restituée du forum se dresse aujourd'hui la margelle d'un puits qui ne s'y trouvait pas à l'époque romaine, puisque dans les années 20 avant J.-C., le remblaiement du premier forum l'avait enfoui.

 

Le puits (fin du II° siècle avant J.-C.), de 3 mètres de diamètre, tient son nom du couloir - ou dromos - triplement coudé, aménagé en un escalier de 37 marches qui permettait d'accéder à l'eau, à 10 mètres au-dessous du sol hellénistique.

 

Le caractère sacré du puits à dromos, très vraisemblable, est confirmé par son lien étroit avec le petit temple toscan qui le surplombait au Nord, temple dont il ne reste plus que les fondations très arasées.


Glanum : Plan des temples géminés et de leur péribole
Glanum : Plan des temples géminés et de leur péribole

5 Les temples géminés

 

Il y avait ici deux temples géminés (jumeaux) de par leur destination et leur architecture, même si l’un était plus grand que l’autre. Ils ont été construits au tout début de l’Empire (vers -20-10 avant J.-C.), sous le règne d’Auguste, en l’honneur de l’empereur divinisé et de sa famille. C’est la découverte des portraits en marbre d’Octavie et de Livie (respectivement sœur et épouse d’Auguste) qui permet aux archéologues de l’affirmer.

Ces temples respectent l’ordre corinthien, comme bien d’autres dans les villes voisines d’Arles et de Nîmes notamment.

 

Anastylose du pignon occidental du petit temple

 

En 1995, le plus petit des deux temples (11 mètres de haut) a fait l’objet d’une reconstruction partielle : seul le socle est d’époque ; le podium, les colonnes, l’entablement et le fronton avec son acrotère ont été restitués à l’identique des fragments qui ont été découverts lors des fouilles.


Glanum : Restitution des remparts
Glanum : Restitution des remparts [48]

8 Le rempart

 

Le rempart [48] en grand appareil (fin II°-début Ier siècle avant J.-C.) fermait au Nord le vallon Notre-Dame, renforçant un point d'étranglement naturel.

 

La porte charretière [49], dans l'axe de la voie, était complétée par une porte piétonne en chicane et une petite tour carrée ; des merlons à sommet arrondi et des gargouilles couronnaient la courtine. Sous celle-ci passe un égout que recouvrent de grandes dalles tout au long de la voie principale.

 

On franchit la porte : immédiatement en arrière du parement en grand appareil, à droite et à gauche, subsistent les vestiges du puissant rempart en pierres sèches [48], fait de murs successivement accolés sur une largeur de 16 mètres, entre le VI° et le III° avant J.-C. (restaurés).

 

Devant le rempart, il y avait d'un côté un portique dorique [44] et de l'autre, un socle à colonne et des autels [45], de part et d'autre de la voie principale.


Glanum : Temple de Valetudo - Sanctuaire de la source sacrée - Chapelle d'Hercule (Dessin)
Glanum : Temple de Valetudo [51] - Sanctuaire de la source sacrée [52] - Chapelle d'Hercule [53] (Dessin)

8 Le sanctuaire

 

Selon une hypothèse privilégiée, l’eau serait à l’origine de la création de Glanum. La fontaine de la source sacrée en est le symbole.

Un couloir dallé, prolongé par un escalier descendant en 3 volées de 22 marches, conduit à la fontaine souterraine dont le caractère supposé thérapeutique fixa l’habitat et les cultes au dieu Glanis et aux mères Glaniques, puis à Valetudo (déesse de la santé) [51] et à Hercule [53], autour de ses eaux, et fit la fortune du site de Glanum.

D’abord simple bassin taillé dans la roche, elle est aménagée au II° siècle avant J.-C. en édifice couvert, surmonté d’un étage. Ce bassin, de plan trapézoïdal, a de l’eau en toute saison. Il subsiste un arc de pierre de taille (partiellement reconstruit) qui supportait la couverture et maintenait les parois [52].

Une galerie de captage drainait les eaux du bassin-versant pour les conduire dans ce réservoir profond où les rites et dévotions étaient accomplis par les fidèles.


Pêle-mêle 


Glanum : Le lac des Peiroou (Saint-Rémy-de-Provence)
[NU002c-2016-0209] Glanum : Le lac des Peiroou (Saint-Rémy-de-Provence)

Peiroou en provençal signifie "Marmite". Le lac de Peyroou a été appelé ainsi car le barrage récupère l’eau de pluie pour pouvoir alimenter les villes aux alentours.

 

A quelques mètres de l'édifice contemporain, les romains avaient construit un barrage, l'un des premiers barrages-voûtes de l'histoire, ainsi qu'un aqueduc, pour desservir en eau les thermes et la fontaine dite "triomphale" de Glanum. Le barrage actuel, dont la création a été approuvée le 26 août 1883 par le conseil municipal pour alimenter les fontaines, a été terminé en octobre 1891.


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Sources

Textes :

En savoir plus sur le site de Glanum, site-glanum.fr

Le site archéologique de Glanum - Saint-Rémy-de-Provence, Bouches-du-Rhône, culture.gouv.fr

les Antiques et le site archéologique de Glanum à Saint Remy de Provence, randojp.free.fr

Signalétique locale

 

Textes et Plans :

L'architecture à Glanum,antique.mrugala.net

Site archéologique de Glanum, Fiche de visite

 

Textes et Restitution/Dessin :

Glanum, de l'oppidum salyen à la cité latine - Provence, Éditions du Patrimoine (Itinéraires)

 

Plan :

Les temples géminés de Glanum, Pierre Gros, Revue archéologique de Narbonnaise, 1981, 14, pp. 125-158

 

Photos numériques :  2016-2022