Le site de Tharros constitue une plongée dans l'histoire de la Sardaigne. Les occupants aux visées dominatrices s'y sont succédé, laissant un héritage archéologique
unique.
Situé à l'extrême Sud de la péninsule de Sinis, Tharros s'étend sur une sorte d'amphithéâtre naturel délimité par la colline de Su Maru Mannu, la tour de San Giovanni et l'isthme qui mène au Capo San Marco au Sud. Le site antique d'une superficie de 3 à 4 ha est l'un des plus beaux de la méditerranée, notamment parce qu'il est bordé d'eau de part et d'autre. Les archéologues prétendent que seulement un tiers du site de Tharros a été découvert !
C'est probablement en raison de son accès facile par la mer et abrité des vents que Tharros a séduit d'abord les Phéniciens, puis le Carthaginois et enfin les Romains.
Histoire du site
S'il existe des vestiges de la civilisation nuragique sur le site, Tharros fut réellement fondée entre le IX° et le VII° siècle avant J.-C. par les Phéniciens. Ce port, à l'activité commerciale florissante, était alors une des villes les plus importantes de la Sardaigne.
Le Phéniciens, peuple de navigateurs et de commerçants venus du Liban actuel, s'y implantèrent de manière durable et n'en furent délogés que par les Romains en 238 avant J.-C., à l'issue de la première guerre punique. Les Phéniciens alliés aux Carthaginois perdirent alors leur précieux comptoir, celui-ci étant rétrocédé aux Romains victorieux. Il ne reste malheureusement de cette époque phénicienne aucun vestige, mais de nombreux historiens s'accordent à dire que le tissu urbain visible aujourd'hui et hérité des Romains est quasi calqué sur l'implantation de l'époque phénico-punique. La domination romaine s'arrête en 430 après J.-C., peu avant la chute de l'Empire.
Le site est alors toujours habité, mais sujet à des attaques de plus en plus fréquentes des Vandales et des Byzantins. La population souffre également d'épidémies de malaria dévastatrices. En 1070, le site est abandonné et la décision fut prise de construire une nouvelle ville, Oristano, située dans les terres.
S'ensuit alors une période de pillages pendant laquelle les blocs de pierre de Tharros sont utilisés pour construire la nouvelle ville.
1 : Puits
2 : Vestiges de l'aqueduc
3 : Entrée du site
4 : Castellum aquae
5 : Habitations
6 : Temple K
7 : Thermes 2
8 : Aire des deux colonnes
9 : Temple à plan de type Sémitique
10 : Temple des semicollones doriques
11 : Thermes 1
12 : Baptistère
13 : Thermes 3
14 : Cardo maximus
15 : Village nuragique et Tophet
16 : Fortifications Su Marru Mannu
17 : Fossé
18 : Fortifications San Giovanni
19 : Tour espagnole
Le site
La visite du site peut commencer par le cardo maximus, du nom de la rue principale (orientée Nord-Sud) des villes romaines, qui mène au castellum aquae, sorte de citerne qui servait à alimenter la ville en eau. A gauche, une rue monte vers la colline Su Muru Mannu. Cette rue surprend par la qualité de sa conservation, notamment de son système de canalisations construit en basalte (pierre noire) et en grès (pierre de couleur claire) comme pratiquement l'essentiel du site. Un égout au milieu de la rue reliait les habitations situées de part et d'autre.
En haut de celle-ci, sur la colline, trône un temple dédié à Déméter, déesse de l'agriculture, fondé par les Phéniciens et restructuré sous l'Empire romain. Un peu plus haut, les vestiges du tophet, lieu de sépulture ou de sacrifice des enfants et des petits animaux, demeurent à proximité des fondations d'un ancien village nuragique.
En reprenant le cardo maximus en direction de la mer, les vestiges d'un quartier résidentiel précèdent ceux d'un complexe thermal situé à gauche. En tout, le site de Tharros rassemble trois thermes. Toujours vers le Sud, les colonnes corinthiennes s'élèvent vers le ciel et tiennent lieu de symbole du site.
Restaurées entre le Ier et le III° siècle après J.-C., l'une d'entre elles a gardé son petit chapiteau italo-corinthien d'origine. Plus loin, les thermes dits "du vieux couvent", qui étaient les plus prestigieux de la ville, datent de la fin du II° siècle après J.-C.
La tour espagnole San Giovanni, située à l'Ouest, est un vestige de l'époque aragonaise. Construite au XVI° siècle, cette tour de guet abrite une terrasse où la vue panoramique est exceptionnelle.
Sources
Texte :
Sardaigne, Guide évasion, Hachette, 2015
Plan :
Plan du site de Tharros, Penisola del Sinis
Photos numériques : 2015