TT100, la tombe de Rekhmirê à Thèbes

"sage, comme Rê"

Rekhmirê - Vallée des nobles - Egypte
Rekhmirê

Issu d'une puissante famille ayant déjà donné avant lui au moins deux vizirs à l'Égypte, Rekhmirê occupe à son tour la fonction vizirale sous Thoutmosis III et y restera jusqu'à la première partie du règne d'Amenhotep II.

Sa tombe (ou plutôt sa chapelle), TT100, est creusée à la base de la colline de Cheikh Abd el-Gournah. Elle est d'une qualité picturale exceptionnelle et historiquement importante, notamment par les textes qu'elle contient, qui explicitent les différentes fonctions et responsabilités du vizir, ainsi que ses devoirs. Elle comporte aussi de magnifiques scènes de versement de tributs des peuples étrangers, et la version la plus exhaustive du rituel d'ouverture de la bouche de toutes les tombes thébaines.

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TT100 : Plan de la tombe de Rekhmirê - Vallée des nobles - Egypte
TT100 : Plan de la tombe de Rekhmirê

Assez bien conservée dans ses parties les plus intéressantes, la chapelle est reconnaissable au premier coup d’œil à sa salle longue qui fait directement face à l'entrée : elle est en effet unique puisque son plafond monte progressivement jusqu'à 8 mètres de haut à son extrémité.

 

Le monument a subi une série de dégradations au cours de sa longue existence. Au cours du règne d'Amenhotep II, les représentations de Rekhmirê, de son épouse Meryt et de leurs enfants ont été effacées avec plus ou moins d'acharnement : dans les zones les plus accessibles, comme la salle transversale, le grattage complet des silhouettes s'est doublé d'un badigeonnage à la peinture rouge ; ailleurs, elle s'est limitée au grattage du visage. On ne connaît pas les raisons de cet acharnement post-mortem mais on a supposé que, pour un aussi puissant personnage, il n'aurait pu se faire sans l'assentiment du souverain. Il est possible en effet que le vizir soit tombé en disgrâce sous Amenhotep II, en tout cas vers le milieu du règne, un autre vizir est en charge pour la Haute Égypte, Amenemopet (TT29), cousin du célèbre Sennefer (TT96). Quoi qu'il en soit, Rekhmirê n'a jamais été enterré dans la TT100. Et pour cause ! La sépulture n'était pas destinée, dès le départ, à recevoir une inhumation puisqu'il n'y a pas de caveau. Le vizir a peut-être voulu, comme les pharaons de l'époque, dissocier sa chapelle de culte de son lieu d'inhumation. Celui-ci n'a jamais été retrouvé, soit qu'il n'ait pas encore été découvert, soit qu'il s'agisse d'un petit caveau anépigraphe, soit qu'une sépulture lui ait été refusée, soit encore qu'il soit mort en exil loin de Thèbes.


Vues de quelques scènes ornant les parois de la chapelle (TT100)


Le banquet festif (3) :

 

Deux représentations du couple viziral occupent toute la hauteur de la paroi du côté gauche, tandis que du côté droit se trouvent les participants, répartis sur huit registres, quatre pour le banquet des femmes et quatre pour celui des hommes. Nous sommes près de l'extrémité Est de la paroi et cette fois le contexte est celui de la fête et non d'un repas de funérailles, ce que montrent bien l'iconographie et les textes. Toutefois, la proximité des scènes funéraires indique que ce banquet a un sens rituel, tout comme l'ivresse des participants. Ces assemblées se tenaient le jour de certaines fêtes.

Devant le couple assis, Rekhmirê et son épouse Meryt, de l'autre côté d'une table d'offrandes, deux de leurs filles offrent au couple des sistres ; l'une tient aussi en main une coupe contenant un onguent ou un parfum blanc, solide.
La scène du banquet est chez Rekhmirê une composition remarquable par sa qualité et son équilibre. Hommes et femmes sont séparés (ou du moins représentés comme tels). Tous sont assis sur une natte posée au sol, à l'exception de la mère du vizir, Bet, que son fils a voulu ainsi honorer. Chaque groupe dispose de ses propres musiciens.

 

Le banquet des femmes


Les invitées sont servies par des jeunes filles, parfois accompagnées de femmes plus âgées qui se tiennent en arrière ; elles sont coiffées différemment de leurs aînées, avec des mèches longues sur le côté et le sommet du crâne, et elles portent des robes plus transparentes ; elles offrent des fleurs de lotus, des colliers floraux qu'elles attachent autour du cou des dames, des onguents dont elles les oignent, et elles servent à boire en leur souhaitant ""à ta santé !"".

 

Au début du second registre, sous les chanteuses, la mère de Rekhmirê bénéficie d'un traitement de faveur : c'est la seule personne assise sur une chaise et elle bénéficie de la nourriture posée sur une table devant elle.

 

L'orchestre est constitué d'une harpiste, d'une luthiste, d'une joueuse de tambourin et de deux femmes qui battent la cadence. On remarquera que le luth est vu de face lorsque la musicienne en joue. La harpiste chante : ""De l'huile de myrrhe sur la perruque de Maât. Santé et vie auprès d'elle qui agit par mon intermédiaire"" ; la luthiste : ""Amon, le ciel s'est levé pour toi, la terre s'étale à tes pieds. Ptah a fait la double chambre de ses mains afin que le pays naisse pour toi"" ; la joueuse de tambourin : ""Vent du Nord, viens ! On a vu que j'étais dans ma demeure (?)"".


Le banquet des hommes présente la même organisation que celui des femmes, mais est un peu plus guindé et morne ; le peintre ne s'est permis aucune fantaisie.

 

TT100 Rekhmirê : Les bateaux - Vallée des nobles - Egypte
[065-1981-22] TT100 Rekhmirê : Les bateaux

Les bateaux (1) :

 

Retour de Rekhmirê après sa rencontre avec Amenhotep II : le pharaon Thoutmosis III meurt aux alentours de 1425 avant J.-C. et son fils Amenhotep II lui succède. À ce moment, la tombe n'est pas finie. Le vizir, à l'annonce de la nouvelle, se hâte vers le Nord en descendant le Nil et rencontre à Hout-sekhem (Diospolis Parva, environ 110 km au nord de Louxor) son nouveau souverain qui, lui, remontait vers Thèbes depuis Memphis. C'est le retour heureux du vizir confirmé dans ses fonctions et fêté par sa famille qui est montré ici.

 

Le splendide vaisseau du vizir est représenté à une échelle inhabituelle. Celui du haut remonte à toute vitesse le Nil vers le Sud pour annoncer la bonne nouvelle de son maintien aux affaires à la ville de Thèbes, à sa famille et à ses proches : la voile déployée est gonflée par le vent du Nord et douze rameurs de chaque côté du bastingage s'arc-boutent sur leurs avirons, stimulés par des contremaîtres munis de fouets.
Celui du bas est amarré à quai, voile roulée et vidé de ses occupants.


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Sources

Texte :

Osirisnet, Tombes de l'Égypte antique, osirisnet.net

 

Plan :

Tombeau de Rekhmirê, nefernathy.e-monsite.com

 

Photos : 1981