Blanzac est un chef-lieu de canton situé dans le Sud Charente, à 22 km au Sud-Ouest d'Angoulême, à 37 km de Cognac, 15 km de Châteauneuf, 19 km de Villebois, 17 km de Brossac et 12 km de Mouthiers.

 

Au Moyen Âge, principalement aux XII° et XIII° siècles, Blanzac se trouvait sur une variante Nord-Sud de la via Turonensis, itinéraire du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.

 

La collégiale, consacrée en 1226 et placée sous le vocable de saint Arthémy, évêque des Arvernes et martyr au IV° siècle, a une origine assez obscure. Elle aurait été fondée par les moines de Puypéroux qui seraient venus s'y installer ; en 1120, Guillaume de Nersac en a été son premier abbé.

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Le Chapitre de la collégiale, dont le chef avait le titre d'Abbé Électif, a compté jusqu'à 14 chanoines, y compris un chanoine chargé de l'enseignement théologique, et le curé. Il y avait aussi ... deux régents (professeurs) qui y enseignaient l'un le latin, l'autre le français.


16 - Blanzac - Saint-Arthémy - Collégiale : Plan - France
16 - Blanzac - Saint-Arthémy - Collégiale : Plan

De cette église du début du XII° siècle, subsistent la coupole et le clocher ; le chœur et l'abside sont de la fin du XII° siècle ; les croisillons Nord et Sud et la nef sont du XIII° siècle. L'édifice a beaucoup souffert de la guerre de Cent Ans, et encore plus des guerres de religion, notamment en 1572. Des réparations, qui ont duré très longtemps, ont été entamées en 1594. La flèche du clocher a été renversée par un ouragan en 1816, entraînant la chute d'une travée de la nef. Classée monument historique en 1890, de nombreux travaux ont été faits par le service des M.H. à partir de 1891.

 

L'ancien clocher de l'église primitive est porté sur quatre piliers carrés, formant entre eux quatre arcades en plein cintre, sans nulle indication d'ordre ogival, avec demi-colonne d'un fort diamètre et chapiteau à enroulement, ce qui confirme la date du XII° siècle.


Le clocher avec ses quatre piliers se trouve isolé au milieu de la croisée du transept et laisse apercevoir, de chacune de ses arcades, le sanctuaire, la nef et les deux bas-côtés.

 

De par son isolement, le clocher ôte à l'église toute régularité mais il est le témoin du respect des architectes du XIII° siècle pour le vieux clocher du XII° siècle.


La nef (fin XIII° siècle)

 

La nef de la fin XIII° siècle, formée de deux travées, est voûtée d'ogives.

L'ensemble fut peint au XIV° siècle. Les murs et la voûte de la première travée sont ornés d'un faux appareil à deux traits et fleurettes. La voûte de la seconde travée n'est pas ornée car, en 1816, un ouragan fit tomber le sommet du clocher sur celle-ci. Détruite, elle fut reconstruite à l'identique.

Elle est orientée en croix latine. Il y eut plusieurs étapes de construction en conservant le clocher de l'église romane, actuellement indépendant.

 


Le clocher (premier quart du XII° siècle)

16 - Blanzac - Saint-Arthémy - Collégiale : Piliers supportant le clocher et sa coupole sur trompes (XII°) - France
[NU922-2022-2914] 16 - Blanzac - Saint-Arthémy - Collégiale : Piliers supportant le clocher et sa coupole sur trompes (XII°)

 

Soutenue par des arcs à double rouleau portés par de puissants piliers carrés renforcés par des colonnes engagées, cette croisée est coiffée d'une coupole sur trompes, au-dessus d'un étage carré allégé par une baie sur chacune de ses faces dont celle exposée à la nef est double. Chaque baie est accostée de colonnes supportant des chapiteaux sculptés de motifs végétaux, ornés de personnages ou d'animaux hybrides évoquant les puissances du mal.

16 - Blanzac - Saint-Arthémy - Collégiale : Face Ouest du clocher - Arc à double rouleau porté par de puissants piliers carrés renforcés par des colonnes engagées surmonté d'une baie double (XII°) - France - Polychromie du XIV° siècle
[NU922-2022-2913] 16 - Blanzac - Saint-Arthémy - Collégiale : Face Ouest du clocher - Arc à double rouleau porté par de puissants piliers carrés renforcés par des colonnes engagées surmonté d'une baie double (XII°) - Polychromie du XIV° siècle

 

Des sculptures de rinceaux, de feuilles d'acanthe, de palmettes ou d'animaux fantastiques tels que des griffons agrémentent ses chapiteaux.


Le Chœur et l'abside -ou sanctuaire- (dernier quart du XII° siècle)

 

Abside spacieuse sous un vaste cul-de-four, éclairée par des fenêtres d'arcs festonnés. Elle est doublée d'arcades hautes qui encadrent cinq fenêtres plein cintre, bordées de colonnettes et surmontées de polylobes.

 

La voûte du chœur est en berceau légèrement brisé.

 

L'église comporte de beaux chapiteaux sculptés, dont quatre Atlantes situés dans le chœur. Les Atlantes supportent l’Église en référence au Titan Atlas de la mythologie grecque, portant le monde sur ses épaules.

 

En architecture, un atlante ou télamon est une figure sculptée qui supporte une charge ; ici, un élément de l'architecture : architrave, angle de corniche, etc. C'est une variante masculine de la cariatide. Le terme dérive du nom du Titan de la mythologie grecque Atlas. Les atlantes sont formés de figures d'hommes debout ou agenouillés, et sont employés dans certains temples grecs. Dans les temples romains, ces éléments portent plutôt le nom de « télamons ».

 


Les peintures

 

Les peintures murales furent découvertes en 1998 sous les enduits qui recouvraient l'ensemble de la nef et du transept. Elles furent restaurées en 1999 par un artiste roumain.

 

Dans la nef :

 

Sur le mur Sud de la seconde travée de la nef, sous deux arcatures (XIV°), se trouvent :

- Sur la droite, la crucifixion avec Marie et Jean-Baptiste. De chaque côté du sommet de la croix, la lune et le soleil, et dans sa partie inférieure, un médaillon où l'on peut distinguer une palme et un rameau d'olivier. En dessous, deux personnages à genoux, sans doute les donateurs, couronnés par deux anges.

- Sur la gauche, la Vierge à l'enfant, assise sur un tombeau et, en dessous, de chaque côté, les ailes des anges font penser là aussi qu'ils couronnaient des donateurs.

 

Sur le mur Sud de la première travée, on remarque une immense fresque (XVI°) où l'on reconnait un très grand Saint-Christophe portant un enfant sur son épaule gauche (le Christ).

 

La légende de Christophe débute au pays de Canaan, où un homme imposant du nom de "Réprouvé" cherchait à se mettre au service du roi le plus puissant du monde. Après diverses péripéties, il finit par s’installer au bord d’un fleuve tumultueux pour aider les gens à le traverser.
Un jour survint un enfant que le géant prit sur ses épaules avant de s’engager dans les flots. Au fur et à mesure de son avancée, l’enfant devint si lourd que Réprouvé crut sa dernière heure arrivée, mais il parvint finalement sur l’autre rive.
L’enfant lui révéla alors son nom et sa mission : Christophe de Lycie devint celui que la foi conduisit à «porter le Christ», et passa le reste de sa vie à prêcher et convertir avant d’être supplicié et mis à mort par un roi païen. L’étymologie du nom Christophe reflète cette dimension sacrée : le mot dérive en effet des mots grecs Khristos (Christ) et phorein (porter).

 

Dans le transept :

 

- Croisillon Nord :

Sur le mur Nord, on peut admirer deux peintures du XIX° siècle de la période romantique (ciel tourmenté, sujets sur fond clair). Celle de droite représente le Golgotha, celle de gauche une chapelle entourée d'arbres méditerranéens.

 

- Croisillon Sud :

* Sur le mur Sud se trouvent également deux peintures du XIX° siècle. Celle de droite présente l'arrière d'un bateau de croisés approchant la côte palestinienne.  Celle de gauche représente un bâtiment religieux du Moyen-Orient, comme le laisse penser le cèdre du Liban. Les oiseaux des deux peintures évoquent le voyage spirituel.

 

* Sur le mur Est, belle fresque du XV° siècle.

Elle représente, sur la droite, le baptême du Christ dans le Jourdain par Jean-Baptiste. Au centre, une table d'autel portant ciboire et livre sacré vers laquelle rayonne une colombe du Saint Esprit. A gauche, l'archange Gabriel accompagné d'un phylactère (très certainement gravé de la salutation à Marie : Ave Maria, gratia plena) qui fait penser que la partie disparue remplacée au XIX° siècle par la porte de la sacristie représentait la Vierge de l’annonciation.

 


Extérieurs

 

La façade fut élevée au XIII° siècle dans le style gothique primitif, la rose est modeste et la façade peu sculptée. Elle présente un fronton triangulaire à crochets et des faisceaux de colonnes dans les angles. Trois niches au sommet trilobé et surmontées d'un gable à crochets l'ornent.

Le portail est également surmonté d'un gable à crochets et possède plusieurs voussures. La première est polylobée. Sur une autre voussure entourée de deux tores, se trouvent des feuilles d'acanthe enroulées. La voussure extérieure présente des feuilles de chênes pliées.

L'ébrasement du portail porte des colonnettes entre lesquelles des rangées de roses trémières ont pris place. Les chapiteaux se rejoignent en frise. Ils sont sculptés de feuilles d'acanthe. On peut découvrir au centre de la voussure extérieure une petite tête humaine.

 

Sur les côtés Sud de la nef et Ouest du croisillon Sud se trouvait l'emplacement du cloître aujourd'hui disparu. Au-dessus de la petite porte à échancrure trilobée du XIII° siècle, deux corbeaux de la toiture du cloître subsistent. Sur le mur Ouest du croisillon Sud, un bel enfeu abrite encore son cénotaphe sculpté.

 

Le clocher, à quatre étages, aurait eu pour modèle le clocher Sud de la cathédrale d'Angoulême, détruit et qui avait cinq étages. Le premier étage, interne à l'église, présente une arcature aveugle ; il abrite la coupole. Au-dessus, en extérieur, on observe deux fenêtres en plein cintre sur chaque face, puis à l'étage supérieur, une grande ouverture sur chaque face surmontée d'un grand gable pointu, inhabituel en Angoumois, sans doute influencé par le clocher roman de l'abbaye de Brantôme dans le diocèse de Périgueux, qui empiète sur l'étage supérieur (refait au XIX° siècle). Ce clocher présente de très nombreux chapiteaux sur les colonnettes des angles, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur. C'est une sculpture "à feuilles grasses", influencée par la Saintonge.

 


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Sources

 

Textes :

Atlante (architecture), wikiwand.com

Dictionnaire des églises de France (Poitou Saintonge Angoumois) Tome III-C p 24, Ed. Robert Laffont, 1967

Eglise de Saint Arthémy, coteauxdublanzacais.fr

Eglise St Arthémy de Blanzac, Imprimé descriptif disponible sur place

Église Saint-Barthélémy de Blanzac, wikipedia

Journal de l'Institut historique, Tome 7, pp 85-86, Paris, 1837

Saint-Christophe : Saint Patron des voyageurs, medaille-de-bapteme.fr

 

Plan :

Ancienne collégiale Saint Arthémy de Blanzac, François Tardat, Tripadvisor.fr

 

Audivisuel :

"Le Clocher" - L'église St Arthémy - Blanzac-Porcheresse, François Tardat (Narrateur), Production com-

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