l'Athènaion dorique de Syracuse

Transformé en église chrétienne, au plus tard au V° siècle sous l'épiscopat de Zosimos, l'Athènaion dorique de Syracuse subit de nombreux avatars au cours des siècles, mais une grande partie de ses structures, en particulier les colonnes du péristyle, se dressent encore de nos jours à l'intérieur de la cathédrale de Syracuse.

Le plan de l'édifice est assez bien connu depuis longtemps. Toutefois, les mesures des différents éléments du temple, qui proviennent de relevés anciens, comportent bon nombre d'imprécisions, bien compréhensibles vu la difficulté que représente l'étude d'un édifice transformé à plusieurs reprises, et toujours en usage.

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Syracuse - Temple d'Athéna/Duomo (Ortygie) : Plan - Entrée située à l'Est
Syracuse - Temple d'Athéna/Duomo (Ortygie) : Plan - Entrée située à l'Est

 

L'Athènaion dorique de Syracuse est un périptère hexastyle comportant 14 colonnes sur les longs côtés. Il s'élève sur un stylobate mesurant 55,45 x 22,20 mètres, soit un rapport longueur par largeur de 2,49. La krèpis compte trois degrés. Le naos, dont les murs des longs côtés sont inscrits dans l'axe de la deuxième et de la cinquième colonne des fronts, est prolongé par un pronaos et par un opisthodome distyles in antis. L'articulation du naos est toutefois partiellement incertaine en raison des transformations subies par l'édifice. Il n'est ainsi pas possible de déterminer si des cages d'escaliers s'élevaient de part et d'autre de son entrée. Le diamètre des colonnes du péristyle est de 1,97 mètre à leur base ; leur hauteur est de 8,78 mètres, soit un rapport hauteur par diamètre à la base particulièrement faible de 4,45 qui met en évidence le manque d'élancement et la lourdeur des proportions encore caractéristiques des édifices de la période préclassique qui n'est pas délivrée de toute incertitude technique. Les colonnes sont galbées et comptent 20 cannelures. Une double contraction d'angle est appliquée tant en façade que sur les flancs : les entraxes mesurent 4,20 mètres (entraxe central), 4,03 mètres et 3,93 mètres sur les fronts ; 4,16 mètres (entraxes «normaux»), 4,03 mètres et 3,90 mètres sur les flancs. Les chapiteaux, d'une grande unité formelle et d'une plasticité puissante, ont un profil un petit peu raide. L'entablement comprend une frise dorique à triglyphes et à métopes lisses.




À la différence du reste de l'édifice qui est en calcaire local, la corniche et les tuiles de couverture sont en marbre de Paros. Sur les longs côtés, le chéneau était orné de gargouilles en forme de mufle de lion, assez petites et de style vigoureux quoique assez maniéré. Les tympans des frontons n'étaient, semble-t-il, pas décorés, si ce n'est d'un bouclier doré*  fixé au fronton oriental. Une Nikè en course, aujourd'hui acéphale, en marbre de Paros, rattachée stylistiquement à l'école de Chios, était probablement un acrotère latéral du temple. La décoration intérieure de l'édifice nous est connue, dans une phase plus récente, par les écrits de Cicéron (cf. In Verrem, 70 avant J.-C.). L'autel, qui se dressait sur une vaste plate-forme, a été découvert le long du flanc septentrional du temple.

Durant ses fouilles, P. Orsi observa un nivellement complet du sol du sanctuaire, lié à une réforme de l'occupation du témenos dans lequel s'élèverait l'Athènaion dorique. Cette réforme entraîna la démolition des petits édifices secondaires d'époque archaïque. Conformément aux rites grecs, les anciens monuments sacrés furent démantelés précautionneusement et leurs éléments constitutifs furent enterrés côte à côte, horizontalement, avec grand soin, et recouverts d'une couche de terre battue de 0,20 à 0,50 mètre d'épaisseur. Le temple dorique fut édifié sur la vaste surface ainsi libérée. Dans la couche de nivellement, P. Orsi ne trouva aucun objet postérieur à la troisième décennie du V° siècle. Il data le début de la construction du temple de 474 avant J.-C., après les victoires syracusaines d'Himère et de Cumes.

 

* : Le bouclier en cuivre doré qui se trouvait dans la partie supérieure du temple était si grand qu’il constituait un point de repère important pour les navires arrivant dans le port de Syracuse.


Sources

 

Texte / Plan :

Architecture et tyrannie, Thierry Van Compernolle, L'Antiquité Classique, 1989

Cathédrale de Syracuse, theworldofsicily.com

 

Plan :

Sicile , Guides-Voir, Hachette, 2003

 

Photos numériques :  2023


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