Sur le haut plateau des Causses du Larzac, La Couvertoirade raconte plusieurs histoires : celle des Templiers qui édifièrent le château au XII° siècle ; celle des Hospitaliers qui, au XV° siècle, leur succédèrent et enfermèrent la cité dans une couronne de remparts ; puis celle de l'apogée économique et démographique du village avec ses belles demeures des XVI et XVII° siècles.
Le toponyme "Couvertoirade" vient de la présence de conques naturelles dans les rochers (lieu où il y a de l’eau recouverte). Une conque naturelle importante vient d’ailleurs d’être découverte en partie sous les remparts.
Lorsqu’au XIII° siècle l’ordre du Temple reçoit en donation une partie des terres du Larzac, ils viennent bâtir sur un éperon rocheux un château défensif au lieu-dit du Mas Aymar.
Plus tard, au XV° siècle, à la demande des habitants et pour se protéger des fameux « routiers », les Hospitaliers également nommés chevaliers de l’ordre de Malte, feront construire l’enceinte des remparts en cinq années seulement.
Les remparts
Les premiers remparts remontent au XII° siècle.
La Couvertoirade conserve l'intégralité de ses remparts, édifiés au milieu du XV° siècle. Dès 1346, des "routiers" pillent le Larzac. C'est par crainte de ces bandes armées que les villageois demandent en 1439 l'autorisation de fortifier le village. La construction se poursuit jusqu'en 1445, sous la direction du maître maçon Déodat d'Alaus. Cette muraille, de 420 mètres de long et de 1,30 mètre d'épaisseur, est percée par des archères-canonnières et est surmontée d'un chemin de ronde.
En 1445, la place forte de la Couvertoirade est reconstruite par les Hospitaliers. Le plan des restes actuels présente une enceinte polygonale percée de deux portes, au Nord et au Sud. Ces portes sont surmontées chacune d'une tour carrée. Les angles du rempart sont garnis de tours rondes. Un chemin de ronde surmonte le mur d'enceinte.
Une tour ronde de défense a été transformée en pigeonnier. La tour-porte Sud s'est écroulée en 1912. Deux campagnes de restauration lui ont permis de retrouver une hauteur d'environ 10 mètres.
Le village
Les maisons actuelles datent des XVI° et XVII° siècles, construites avec les pierres récupérées soit des anciennes maisons, soit du château des Templiers abandonné par les chevaliers au profit d’habitations plus confortables.
Les maisons typiques de la Couvertoirade sont sur trois niveaux : au niveau du sol se situent l’écurie et la bergerie qui réchauffent le sol dallé du niveau supérieur. Par des
escaliers extérieurs, on monte au balcon ou balet, parfois couvert, qui donne accès au logement de la famille. Les combles servent de grenier, de réserve à grains et également de débarras ou de
logement pour les bergers. Les toits ont une pente régulière faible et sont couverts de lauzes de calcaire qui reposent sur un lit de pierres et de terre tassées assurant l’isolation.
La maison larzacienne, du fait des relations constantes des hommes et des bêtes, se rattache au grand type de la maison en hauteur, correspondant à un courant d'architecture rurale caractéristique du Midi méditerranéen.
Il s'agit d'une maison à un étage et deux voûtes superposées, avec généralement un escalier extérieur aboutissant à une terrasse d'entrée, l'espace d'habitation se concentrant à cet étage.
- Le rez-de-chaussée sert souvent de bergerie (la voûte a l'avantage de ne pas laisser passer les odeurs...)
- Au premier étage, on trouve une vaste cuisine dallée de gros blocs de "pierre froide" du pays (fréj), dotée d'une immense cheminée où l'on peut prendre place pour se chauffer (avec crémaillère à bras mobile pour supporter les lourdes marmites de fonte ...), flanquée d'une souillarde -pièce attenante à la cuisine où l’on fait la vaisselle et divers travaux salissants- humide et obscure (la pile -évier en pierre- est aménagée dans le mur, une simple tuile jette les eaux grasses dehors...), ainsi que de deux ou trois chambres.
- Au second étage, on trouve un galetas -combles sommairement aménagés- situé immédiatement sous la voûte supérieure ; il est séparé du premier étage par un plancher de bois ; y sont stockés blés et denrées, souvent entreposés dans des coffres de bois fermés par des planches coulissantes (une partie de ce grenier pouvait être éventuellement aménagée en chambres).
L’église Saint-Christol (Saint-Christophe)
Le plus ancien bâtiment de La Couvertoirade est une chapelle, à environ 800 mètres à l’Est du village actuel, qui fut construite sous le vocable de Saint-Christol. La nouvelle église Saint-Christol, intra-muros, fut normalement construite par les Hospitaliers au XIV° siècle.
L'église, dont l'abside à fond plat constitue une défense, comporte trois travées voûtées. Dans la travée centrale s'ouvre l'unique chapelle (orientée au Sud). A l'Ouest, une grosse tour carrée, reconstruite sur des bases anciennes, forme le clocher. A l'autre extrémité, une sacristie a été construite au-delà du rempart. La couverture de l'église est en lauzes. Tout le soubassement de la face Nord est taillé à même le rocher.
Deux clés de voûte sont ornées de la croix hospitalière (il s'agit de fausses clés). L'ornement intérieur est moderne, composé d’œuvres religieuses couleur or, et les vitraux sont très récents (2005).
Le portail d'accès à l'église en arc plein cintre d'époque romane n'est pas la porte d'origine mais un réemploi. Les trois modillons la surmontant sont aussi des réemplois. Le clocher est une tour carrée faisant saillie contre le mur Ouest. Au XVIII°, il possédait trois cloches.
Le cimetière
Un peu partout en France, la tradition voulait que l’on installe les cimetières contre les églises. Cette tradition perdura jusqu’au XIX° siècle où, règles sanitaires obligent, il fut décidé de construire de nouveaux cimetières à l’extérieur des bourgades.
Le cimetière de La Couvertoirade attenant à l’église actuelle ne déroge pas à cette règle. Depuis les années 1980, le cimetière est transformé en exposition à ciel ouvert de
stèles discoïdales. Celles qui vous sont présentées là sont des moulages. Les vraies stèles sont à l’abri au musée lapidaire de Lodève. Ces onze stèles ne marquent pas des tombes
templières comme on pourrait le penser. Elles ont été trouvées sur les communes environnantes et réunies ici par la volonté de l’association des Amis de La Couvertoirade afin de
les offrir au regard des visiteurs.
Une stèle discoïdale est un monument monolithique (une seule pierre) présentant une surface pleine, formé d’un pied surmonté d’un disque. Généralement ce disque est orné sur les deux faces.
L’objet de ces stèles était essentiellement de signaler la présence d’une tombe et d’évoquer le souvenir de la famille inhumée. Parfois, elles peuvent également border des limites territoriales
ou croisées de chemin dans un contexte de réemploi. Elles sont en grande majorité marquée d’une croix. Croix grecque, croix bifurquée, croix empennée et croix pattée sont les plus fréquentes. Les
stèles présentées dans l’ancien cimetière portent toute la croix sur une face et parfois la fleur de lys sur le recto. Symbole du culte solaire pour les uns, christianisation pour les autres,
toutes les hypothèses sont avancées. Le fait est que le type de pierre qui paraît le plus ancien est celui du disque plein portant sur une de ces faces une croix inscrite dans un cercle.
Château des Templiers
A leur arrivée à la Couvertoirade à la fin du XII° siècle, les Templiers se doivent de montrer leur puissance, et entament donc la construction du château fort sur un éperon rocheux pour une meilleure défense, mais également à proximité d'un point d'eau. Ce château présente la particularité d'être construit en pierre de taille, signe de la richesse de l'Ordre du Temple. Montez les escaliers plats, adaptés aux chevaux, pour vous rapprocher de l'entrée actuelle du château. Devant la porte se trouve la basse-cour, à l'origine entourée d'un mur, où la population locale pouvait trouver refuge en cas d'attaque. La demie tour en partie en ruine est une barbacane, premier poste de défense du château. Face à vous, à gauche de la porte, sur le rocher, se tient le donjon, initialement beaucoup plus haut. Cependant, avec l'édification des remparts au XV° siècle, ce château perd son importance défensive et protectrice, et sert petit à petit de carrière de pierres pour la construction d'autres bâtiments, d'où son apparence actuelle.
La cardabelle, emblème du Larzac
Cette fleur, de la famille du chardon, a pour nom officiel la carline à feuille d'acanthe (Carlina acanthifolia). Elle pousse au ras du sol et sur le Larzac, on la cloue sur les portes comme porte-bonheur.
Ses pétales se replient lorsqu'il pleut et s'ouvrent par temps sec, ce qui lui vaut son surnom de baromètre du berger. Les éleveurs du Larzac l'appelaient "le soleil des herbes".
Également appelée "l’artichaut du pauvre", elle était consommée comme tel. Les bergers Caussenards, éleveurs de moutons, la cueillaient pour son cœur comestible et se servaient des
feuilles épineuses pour démêler ou carder la laine de leurs troupeaux.
La Carline à feuilles d’acanthe ne possédant pas de tige, on ne découvre cette plante qu’à ras de terre. Elle fleurit en été, mais pas chaque année, sur sol sec et calcaire.
Les vertus des racines de la cardabelle
- Les racines de carline aident à combattre le manque d’appétit. Elles facilitent la digestion (excellent en cas d'atonie digestive : digestion difficile et lente), participent à l’évacuation de
la bile, favorisent la résorption de l’eczéma, de l’urticaire et de l’acné.
- Elles sont sudorifiques (elles augmentent la sudation), dépuratives (elles purifient l’organisme en éliminant les toxines), cicatrisantes et diurétiques.
A 808 mètres d’altitude, dominant la cité templière et hospitalière de la Couvertoirade, le Moulin du Redounel qui tire son nom de sa colline au sommet arrondi (le Mont Rédoun)
était resté longtemps comme une silhouette dans le paysage du Larzac.
Autrefois la cité de la Couvertoirade possédait deux moulins à vent, un érigé au couchant (XIV° siècle) et un autre au levant (XVII° siècle), celui qui vient d’être restauré.
Celui du couchant était le premier moulin à vent connu du Larzac, sa première mention remontait à 1355.
Jusqu’en 1977, année d’une première consolidation, le Moulin du Redounel se présentait comme une vieille tour à demi effondrée.
Commencée en 2006, la restauration, réalisée sous la houlette de l'association des Amis de la Couvertoirade, commença par le rehaussement de la tour à sa hauteur
initiale à 7,30 mètres, ainsi que la pose de la porte, d’une fenêtre et des poutres intérieures. Le jeudi 30 juillet 2009 eut lieu la mise en place du toit de bois de sept tonnes qui pivotera sur
des roulements à billes avec son cabestan, son frein et son rouet. Viendront ensuite les meules, le système d’engrenage, les ailes et son mécanisme qui lui redonneront vie.
Sources
Textes :
Anciens remparts à La Couvertoirade, monumentum.fr
Eglise et ancien cimetière à La Couvertoirade, monumentum.fr
Église Saint-Christol de La Couvertoirade, fr.wikipedia.org
Histoire et Patrimoine en Save et Garonne - La Couvertoirade, chapellesaintorensdethil.blog
La Cardabelle, aveyron-environnement.com
La Cardabelle, fleur symbole des Causses du Larzac, Région Midi Pyrénées, sports-sante.com
La Couvertoirade, fr.geneawiki.com
La Couvertoirade, les-plus-beaux-villages-de-france.org
La Couvertoirade, tourisme-aveyron.com
La Couvertoirade, village médiéval du Larzac, Service Tourisme et Patrimoine (Mairie), 2021
Le Moulin à vent du Rédounel (La Couvertoirade, causse du Larzac),
millavois.com
les Causses et les Cévennes, paysage Culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen, Ministère de l’Écologie,
du Développement durable, des Transports et du Logement, 2011
Les passés du Larzac, Jean-Luc Bonniol, Ministère de la Culture, 2001
Les remparts - La Couvertoirade, cirkwi.com
Variation autour de La Couvertoirade : Ancien cimetière et autres invisibles, millavois.com
Textes/Plans :
L’église Saint-Christol, lieuxsacres.canalblog.com
La Couvertoirade (Aveyron) : Voyage au cœur d'un trésor médiéval, memoiredelivrade.canalblog.com
Photos numériques : 2022