Basilique Saint-Julien (BRIOUDE (Haute-Loire))

Au début du XI° siècle, le lieu avait grand besoin d’être restauré. Il fût donc décidé de reconstruire entièrement l'édifice. C'est vers 1060 que débutent les travaux de construction du narthex qui sera terminé en une vingtaine d'années. Peu de temps après, c'est au tour de la nef et de la façade occidentale primitive d’être élevée. Vers 1150, les quatre premières travées de la nef sont terminées. En 1119, le pape Calixte II vint se recueillir sur le tombeau de Saint-Julien. Entre 1150 et 1180, des troubles opposant les différentes familles nobles de la région empêchèrent la poursuite des travaux. Une fois ces problèmes résolus, les architectes et les maçons reprennent leurs activités en construisant la dernière travée de la nef, le transept non saillant, le déambulatoire et finalement le chevet avec ces cinq chapelles rayonnantes.

L’édifice est long de 74,15 mètres pour une largeur de 20,10 mètres environ, au niveau de la troisième travée. Le vaisseau principal de Saint-Julien est large de 6,50 mètres environ, et les collatéraux sont larges de 5,30 mètres. Le chevet possède un large déambulatoire de 5,30 mètres. L’ampleur du déambulatoire et des chapelles rayonnantes contraste avec la longueur relativement modeste du chœur de 7,20 mètres.

Malgré ces vastes dimensions, le plan de l’édifice présente de nombreuses irrégularités. Les piliers des trois vaisseaux ne sont pas parfaitement alignés, la croisée présente quelques rattrapages, aussi bien en plan qu’en élévation, etc... La basilique est orientée au 53° Nord du Monde, elle est donc orientée Nord-Est.  

Chapelle Saint-Michel

La chapelle, située dans une tribune de la basilique Saint-Julien, était la chapelle funéraire des chanoines-comtes de Brioude. Elle est placée sous la protection de Saint Michel. Ange le plus important de la milice céleste, il conduit les âmes des morts au Paradis. Peint à la fin du XII° siècle, le décor occupe tout l’espace architectural.

Le Jugement dernier :

Selon la vision du prophète Isaïe, le Christ en Majesté apparaît dans une mandorle aux ondulations nuageuses. Autour se déploie, sur les pénétrations de voûtes, une centaine d’anges. Ils sont différenciés par leurs vêtements et leurs attributs. Certains d’entre eux tiennent un calice, d'autres portent un grand collier d’orfèvrerie appelé "superhuméral", parfois complété d’une écharpe, le "loros". Ces objets étaient portés par les hauts dignitaires byzantins. L’un des anges tient un "labarum" (croisillon recouvert d’un voile).

Chapelle Saint-Pierre

La voûte de l’une des absidioles du déambulatoire est recouverte d'une fresque datée du XII°-début XIII° siècle, exécutée à la chaux ; elle présente des tons réalisés au jaune d’œuf extrêmement friable.

Au registre inférieur, neuf arcades dans lesquelles sont représentés, entre autre, le Christ et des saints, dont Saint Pierre la tête à l’envers, reposant sur une grande croix positionnée à l'envers.

Au registre supérieur se trouve trois personnages détachés sur un fond bleu perlé. Deux anges tiennent un drap dans lequel se trouve un personnage nimbé. Les cheveux mi-longs brun-roux, les sourcils haussés, les lèvres souriantes donnent à ces personnages des mines heureuses. L’âme ou le Saint étend les mains devant lui en orant

Inscriptions

[DOMINE] QUO VADIS VENIO ROMA[M] ITERUM CRUCIFIGI
(Seigneur, où vas-tu ? Je vais à Rome pour être à nouveau crucifié)
suivi de PETRUS (tu es Pierre)

Chapelle Saint-Jean

La voûte de l’une des absidioles du déambulatoire est couverte d’un décor peint daté de la seconde moitié du XIII° siècle, représentant une scène de l’Apocalypse de Saint Jean.
 
Au sommet, le Christ glorieux est entouré des quatre Évangélistes.

Au-dessous, Saint Jean assis à son pupitre rédige son terrible récit sous la dictée d’un ange. Positionnés de profil, les cavaliers se succèdent. Le premier, portant un arc, prend place sur un cheval blanc aux reflets bleus. Il s’agit du cavalier qui partit en vainqueur. Le deuxième est coincé entre deux nuées verticales. La balance permet de l’identifier à la disette. Le troisième lève une épée. Ce belliqueux cavalier dénommé "la guerre" monte un cheval cambré. Le quatrième chevauche une monture blanche et porte également une épée. Il s'agit du cavalier de la mort. Ces quatre cavaliers se dirigent vers le temple de Dieu, dans lequel se trouve l’autel orné d'une lampe et de deux candélabres. Sous l’autel se trouve les "âmes des témoins de Dieu". Placés dans une cuve, ils sont encore nus.

Inscriptions

… VIDIT. SA…IN. ESSET. IN PATHOMS. INSU[LA]…
Il s’agit d’un commentaire libre du passage de l’Apocalypse I, 9.
En ces jours-là, les hommes chercheront la mort, et ils ne la trouveront pas ;
ils désireront mourir, et la mort fuira loin d'eux.

Depuis la place Grégoire de Tours, on peut admirer le chevet qui fut terminé vers 1180 dans le style roman auvergnat. Ce chevet, qui est décoré d'un bandeau de mosaïques noires et blanches, se termine par cinq chapelles rayonnantes, et est surmonté par un beau clocher octogonal à deux étages et à la toiture en tuiles polychromes. La décoration de l'ensemble du chevet et des chapelles marque l'aboutissement de l'art roman en Auvergne. Celui-ci est décoré d'un large bandeau de mosaïques polychromes représentant des rosaces. Les chapelles sont percées par de hautes fenêtres en plein cintre entourées de colonnettes et surmontées par des chapiteaux finement sculptés. De chaque côté du chevet s'opposent les murs du faux transept. Ceux-ci sont percés de meurtrières et s'ornent de machicoulis rappelant que ce lieu avait aussi une vocation défensive.