L'abbaye Sainte-Marie de Valmagne est une abbaye cistercienne située à Villeveyrac, dans le département de l'Hérault.

 

L'abbaye Sainte-Marie de Valmagne est  l'une des mieux conservée de l'art cistercien. Elle fut fondée en 1139 par Raymond Trancavel, Vicomte de Béziers, non loin de la via Domitia, dans un lieu-dit appelé depuis des siècles Vallis Magna ou Villa Magna.

 

La révolution voit les moines fuirent et le nouvel acquéreur transforme l’église en chai de vinification en y installant ces fameux foudres en chênes de Russie pouvant loger jusqu’à 435 hectolitres.

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Fondée au XII° siècle, l'abbaye de Valmagne est un joyau de l'art cistercien. Construite en plein cœur d'un paysage de vignes et d'oliviers, elle conserve encore aujourd'hui la beauté et l'authenticité du lieu d'origine. Malgré les vicissitudes du temps et de l'histoire, Valmagne a pu préserver sa somptueuse église caractérisée par la hardiesse de ses voûtes et la majesté de son ensemble. Son cloître,  entre chemin d'ombre et chemin de lumière, est un quadrilatère parfait où s'ouvrent la salle capitulaire et son réfectoire. Autre trésor : la fontaine cistercienne, totalement unique en France.


34 - Villeveyrac - Valmagne : Porche (Façade occidentale de l'église) - France - Hérault
[NU001-2017-597] 34 - Villeveyrac - Valmagne : Porche (Façade occidentale de l'église) avec son narthex surmonté d'une galerie - En arrière-plan, la rosace obturée de la nef

L'église :

Porche [ 1]

 

Les visiteurs sont accueillis dans la cour dite d'honneur, entourée de grilles et de murs datant du XVIII° siècle. A l'Ouest de celle-ci, le grand bassin qui était le vivier des moines a été réaménagé au XVIII° siècle. Côté opposé, on peut admirer la belle ordonnance du "Logis des hôtes", ancien bâtiment des convers transformé au XVIII° siècle.

 

En franchissant trois marches, on accède au parvis de l'église, flanquée de deux tours qui enserrent le narthex orné d'une balustrade. La rose obturée occupe toute la largeur de la nef intérieure.

 

Le narthex est surmonté d'une balustrade Louis XIII bordant les terrasses qui courent également sur les nefs des bas-côtés et le pourtour de l'abside.

 

Ayant pénétré sous le narthex, le visiteur pourra noter les trois travées séparées par des arcs à doubleaux chanfreinés, et admirer les chapiteaux et culots en contradiction avec la règle cistercienne : secret de la Sagesse ; moine partagé entre le Bien et le Mal, moine soutenant les pêcheurs et Saint Louis à la tête couronnée et fleurdelisée sur les culots qui soutiennent l'archivolte.

 

Le narthex est une sorte de vestibule où l'on recevait les catéchumènes, ceux que l'on instruisait pour les disposer à recevoir le baptême, et qui, du fait qu'ils étaient considérés comme impurs, ne pénétraient pas à l'intérieur du sanctuaire. A l'abbaye, cet endroit était utilisé pour dire la messe aux fidèles des environs qui ne faisaient pas partie de la communauté.


34 - Villeveyrac - Valmagne : Plan de l'abbaye Sainte-Marie - France
34 - Villeveyrac - Valmagne : Plan de l'abbaye

L'église :

Nef [ 2], Bas-côté Sud [ 3],

Chapelles du bas-côté Nord [ 4],

Croisée du transept [ 5], Chœur [ 6],

Chapelles rayonnantes [ 7]

 

Le visiteur pénétrant dans l'église s'étonnera de ce plan basilical en forme de croix latine, dont les dimensions surprennent, 83 mètres de long, 24,50 mètres de haut, 30 mètres dans le transept, et de l'obscurité due à l'oblitération des fenêtres hautes après les guerres de Religion. Cette église fut construite entre 1257 et le début du XIV° siècle, en pleine période gothique classique.

 

Sept travées séparent la nef. Les croisées d'ogives sont ornées de clefs de voûte décorées. Autour du déambulatoire s'ouvrent neuf chapelles rayonnantes. On notera l'élégance des piles en amande, l'espace qui les sépare dans le chœur et qui se rétrécit à mesure que l'on s'approche du chevet ; ainsi l'arc se brisant de plus en plus accentue l'impression de profondeur. La chapelle du chevet est ornée d'une belle Vierge du XVII° siècle mutilée pendant la Révolution.

 

La clef de voûte de l'abside représente le Couronnement de la Vierge, celle de la travée du chœur, saint Benoît et saint Bernard ; elles sont dans un remarquable état de conservation. On notera dans le transept droit (Sud) la porte des Matines. Celle-ci permettait aux profès de descendre directement de leur dortoir dans le carré du transept pour les offices de nuit, qui commençaient à deux heures en été et trois heures en hiver. Dans le transept gauche (Nord), la porte des Morts conduisait vers le cimetière. On y enterrait les moines mais aussi les donateurs qui tenaient particulièrement à y reposer.

 

En 2006, le pavage de l’Église sera refait en pierres. Le sol était en terre battue depuis la Révolution française.

La visite se poursuivra vers le cloître par un passage obscur : le collatéral Sud où sous chaque doubleau a été élevée une paroi pour donner plus de solidité à l'ensemble. Il en est de même pour le collatéral Nord ainsi que pour les piles de la nef centrale, qui sont doublées de maçonnerie, formant ainsi une sorte d'arceau qui pourrait faire penser à une tribune.


Le Cloître :

 

Préau [16]

On pénétrera, par quelques marches dans les galeries du cloître datant du XIV° siècle, vers la lumière que dispense le préau rempli de fleurs. L'église, maintenant se trouve derrière nous. Elle est orientée comme le veut la règle, d'Ouest en Est, son chevet tourné vers le soleil levant, vers la lumière, vers Jérusalem et est située sur le point le plus élevé. Le long de la nef collatérale Sud se trouve la galerie de la lecture et du mandatum, où s'effectuait la cérémonie du lavement des pieds suivant les paroles du Christ : "Je vous donne mandat de vous laver les pieds les uns les autres", en signe d'humilité.

 

On notera la couleur dorée de la pierre, et la partie romane de l'abbaye datant du rattachement à Cîteaux (fin du XII° siècle) : armarium, sacristie, salle capitulaire.

 

La construction du nouveau cloître posera également des difficultés financières, car il est évident que les dimensions du cloître roman ne sont plus en rapport avec la nouvelle église dont la construction a vraisemblablement duré une quarantaine d'années. Après l'achèvement de celle-ci, les moines vont donc entreprendre, au début du XIV° siècle, la construction d'un cloître plus vaste. Cependant, il sera décidé de conserver les parties romanes qui constituent, à l'Est l'armarium, la sacristie, la salle capitulaire, le parloir et le scriptorium, et à l'Ouest la salle des frères convers. Aussi, les retombées d'ogives gothiques de la galerie du chapitre ont-elles été curieusement accrochées sur le vieux mur roman, de telle sorte que la retombée du plein cintre qui surmonte l'entrée de la sacristie est masquée par un chapiteau qui reçoit la retombée de l'ogive gothique.

 

Fontaine-Lavabo [13]

Le lavabo, comme le voulait la règle, se trouve devant le réfectoire, afin que les moines se purifient les mains avant de passer à table et de toucher le pain symbole sacré, en souvenir de la Cène. Valmagne est une des rares abbayes à avoir conservé sa fontaine. Son eau provient de la source Diane, déjà découverte par les romains, et alimente les différents bassins de l'abbaye, puis par des ruisseaux, va se perdre dans l'étang de Thau.

 

Sa clôture octogonale est composée des éléments du premier cloître ; des colonnettes jumelées entre lesquelles on peut admirer un répertoire très varié : trilobes, quatrefeuilles, anneaux. Ces remplages ont été taillés dans un même bloc.

 

Au centre, la fontaine déverse une eau très pure, de la vasque supérieure vers le bassin octogonal, par quatre têtes de griffouls. L'ensemble est coiffé par huit nervures, fermé au centre par une clef pendante.


Salle capitulaire [ 9]

 

C'est la pièce la plus importante de la maison après l'église. Les moines y venaient tous les matins au sortir de l'office, les profès s'asseyaient sur le banc de pierre, l'abbé avait sa chaire adossée à l'orient, tandis que les convers pouvaient y assister de la galerie, mais n'avaient pas voix au chapitre.

 

Tous les matins, on lisait un article de la Règle de saint Benoît "afin que nul ne l'ignore" ; les moines s'accusaient publiquement de manquements à la règle. On lisait le Rouleau des Morts, liste des décès dans les autres abbayes toujours en relation les unes avec les autres.

 

Des voyageurs de l'Ordre allaient d'un monastère à l'autre pour donner des nouvelles, avant que l'abbé ne se rende à Cîteaux pour le Chapitre Général le 12 septembre.

 

C'est dans la salle du chapitre que les moines rendaient la justice. L'abbaye avait l'entière juridiction dans les causes civiles et dans toutes les autres, exceptées les causes criminelles qui requéraient la peine de sang.

 

Sans aucun pilier intérieur, la salle capitulaire est ornée d'une voûte d'arête surbaissée d'une seule portée.

 

Les beaux vases du cardinal de Bonzi, administrateur de Valmagne de 1680 à 1697, ont été placés entre les baies de la galerie Est. Ces ouvertures sont séparées par des groupes d'élégantes colonnettes à chapiteaux décorés de feuillage : feuille d'acanthe, feuille plate ou feuille d'eau. Certaines de ces colonnes sont en marbre, et certainement récupérées dans les fouilles nécessaires à la fondation, sur l'emplacement d'une villa romaine.


Réfectoire [12]

 

C’était en général la première salle construite dans l’abbaye. En effet, elle servait d’église pendant l’édification de celle-ci. La plupart des réfectoires ont d’ailleurs la forme et la taille d’une chapelle.

 

Le réfectoire est composée de deux pièces voûtées. A l’origine, elles étaient dépouillées de toute décoration ; les moines y mangeaient en silence un modeste repas. Sur la clé de voûte de la plus petite des salles est inscrit "Dedit N.DO MAFFRE P(rieur) - D(es) - M(oines) 1165" faisant référence à l'administrateur Dom Maffre qui restaura au XVII° siècle différentes parties de l'abbaye dont la galerie Ouest du cloître. Les deux salles ont été entièrement remaniées à la fin du XIX° siècle. De style néogothique, la plus grande possède une cheminée Renaissance, rapportée du château de Cavillargues dans le Gard ; château vendu par la Famille afin de pouvoir restaurer l’abbaye.

Les vitraux ont été restaurés dans les années 1990. On y retrouve les armoiries des propriétaires actuels : le lion pour les Gaudart d’Allaines, avec pour devise "Spe et Fide" (espoir et fidélité), et celle du Comte de Turenne :  "Ferme et Juste".


Le Clocher

 

Le clocher-mur à trois ouvertures est tourné comme à l'accoutumée vers le préau du cloître. Le croisillon Sud (transept) est flanqué de deux tours fortifiées, l'une ronde, l'autre polygonale ; cette dernière permettaient aux religieux chargés du clocher d'aller rythmer la vie monastique. Les cloches sont nouvelles, les précédentes ayant été emportées à la Révolution.

 

Le clocher-mur, construit dans la plus pure tradition toulousaine, a retrouvé son visage originel à travers l'installation de trois cloches, Louise - Suzanne - Marie, baptisées par Mgr Jean-Pierre Ricard, évêque de Montpellier, le samedi 29 avril 2000.


Autres abbayes cisterciennes décrites sur ce site :

- Sainte-Marie de Fontfroide

- Notre-Dame de la Nativité de Cadouin

 


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Sources

 

Texte :

L'abbaye de Valmagne, un vignoble unique, valmagne.com

Les Témoins du Passé – l’Abbaye Sainte-Marie de Valmagne, jeanmarieborghino.fr

Signalétique locale

 

Texte/Plan :

L'Abbaye de Valmagne, Diane de Gaudart d'Allaines, Editions Ouest-France, 2014

 

Photos numériques :  2017