Arles a une vocation de carrefour. Ce point de rencontre entre une route terrestre reliant l’Italie à l’Espagne et une voie fluviale, le Rhône, n’avait pas échappé aux Grecs qui, dès le VI° siècle avant J.-C., entreprirent de s’implanter en territoire ligure.
César envoya en septembre 46 avant J.-C. les vétérans de la VI° légion qui fondèrent une colonie de droit romain dotée d’un immense territoire. Très vite prospère, la ville s’enrichit de superbes
monuments : forum, temples…
Au XII° siècle sont édifiés la primatiale Saint-Trophime et les bâtiments canoniaux, autour d’un cloître. En plein essor économique et géographique, Arles accueille les pèlerins qui se dirigent vers Saint-Jacques de Compostelle.
La ville connaît au milieu du XVI° siècle, un moment de prospérité où peut s’épanouir une Renaissance toute imprégnée de culture antique. La période de reconstruction des XVII° et XVIII° siècles a donné à Arles son image actuelle : l’Hôtel de ville, la plupart des hôtels particuliers, des maisons, bordant les rues du secteur sauvegardé datant de cette époque.
Arles est aussi un lieu d’imaginaire. Par la splendeur des éléments naturels - le Rhône, la lumière, le vent- elle n’a cessé d’attirer des artistes. La ville se tourne
aujourd’hui, par ses projets, vers la modernité.
L'Obélisque
Symbole solaire et impérial dans l’Antiquité, élément décoratif, l’obélisque avait également une fonction pratique de repère au cœur du cirque romain, à l’intention des auriges (conducteurs de chars). On sait aujourd’hui que l’édifice a été taillé dans le granit d’une carrière romaine d’Asie mineure. De conception monolithique (il fut brisé en deux à la fin de l’Antiquité), il mesure, avec le piédestal conçu par l’architecte arlésien Jacques Peytret, une vingtaine de mètres. Fassin et Lieutaud (1909) apportent les précisions suivantes : 15,26 mètres de hauteur, 1,70 mètre de large à la base, et 4,55 mètres de haut pour le piédestal. La pointe était coiffée d’un globe de bronze parsemé de fleurs de lys, surmonté d’un soleil doré.
C'est en 1676 qu'il fut réparé et érigé devant le nouvel hôtel de ville. Le piédestal conçu à cette occasion portait alors une décoration de lions en pierre, animal emblématique de la ville d'Arles. Ceux-ci furent remplacés en 1829 par quatre têtes de lion avec avant-train, en bronze, au pied de chaque angle de l’obélisque, sculptées par Dantan. En 1867, sous la direction de l'architecte Révoil, l'obélisque est restauré. On y ajoute un bassin alimenté d'une fontaine par quatre masques d’Hercule coiffé d’une parure de lion, en bronze, sur chaque face du piédestal. On n'en connaît pas le sculpteur.
Le cirque romain
Le plus vaste monument romain, le cirque, ne pouvait trouver sa place qu’en dehors de la ville. C’est au Sud-Ouest de la cité, au bord du Rhône, qu’il fut édifié au II° siècle.
Il servait essentiellement aux courses de chevaux et de chars, mais aussi parfois à des combats de cavalerie et à des venationes, sorte de chasses à courre.
Sa construction n’a pas du être aisée. Compte tenu de la nature instable du terrain, il du être édifié sur des milliers de pieux en bois. De ses matériaux et décorations, dispersées à la fin de
l’Empire, il ne reste que peu de pièces. Certaine ont servi de réemploi, quelques unes sont exposées au musée
départe- mental Arles antique.
Son plus somptueux ornement est cependant fort célèbre : il s’agit de l’obélisque installé au XVII° siècle devant l’hôtel de ville.
Le cirque romain d’Arles a été édifié en 149 après J.-C., représentant la plus importante extension urbaine de cette époque. Cette datation montre que les aménagements de
l’époque flavienne se sont poursuivit jusque sous l’empereur Antonin le Pieux, à l’apogée de l’Empire.
Une refonte drastique de l’édifice eu lieu au IV° siècle. Les fouilles ont montré que la spina avait été détruite en partie puis restructurée avec un nouveau décor de plaquage de marbre et
un obélisque.
De petites habitations apparaissent autour du cirque et dans les alvéoles au V° siècle, alors que des courses ont encore lieu. Au milieu du VI° siècle le monument sera détruit lorsqu’on eut
besoin de ses pierres pour renforcer les murailles de la ville. Les crues du Rhône auront tôt fait de recouvrir le site d’alluvions, et les vestiges du cirque ne seront exhumés
qu’au XVII° et XIX° siècle, avant d’être plus profondément fouillées au XX° siècle.
Le cirque d’Arles mesurait 450 mètres des long et 101 mètres de large. Il comportait des gradins pouvant accueillir 20 000 spectateurs, et une vaste arène damée, dotée d’une
longue séparation. Celle-ci, décorée de sculptures et de bassins se terminait à ces deux extrémités par des bornes (ou metae) que les concurrents s’efforçaient de passer au plus près. La piste
était entourée par un mur (le podium), suffisamment haut pour protéger les spectateurs. Les gradins reposaient sur une structure architecturale modulaire de chambres fermées par des voûtes
rampantes, assez proche de celle d’un amphithéâtre.
En raison de l’instabilité du sol argileux, de savantes fondations furent nécessaires. Elles se composaient de 30 000 pieux de bois longs de 2 à 3,50 mètres.
Aujourd’hui, seuls demeurent visibles en contrebas du musée, des restes de la substruction de la cavea (gradins), de l’extérieur de la spendone, partie arrondie du cirque.
Le théâtre
Construit à la fin du Ier siècle avant J.-C., le théâtre date de la première phase d’urbanisation de la colonie romaine fondée par César en –46.
Edifié sur la colline de l’Hauture, le théâtre s’inscrit dans le quadrillage romain, sur le décumanus(voie Est-Ouest). Fortifié au Moyen Âge et gagné par des constructions
parasites - ses propres matériaux ayant souvent été réemployés dans des édifices voisins - on perd jusqu’à la connaissance de la fonction initiale du monument. Celle-ci est redécouverte à la fin
du XVII° siècle et confirmée les siècles suivants par les nombreuses pièces archéologiques exhumées de son sol, dont la fameuse « Vénus d’Arles ».
Ce n’est qu’au XIX° siècle que le site fut entièrement dégagé.
Seuls subsistent quelques gradins, l’orchestre, la fosse du rideau de scène et deux hautes colonnes de marbre coiffée d’un fragment d’entablement.
Le théâtre romain d’Arles mesure 102 mètres de diamètre. Ses 33 gradins, dont une grande partie a aujourd’hui disparue, s’appuyaient sur une enceinte extérieure composée de trois étages d’arcades.
Cet édifice pouvait accueillir 10 000 spectateurs.
L’orchestra se trouve séparé de la cavea par un mur, le balteus , en avant duquel, un espace large de 1,20 mètre était réservé aux sièges mobiles des notables de la colonie.
Le mur du pulpitum marquait la séparation entre l’orchestra et l’ensemble scénique. Il était orné de niches décorées, notamment par l’autel d’Apollon trouvé en 1828.
En bien autres endroits du site furent mis au jour les vestiges de cette somptueuse ornementation. Deux escaliers mettaient l’orchestre en communication avec la scène. Les fouilles et les études
scientifiques ont permis de retrouver les dispositions essentielles de celle-ci. Profonde d’environ 6 mètres, la scène était bordée de vastes parascenia (coulisses). Le mur de scène était très
décoré. Il comportait trois étages de colonnes et une importante statuaire, dont la statue colossale d’Auguste, qui est conservée actuellement au musée départemental Arles
antique. La fameuse statue de la « Vénus d’Arles » est conservée au Louvre. Au milieu du mur se trouvait la porte royale que bordaient de chaque côté deux colonnes ; celles d’un seul
côté se voit aujourd’hui en place.
L’enceinte extérieure du théâtre comportait 27 arcades appuyées sur de forts piliers. Cette façade avait trois étages qui ne se sont conservés qu’au Sud, inclus dans la tour de Roland, édifiée au
début du Moyen Âge.
L'amphithéâtre
L'amphithéâtre a été construit vers la fin du Ier siècle de notre ère, sur les pentes de la colline de la Hauture, au Nord-Est du théâtre. Il n'est pas axé sur la trame de la ville augustéenne. Sa construction est liée à l'extension urbaine de la fin du Ier siècle qui entraîna l'arasement du rempart augustéen au Nord-Est de la ville. Les vestiges de ce rempart et d'une tour qui ont été intégrés dans les maçonneries du sous-sol de l'amphithéâtre sont encore visibles aujourd'hui.
C'est certainement au cours du V° siècle que l'abandon progressif des arènes a entrainé le début du pillage des matériaux de construction du monument et son occupation par des constructions
parasites.
Après avoir servi quelque temps de carrière, ce qui a entraîné la disparition de la plupart des gradins et des niveaux supérieurs de l'édifice (attique et entablement du premier étage), l'amphithéâtre a été transformé en enceinte fortifiée par la fermeture de toutes ses arcades. Quatre tours ont été construites dans les axes du monument, sur l'extrados des arcades du premier étage. (Il n'en subsiste que trois aujourd'hui, les derniers vestiges de la tour Sud ayant été arasés au XIX° siècle).
L'arène et la cavea ont peu à peu été occupées par des constructions de toutes sortes (les contrats de vente des maisons au moment du dégagement des arènes décrivent, des pressoirs, caves,
granges, étables, moulins, pigeonniers, une salle de spectacle,...). On connaît également l'existence de deux églises. Saint-Michel-de-l'Escale, qui fut l'église paroissiale des arènes jusqu'en
1617, était installée depuis le XIII° siècle au premier étage de la galerie extérieure de l'amphithéâtre (dans la travée 45). Saint-Genès construite sur le troisième maenianum (travée 43), était
un but de procession jusqu'au début du XIX° siècle.
L'état du monument provoqua l'indignation des rois de France passant à Arles (François Ier en 1533 et Henri IV en 1609). Ils recommandèrent tous deux la démolition des maisons construites dans le monument. Mais rien ne fut fait à la suite de leur passage.
En 1735, la ville prit les premières mesures de protection du monument en interdisant la réparation des maisons en ruine.
A la fin du XVIII° siècle, fut entrepris le déblaiement des arènes de Nîmes. Mais à Arles, c'est seulement en 1812, qu'un premier rapport propose le déblaiement des arènes, qui sont alors dans un état pitoyable. Le projet mit du temps à aboutir. La ville racheta quelques maisons dès 1818. Mais c'est seulement en 1823 que le déblaiement commença réellement.
En 1840, l'amphithéâtre avait été classé sur la première liste des Monuments historiques. A partir de 1845, Charles Questel, l'architecte des Monuments historiques déjà chargé de de la restauration de l'amphithéâtre de Nîmes, s'est consacré à la fin des travaux de dégagement, à l'aménagement des abords et à la restauration du monument. Depuis, les travaux de restauration ont été poursuivis sans relâche jusqu'à nos jours.
L'amphithéâtre d'Arles a un plan de forme elliptique. Son grand axe mesure 136,15 mètres et son petit axe 107,45 mètres. Ce qui le place parmi les plus grands amphithéâtres du monde romain (20ème rang) juste devant celui de Nîmes, son plus proche voisin. Ces deux amphithéâtres présentent de nombreuses similitudes, non seulement par leur taille mais aussi par leur plan et leur organisation interne.
L'arène, de forme elliptique, mesurait 69,26 mètres x 39,82 mètres.
La cavea de l'amphithéâtre d'Arles est divisée en 60 travées. La numérotation des travées utilisée dans l'Antiquité est invisible aujourd'hui.
La galerie extérieure et la façade sont construites en grand appareil de pierre de Fontvieille et de pierre des Baux. Haute aujourd'hui de 21 mètres, la façade était à l'origine composée de deux niveaux et d'un attique aujourd'hui disparu. Elle est percée sur chaque niveau par soixante arcades voûtées en plein cintre, correspondant aux soixante travées de l'amphithéâtre. Le rez-de-chaussée est rythmé par des pilastres d'ordre toscan, alors que les arcades du second niveau sont flanquées de colonnes engagées corinthiennes et surmontées d'un entablement corinthien dont seuls des fragments de la corniche sont conservés. L'entablement est rentrant entre les pilastres et les colonnes engagées.
Les entrées principales du monument, placées sur les travées d'axe sont soulignées par un décrochement plus important de l'entablement vers l'extérieur. Les arcades du premier étage étaient garnies de garde-corps moulurés dont quelques éléments, retrouvés lors du dégagement de l'arène au XIX° siècle, ont été replacés dans les arcades situées au Nord-Ouest de l'amphithéâtre. La galerie extérieure comporte deux niveaux de circulation.
L'amphithéâtre était destiné à accueillir environ 20 000 spectateurs répartis sur 28 rangées de gradins dans le cas où on restitue un attique. Si on suppose que les gradins se poursuivent comme à Nîmes, jusqu'à la façade, on estime alors le nombre de rangées à 34. Ces gradins, dont seuls les premiers rangs subsistent, se répartissaient sur trois maeniana, et un attique accueillant les différentes catégories de spectateurs. D'après les calculs de Myriam Fincker, le premier maenianum pouvait recevoir 1 699 spectateurs, le second maenianum, 5 301 spectateurs. Le troisième maenianum accueillait 10 084 spectateurs alors que sur la plate-forme de l'attique, il restait la place pour environ 4 270 spectateurs. La circulation des spectateurs, de l'extérieur de l'amphithéâtre jusqu'à leur place dans les gradins, était organisé rigoureusement.
Autres amphithéâtres abordés sur ce site : Nîmes, Rome (Colisée) et Lambèse (construit par la III° légion).
Les principales voies de communication romaines
Arelate (Arles) - Cavaillon (Cabellio) - Nemausus (Nîmes) - Pont du Gard - Arausio (Orange)
Vasio (Vaison-la-Romaine) - Caumont sur Durance (Clos-de-Serre) - Saint-Chamas (Pont Flavien)
Vernègues (Château-Bas) - Glanum - Saint Rémy de Provence
Sources
Textes :
Arles patrimoine, Théâtre antique, patrimoine.ville-arles.fr
Le cirque romain, patrimoine.ville-arles.fr
Place de la république, mairie d'Arles, provence-pays-arles.com
Obélisque - Arles, e-monumen.net
Texte et plan :
L'Amphithéâtre d'Arles - Histoire, architecture, archéologie, restaurations, Site du Patrimoine d'Arles,
patrimoine.ville-arles.fr, 2008
Dessin :
L'Amphithéâtre d'Arles avant la destruction des maisons (déblaiement à partir de 1823), J.-B. Guibert,
fr.m.wikipedia.org
Plans :
Plan d'Arles au Haut-Empire, stephdelarue.chez-alice.fr
Frank Sear, Roman theatres - An Architectural Study, Oxford University Press, 2006
Carte :
Digital Atlas of the Roman Empire, Lund University, Sweden
Photos numériques : 2016-2018