La ville antique s’appelait Cuicul, nom berbère qui désigne sans doute l’origine du premier établissement humain en ce lieu. Fondée par l’empereur Nerva, elle fut, à la fin du I° siècle, une colonie militaire sur l’éperon rocheux entre les oueds Guergour et Betame.
Les ressources qui contribuèrent à la prospérité de la ville étaient essentiellement agricoles ; le sol assez fertile, le climat et les sources abondantes favorisaient la culture des céréales et des arbres fruitiers (surtout l’olivier), ainsi que l’élevage des moutons, des chèvres et des bovins.
La cité fut organisée en commune romaine, administrée par une assemblée municipale, élue sous la haute autorité du Légat impérial qui exerçait en Numidie les pouvoirs civils et militaires ; elle atteignit peut-être 10000 habitants.
Fondée sur un étroit plateau, elle était entourée d’une enceinte qui épousait la forme triangulaire du site. Au forum, centre de la vie municipale, se croisaient les deux axes du plan urbain : le cardo (voie Nord-Sud) et le decumanus (voie Est-Ouest). Autour du forum se construisirent, au cours du II° siècle, les principaux temples, des édifices administratifs et utilitaires. De l’époque des Antonins datent aussi deux monuments, édifiés au-delà des remparts : le théâtre et les grands thermes.
Au début du III° siècle, les maisons débordaient de toutes parts, l’enceinte étant devenue trop étroite. Sous le règne de Caracalla, la municipalité fit démolir le rempart Sud et aménager une nouvelle place publique au pied de la colline. Sur le nouveau forum s’élevèrent bientôt des monuments grandioses : l’arc de triomphe, le temple dédié au culte de la dynastie fondée par Septime Sévère. Cette première moitié du III° siècle représente, semble-t-il, pour Cuicul, la période d’apogée. Dans la seconde partie du siècle, elle s’appauvrit, cessa de s’étendre et de s’embellir.
Le IV° siècle amena une renaissance marquée par des travaux d’utilité publique et la construction d’une basilique civile et d’un marché aux étoffes. La communauté chrétienne, libérée des édits de
Constantin, fit bâtir, sur la colline Sud, une église, un baptistère, des habitations destinées à l’évêque et aux prêtres. Le schisme donatiste divisa le clergé et les fidèles, comme dans toute
la Numidie, pendant une cinquantaine d’années ; l’unité fut rétablie au début du V° siècle par l’évêque Cresconius, qui célébra l’événement par la construction d’une vaste basilique à cinq nefs
où il fut inhumé.
Des inscriptions funéraires de la fin du V° siècle prouvent que la ville subsistait à l’époque des Vandales qui sans doute s’y établirent. La ville fut reprise par les Byzantins en 553, date à laquelle un autre évêque Cresconius assista au concile de Constantinople. Le nom arabe de Djemila (la jolie) ne désigna pas une agglomération, mais un territoire semé de gourbis où la vie était relativement facile.
Les environs de Djemila
1 Porte méridionale et enceinte
2 Maison de Castorius
3 Temple anonyme
4 Maison de l'âne
5 Quartier Ouest et basilique
6 Arc
7 Temple de Venus Genetrix
8 Forum
9 Basilique Julia
10 Curie
11 Capitole
12 Marché de Cosinius
13 Maison d'Europe
14 Porte septentrionale
15 Latrines publiques
16 Thermes
17 Thermes de Terentius
18 Maison d'Amphitrite
19 Greniers publics
20 Place des Sévères
21 Temple de la famille Septimienne
22 Basilique civile du IV° siècle
23 Maison de la mosaïque d'Hylas
24 Arc de Caracalla
25 Petit temple
26 Marché aux étoffes
27 Latrines publiques
28 Nymphée
29 Arc de Julius Crescens
30 Théâtre
31 Fontaine
32 Porte de basse époque
33 Grands thermes
34 Fontaine de la Tétrarchie
35 Petite salle à abside
36 Maison de Bacchus
37 Entrée du quartier chrétien
38 Maison de l'évêque et du clergé
39 Chapelle chrétienne
40 Baptistère et thermes annexes
41 Basilique Nord
42 Arc de Cresconius
Arc séparant la grande rue du cardo maximus (6) :
Elevé sur le cardo de la ville primitive, cet arc s'inscrit dans le prolongement du mur qui sépare le forum du temple dit de « Vénus Génitrix ». Il amortit habilement le léger coude qu'amorce la voie en cet endroit et, comme le forum est un espace pratiquement clos, il indique également par sa présence l'entrée de la place. En effet, seuls deux accès mal commodes permettent d'arriver au forum : un escalier qui précède le marché de Cosinius, ou la porte de la basilique. Découvert en 1910, alors que seules six assises restaient en place, l'arc a été remonté en 1919. Les deux façades de cet arc à une baie sont semblables, ornées au centre de chaque piédroit d'une colonne engagée, exhaussée sur un simple dé.
La rue principale possède des trottoirs larges de 3,50 mètres, bordés de colonnades qui s'interrompent seulement devant les monuments publics : basilique du Forum, temple de Venus Genetrix. Les colonnes, d'un dorique très simple, sont remplacées par des colonnes corinthiennes devant quelques grandes maisons (maison d'Europe, maison aux Stucs) que leur propriétaire fortuné a voulu orner d'une façade luxueuse. De loin en loin, un pilier carré a été intercalé dans la colonnade pour augmenter la solidité du portique.
Temple de Venus Genetrix (7) :
En descendant la grande rue, avant d’atteindre un arc voisin du forum, sur la droite, temple aux élégantes colonnes de granit, entouré d’une grande cour bien dallée et dédié à Venus Genetrix.
Forum (8) :
Dans le quartier du vieux forum, les bâtiments s'organisent aux abords de la place de façon très irrégulière. Et tout d'abord au Nord : le temple (11) n'est pas dans l'axe, il est reporté vers l'angle Nord-Est. Son escalier même est placé légèrement de biais. Cette disposition amène à penser que le temple est postérieur à la place et au marché des Cosinii (12), hypothèse qui devient certitude à examiner les relations entre ce marché et le sous-sol du capitole.
La chronologie relative de la construction des Cosinii et du forum est moins nette. La disposition de l'escalier qui descend au Nord de la basilique (9) vers le cardo et le portique du marché, invite à supposer que celui-ci est contemporain du forum ou postérieur à celui-ci. De même il y a de fortes chances pour que la basilique et la place soient sensiblement contemporaines.
Or la plus ancienne base conservée qui ait été placée sur le forum, date de 157. La basilique Julia (9) était décorée des statues de Marc Aurèle et de Lucius Vérus divinisé, placées par C. Julius Crescens Didius Crescentianus, flamine perpétuel des quatre colonies cirtéennes et de Cuicul. Ces deux bases sont restées en place de part et d'autre de la tribune de la basilique du forum dans une zone où d'autres textes relatifs à Didius Crescentianus ont été retrouvés. La basilique était donc achevée à la fin de l'année 169.
Quant au marché (12), il est l'œuvre de L. Cosinius Primus aidé par son frère C. Cosinius Maximus qui surveilla les travaux. Or celui-là, il le rappelle sur une de ses inscriptions, avait suppléé à Djemila Antonin le Pieux (138-161) comme duumvir. C'est donc aux alentours de 150 que la place, la basilique et le marché ont été bâtis, et c'est plus tard que la construction du capitole a été entreprise.
Quant à la curie (10), placée à l'angle Nord-Est, elle n'est pas datée. Il est permis de supposer qu'elle est antérieure à 205, date d'une dédicace à Septime Sévère trouvée devant l'entrée. L'examen des murs montre que les réfections n'ont pas manqué ; cela n'a rien d'étonnant étant donné que la salle est en surplomb par rapport à la rue.
Autre transformation, au Sud de la basilique cette fois. Vraisemblablement, dès l'origine, un arc (6) avait été élevé sur le cardo. Cet arc a été remonté mais il ne fait pas de doute qu'il est antérieur au temple dit de Venus genetrix (7) qui le jouxte. Il est en tout cas certain aussi que l'autre mur latéral du temple, le mur Est du portique oriental, est lui aussi postérieur à un arc ouvert dans l'axe du forum, car il s'appuie sur sa base. Le temple est donc postérieur au forum (8).
Capitole (11) :
Aux abords du forum qui a conservé son beau dallage régulier, tout le côté Ouest du cardo maximus est occupé par une basilique civile dite Julia, datée de 169, vaste salle utilisée comme palais de justice et bourse du commerce. De l’autre côté de la place se trouvait la Curie, salle ornée de marbres polychromes, où se réunissait le conseil municipal. Au Nord du forum se dressait le Capitole, édifice colossal consacré au triple culte de Jupiter, Junon et Minerve. L’autel des sacrifices, orné en méplat d'une scène de sacrifice du taureau, subsiste en avant de l’escalier d’accès au sanctuaire, dont les énormes colonnes (14 mètres de haut) se sont écroulées sur la place (un fragment de la statue colossale de Jupiter y a été retrouvé).
Marché de Cosinius (12) :
Les deux frères Cosinius étaient des contemporains de l’empereur Antonin le Pieux (86-161), l’un étant fixé à Cuicul, l’autre étant obligé, de par ses fonctions de haut magistrat, de se partager entre cette cité et Carthage. Le marché Cosinius porte le nom de son généreux donateur.
A l'occasion de son élévation au flaminat perpétuel, L. Cosinius Primus a offert un marché à Cuicul ; il a chargé son frère, C. Cosinius Maximus , important personnage de Cuicul, d'en surveiller la construction.
Le marché (macellum) se présentait sous la forme d'un espace clos avec une entrée unique, et comportait un certain nombre d'emplacements, avec des étals en pierre pour présenter les marchandises. Venaient compléter cet espace, un portique à colonnes, des statues (dont deux des frères Cosinius), une petite salle de poids publics (ponderarium) et un édicule voûté (le tholus) au centre de la cour. Les parties basses du tholus sont encore parfaitement visibles, les dés sur lesquels se dressaient les colonnes sont à leur place antique ; le soubassement qui les soutient est de forme hexagonale.
Place des Sévères (20) :
Le nouveau forum, dit place des Sévères, est une vaste esplanade en pente, aménagée à la fin du II° et au début du III° siècle ; il est dominé à l'Ouest par l'arc de triomphe, élevé en 216, dédié à l'empereur Caracalla et à ses parents.
L'inscription dédicatoire est restée à sa place, surmontée des trois dés en pierre qui portaient les statues de Caracalla, Septime Sévère et Julia Domna.
De part et d'autre de l'arc, petit temple dont le perron a pu servir de tribune aux harangues, et les restes d'un château d'eau (nymphée). Un peu en arrière, grande salle à abside (marché aux étoffes (364-367) et salle de latrines publiques.
Temple de la famille Septimienne (21) :
Au Sud, le Temple Septimien domine de très haut le niveau de la place des Sévères ; ses murs intacts, ses robustes colonnes corinthiennes se dressent au-dessus d'une terrasse bordée par d'autres colonnes, où l'on monte par un escalier. Les statues de Septime Sévère et de Julia Domna, dont quelques fragments ont été retrouvés, trônaient autrefois dans le sanctuaire. Il fut consacré en 229.
Basilique civile du IV° siècle (22) :
A côté du Temple Septimien, basilique judiciaire élevée par le consulaire Publius Caeionius Caecina Albinus, comme le souligne la dédicace, et qu'a remplacé à la fin du IV° siècle un temple de Frugifer-Saturne.
Arc de Caracalla (24) :
La date de construction est connue par la titulature de Caracalla, et correspond à l'année 216, l’arc ayant été offert par la municipalité de Cuicul.
Cet arc s'élève sur le côté Ouest du Forum des Sévères auquel il sert d'entrée monumentale. C'est un arc à une baie, comportant deux niveaux, dont les deux façades sont semblables, si ce n'est que la dédicace inscrite sur la façade Est ne se répète pas à l'Ouest, fait très exceptionnel. Construit dans un bel opus quadratum, le monument se dresse sur un dos d'âne assez sensible au-dessus de la route dallée, juste avant qu'elle n'oblique vers le Nord. Sa pierre est un calcaire gris au grain serré auquel le temps a donné une belle patine dorée.
Lors des premières découvertes au XIX° siècle, la partie supérieure de l'arc était détruite au-dessus du piédroit Nord, de même que l'attique au-dessus du piédroit Sud. Selon certains, les colonnes étaient à terre ; pour d'autres, elles avaient disparu. Quatre des cinq dalles inscrites de la façade Est étaient en place et Ravoisié trouva la cinquième, retournée sur le sol et très endommagée. Seules deux dalles non inscrites se voyaient à l'Ouest. Un socle de statue subsistait sur le couronnement de l'attique, mais aucun des frontons de couronnement des édicules n'avait encore été découvert.
Description sommaire
Largeur : 10,60 mètres - Epaisseur : 1,25 mètre, 3,30 piédestaux compris
Hauteur : 12,50 mètres - Largeur de la baie : 4,34 mètres - Hauteur de la baie : 7,40 mètres
La restauration de l'arc a été effectuée entre 1921 et 1923, non sans difficultés, sous la direction de Ballu.
Sur chaque face de l'arc, chacun des piédroits est creusé d'une niche de 2,50 mètres de haut et 1 mètre de large, ménagée entre des pilastres de 0,10 mètre d'épaisseur, et dont les sept tambours sont intégrés au piédroit. Les avant-corps sont constitués par des colonnes, distantes d'axe en axe de 1,75 mètre, reposant sur des piédestaux imposants, et répondant aux pilastres engagés qui encadrent les niches. Les fûts des pilastres sont à tambours. Ceux des colonnes sont monolithes, mais posent un problème d'authenticité. Les chapiteaux sont d'ordre corinthien. Ceux des pilastres sont toujours restés en place et ont pu servir de référence lors de la restauration des colonnes en 1922.
L'entablement est constitué d'un bloc d'architrave-frise, les deux éléments étant pris dans la même assise. L'architrave présente deux fasces moulurées. L'attique constitue un véritable second étage pour l'arc, et présente en son centre une vaste zone épigraphique moulurée. Les côtés de cette zone sont occupés par des édicules situés au droit des avant-corps du premier niveau. L'arc est terminé par une assise de couronnement qui supporte les bases des trois statues, disposées directement au droit de la baie.
Théâtre (30) :
En Algérie, on trouve des restes de théâtres antiques à Philippeville, à Djemila, à Guelma, à Khemissa, à Timgad, à Tipasa de Maurétanie.
Le mieux conservé est celui de Djemila, où le Service des monuments historiques a commencé des fouilles qu'il conviendrait de poursuivre.
Selon l'usage, il est établi sur une pente qui a été aménagée pour l'établissement des gradins. L'hémicycle regarde le Nord-Est.
Ce théâtre mesure 62 mètres dans sa plus grande largeur ; il ne parait pas avoir pu contenir plus de 3500 spectateurs. De par ses dimensions, il est semblable à celui de Kourion (Curium) Chypre.
Au-dessus de l'orchestre, une première zone de gradins, en pierres de taille, comprend neuf rangs ; un palier la sépare de la zone supérieure qui en compte quinze ; ces gradins mesurent 0,40 mètre de haut et 0,60 mètre de large.
La plupart des théâtres romains présentent une galerie à leur partie supérieure ; il n'en était pas ainsi à Djemila. Le mur de clôture n'a que 2 mètres de hauteur ; il est décoré d'une base moulurée et d'une corniche. Sept escaliers étroits vont de l'orchestre à ce mur qui est percé de petites baies d'accès.
Deux autres entrées s'ouvraient à droite et à gauche de l'orchestre, sous des passages voûtés. La murette, haute de 1,28 mètre, qui limite par devant l'estrade où jouaient les acteurs, offre une série de niches, les unes arrondies, les autres carrées ; elle est décorée de pilastres corinthiens, à fût cannelé, précédés de colonnettes. Deux petits escaliers sont établis vers les extrémités et mettent en communication l'estrade et l'orchestre.
La scène est large de 34,30 mètres et profonde de 7,15 mètres. Le mur de fond se dresse encore à une hauteur d'environ 6 mètres. Il est bordé d'une sorte de socle, élevé de 2,20 mètres, qui portait des colonnes corinthiennes, placées devant des pilastres. Ce mur présente trois grands renfoncements. Celui du milieu, dont l'ouverture mesure 8,45 mètres, est de forme semi-circulaire : disposition assez fréquente, qui était d'un bel effet décoratif et avait, semble-t-il, des avantages pour l'acoustique. Au fond de cet hémicycle s'ouvre une baie qu'encadrent deux pilastres, précédés jadis de colonnes, et dont le seuil domine de 2,20 mètres le niveau de la scène ; un escalier y conduit. Les deux autres renfoncements sont rectangulaires et plus étroits (5,90 mètres et 5,80 mètres de largeur) ; les baies qui s'y trouvent sont, comme la baie principale, accessibles par des degrés et encadrées par deux pilastres. Les espaces flanquant ces renfoncements forment des salles.
Il y a aussi plusieurs pièces, non fouillées ou mal conservées, à droite et à gauche de l'estrade. En arrière, s'étend un long soubassement parallèle au mur de la scène. Il est couronné d'une corniche. Peut-être portait-il une colonnade, servant de façade au théâtre et bordant une galerie dont la largeur aurait été de 4,10 mètres. Des chambres (sans doute des magasins) étaient ménagées par-dessous.
Dans l'orchestre, au pied de la scène, on voit les restes d'un égout destiné à recueillir les eaux de pluie ; il se poursuit sous le sol d'un des passages voûtés.
Aucune inscription ne permet actuellement de dater ce théâtre d'une manière précise. Nous ne pensons pas qu'il appartienne à une époque postérieure à la dynastie des Antonins.
Grands thermes (33) :
Deux inscriptions permettent de placer avec précision la dédicace des grands thermes, construits par la Respublica Cuiculitanorum, en 183, début 184. À une date inconnue, un grand remaniement amputa le bâtiment de toute sa partie méridionale, c’est-à-dire, selon toute probabilité, d’une de ses palestres. Désormais, les thermes sont longés, au Sud, par une ruelle qui les sépare des constructions nouvellement implantées à cet endroit. Une fontaine a été érigée en 295 à l’angle Sud-Est de l’édifice balnéaire, obturant le débouché de cette ruelle. Il se pourrait que celle-ci n’ait jamais été qu’une impasse et que la réduction des bains doive être placée à la fin du III° siècle.
Construits selon un plan symétrique, ces thermes couvrant environ 3 000 m² peuvent être placés à l’articulation des bains de moyennes et grandes dimensions. Le frigidarium occupe environ 160 m². La parfaite symétrie n’a été altérée qu’à la suite de remaniements qui ont provoqué la destruction de l’aile Sud du monument.
La circulation des baigneurs est caractérisée par les variantes offertes au sein de l’itinéraire principal, ainsi que par la juxtaposition d’un bain secondaire. Ces deux traits nous paraissent destinés à répondre aux besoins des usagers adeptes des exercices physiques. L’édifice est d’ailleurs remarquable par l’ampleur des espaces mis à la disposition des sportifs : palestres, vaste gymnase couvert, natatio.
L’architecte a choisi, selon l’usage, de placer les salles chauffées à l’Ouest. Il a également opté pour deux palestres, disposées de part et d’autre du bâtiment. Ces choix ont impliqué que le secteur balnéaire devait s’inscrire dans un rectangle de forme allongée. L’espace ainsi disponible imposait une disposition en profondeur des salles chauffées, et donc un tepidarium de sortie étiré en longueur, malgré l’extension du caldarium vers l’Est grâce à l’hémicycle qui en constitue le côté oriental.
Le monument était complété au Nord par une vaste cour dallée bordée de colonnades ; privée de portiques, elle présente aujourd'hui l'aspect d'une terrasse d'où se découvre un admirable panorama des ruines et des montagnes environnantes. En contrebas, de grandes citernes alimentées par l'aqueduc municipal renfermaient une réserve d'eau potable. L'angle Sud-Est des thermes est marqué par une fontaine publique (dite de la Tétrarchie).
Fontaines (34 - 31 - 28)
Fontaine de la Tétrarchie (34) :
En dehors de la ville primitive, au Sud-Est des grands thermes, une fontaine ferme une ruelle donnant sur le prolongement de la grande rue. Une inscription la date de l'époque de
la Tétrarchie (295).
Fontaine conique (31) :
En dehors de la ville primitive, en bordure de la grande rue, une fontaine conique est située à mi-distance de la place des Sévères et des grands thermes. Elle occupe le centre
d’un bassin circulaire. L’eau était amenée par une conduite logée dans une saignée verticale que l’on peut distinguer à l’arrière de la fontaine. L’eau y tombait en cascade dans un bassin
circulaire orné de pilastres surmontés de pommes de pin.
Nymphée (28) :
C'est sans doute vers 295 que fut établie ou restaurée sur le Forum des Sévères, en dehors de l'enceinte urbaine primitive, située entre l’arc de Caracalla et l’ancienne porte Sud de la ville,
une fontaine aux larges bassins (nymphée) qui jouait le rôle de château d'eau, d'où partaient vers les quartiers anciens plusieurs canalisations.
Celle qui alimentait le quartier occidental passait à travers le rempart près de l'ancienne porte Sud, se séparait d'une branche qui traversait le cardo maximus pour aller vers les maisons de sa
rive Est, puis descendait vers le Nord, en suivant à peu près l'axe central du trottoir Ouest.
Cette conduite était bâtie en petits moellons, avec un revêtement intérieur de ciment ; sa hauteur ne dépassait pas 0,30 mètre et sa largeur variait de 0,25 mètre à 0,28 mètre. Elle renfermait un
tuyau de plomb (de diamètre 0,15 mètre) dont plusieurs fragments ont été retrouvés ; on y voit les orifices par où s'échappait l'eau que des ramifications portaient dans chaque immeuble. A
l'entrée de la maison aux Stucs subsiste une rigole en pierre où passait le mince tuyau de plomb qui pénétrait dans le vestibule.
Pour la maison aux Petits Bassins, un réservoir oblong de 2 mètres sur 1 mètre, creusé sous le trottoir, s'intercalait sur le conduit qui alimentait tous les bassins de la maison ; on avait évité
par ce moyen de construire un réservoir à l'intérieur de la maison et l'on obtenait un débit d'eau plus régulier. Un aménagement analogue se voit à l'entrée d'une maison du quartier
Sud-Est.
La canalisation qui desservait les immeubles situés à l'Ouest du grand cardo fournissait aussi l'eau d'une fontaine placée au croisement des deux rues principales. Il ne reste de cet édicule
qu'un socle rectangulaire de 3,65 mètres sur 3 mètres, conservé seulement sur 0,60 mètre de haut, et les vestiges de deux bassins, l'un sur le côté Sud (1,25 mètre x 0,80 mètre), l'autre plus
grand (3,60 mètres x 1,10 mètre) sur la façade, c'est-à-dire à l'Est.
Ces bassins étaient limités, comme ceux de toutes les fontaines de la ville, par des dalles placées de champ, encastrées dans de petits piliers. L'eau, avant d'atteindre la fontaine, traversait
deux petites auges en pierre.
Quartier chrétien (37) :
Le quartier chrétien s'ouvre par une porte monumentale qui s'élève à l'extrémité de la rue qui passe devant les grands thermes. La porte est prolongée par une ruelle bordée de colonnes, qui monte de la rue principale vers le sommet de la colline, occupé par le baptistère et deux églises.
Baptistère (40) :
Le baptistère est le monument le plus remarquable de l'époque chrétienne. De plan circulaire, il est couvert d'une coupole (restaurée) ; au centre, la cuve baptismale est surmontée d'un dais en pierre porté par quatre colonnes ; autour de la rotonde centrale, une galerie bordée de niches servait de salle d'attente et de vestiaire. A l'Est, face à la porte d'entrée, une grande niche devait abriter le siège de l'évêque. Les mosaïques sont restées sur place. A l'extérieur, des piscines servaient au bain des néophytes avant la cérémonie religieuse.
La plus ancienne des églises, qui est à trois nefs, fut construite sans doute au IV° siècle, en même temps que le baptistère. La cathédrale, élevée au début du V° siècle par l'évêque Cresconius, est de proportions plus vastes et comprend cinq nefs. Ces deux églises possédaient des cryptes qui devaient renfermer des tombeaux de martyrs. En face de la cathédrale, un vestibule mène à la maison de l'évêque et à une chapelle. Les pentes Ouest et Nord de la colline sont occupées par des maisons de construction médiocre.
Pêle-Mêle
Sources
Textes :
"Algérie", Les Guides bleus, Hachette, 1977
Anne-Marie Leydier-Bareil, Les arcs de triomphe dédiés à Caracalla en Afrique romaine, Thèse, 2006
Jean Lassus, La salle à sept absides de Djemila-Cuicul, in: Antiquités africaines, 5, 1971
Paul-Albert Février, Notes sur le développement urbain en Afrique du Nord, École Française de Rome, 1996
René Cagnat, Le marché des Cosinius à Djemila, in: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres, 59ᵉ année, N. 5, 1915
Stéphane Gsell, Les monuments antiques de l’Algérie, Tome I, Albert Fontemoing - Editeur, 1901
Yvonne Allais, Le quartier occidental de Djemila (Cuicul), in: Antiquités africaines, 5, 1971
Plan/Texte :
Yvon Thébert, Thermes romains d'Afrique du Nord et leur contexte méditerranéen, Publications de l'École
française de Rome, 2003
Plans:
Capitolia, in Journal of Roman Studies 103, November 2013
Djemila (Cuicul), Plan du site, jahiliyyah.wordpress.com
Frank Sear, Roman theatres - An Architectural Study, Oxford University Press, 2006
Photos : 1978 - 1984
Photos : 1971 (André Mignot)