Le quartier du Clos-de-Serre se trouve à l'Ouest de la partie agglomérée du village actuel de Caumont-sur-Durance. La terrasse villafranchienne de la rive gauche du Rhône descend ici en pente douce vers la vallée de la Durance. C'est ici que s'est installée une riche villa d'époque impériale. A l’époque romaine la rivière était beaucoup plus proche, et venait sans doute lécher le pied de la basse terrasse. Sur cette dernière, au Sud-Est du Clos-de-Serre, a été découvert en 1999 un jardin d'agrément lié à la villa. De nombreuses trouvailles de surface (céramiques diverses, monnaies…) avaient attiré l'attention des archéologues, parmi lesquels, en dernier, Pierre Broise qui avait émis l'hypothèse de l'existence d'un vicus (Broise 1984).

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La Villa augustéenne du Clos-du-Serre

 

C'est sur l'extrémité méridionale de la terrasse sommitale que des murs d'époque romaine ont été signalés et explorés au milieu du XIX° siècle par P. Renaux, en même temps qu'un matériel très abondant et varié était collecté dans les labours : tessons de poterie (du IV° siècle avant J.-C. au VI° siècle de notre ère), monnaies républicaines et impériales, fragments de plaques ou de colonnes imposantes en marbre, et même une très belle statue acéphale de femme (une déesse ?) en marbre blanc, copie d'un modèle grec, conservée actuellement au Musée Lapidaire d'Avignon. L'ensemble a été interprété à l'époque comme un ensemble de thermes monumentaux.


Des fouilles méthodiques mais partielles et des sondages ont été entrepris sur le site. Quoique gravement endommagées par les travaux agricoles et les prélèvements de pierres, les ruines non visitables n'en demeurent pas moins imposantes. Elles ont révélé l'existence d'une très grande villa d'environ 2500 m2 d'emprise au sol, dont l'occupation – à en juger par le mobilier récolté - s'étend de la conquête romaine en 125 avant J.-C. jusqu'au VI° siècle de notre ère, avec deux périodes d'activité particulièrement intense que l'on peut situer à l’époque augustéenne, et aux III° et IV° siècles de notre ère.


A partir des vestiges encore visibles et des résultats des différentes fouilles, le plan, quoique fragmentaire, révèle une très riche demeure étirée d'Est en Ouest sur une centaine de mètres, orientée au Sud-Est, posée sur une terrasse consolidée par des exèdres. Une salle de bains, des pièces d'habitation aux murs peints et vraisemblablement pavées de mosaïque ont été clairement identifiées, ainsi qu'un ensemble complexe de chauffage par hypocauste comportant au moins deux foyers. Les fragments de marbre, nombreux, rendent compte d'un décor intérieur qui devait être luxueux. A l'extérieur, la décoration comportait des frises de plaques Campana qui indiquent que l'occupant de la villa a importé ses goûts et habitudes directement de Rome. Le site de Caumont-sur-Durance est à l'heure actuelle le seul de toute la Gaule à présenter la mise en œuvre de ce type de décor.

 

L'absence d'indices témoignant d'une activité agricole permet d'affirmer que l'on est en présence d'une demeure rurale à caractère purement résidentiel, assez luxueuse pour héberger un magistrat de haut rang, sans doute romain de souche.



Un jardin d'agrément somptueux d'époque augustéenne

 

Sur la terrasse inférieure la plus proche du niveau de la Durance, en contrebas de la villa, un espace rectangulaire clôturé de 90 mètres de largeur sur 120 mètres de longueur, d’environ 1,3 hectare de superficie, peut être interprété comme un jardin d’agrément.

 

Découverte majeure de ces fouilles, un très grand bassin a été dégagé dans l'axe central du jardin. L'occupant de la villa y accédait par paliers successifs grâce à un escalier monumental qui aboutissait, à l'entrée occidentale du bassin, sur une petite esplanade peut-être dotée d'une colonnade autrefois ?


Le bassin est impressionnant par ses dimensions. Il est large de 3,20 mètres, profond de 1,20 mètre, long de 65 mètres, entouré d'une margelle en  grandes dalles de pierre soigneusement sélectionnée (calcaire fin d’Oppède). Les murs latéraux ont été élevés en deux temps. Une première maçonnerie en blocage grossier au mortier de chaux constitue le mur proprement dit, large de 0,60 mètre. Il résulte du remplissage d’une tranchée creusée au préalable dans le sol, formant le moule du blocage. A ce stade, des saignées verticales d’environ 30 centimètres de large ont été réservées à intervalles irréguliers sur la face intérieure du bassin, pour jouer le rôle de raidisseurs pour le deuxième mur vers l'intérieur. Ce dernier est fait de fines plaquettes de calcaire liées au mortier maçonnées contre le précédent. En phase finale, deux couches d’enduit d’étanchéité ont été appliquées, complétée par un solin. Le fond du bassin a fait l’objet d’un soin décoratif particulier. Il est en effet composé d’un assemblage en opus spicatum de petites briquettes d’argile cuite (plus de 50 000, moulées à la main) de couleurs variées allant du jaune pâle au brun. La descente dans l'eau du bassin pouvait se faire par cinq marches d’escalier retrouvées en place au coin Sud-Ouest du bassin.

 

Le bassin est le vestige le plus remarquable du site. Ses dimensions exceptionnelles surprennent. On n’en retrouve d’équivalent nulle  part ailleurs dans les Gaules.


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 Source

Texte :

Le jardin romain, jardin-romain.fr

 

Photos numériques :  2017