KARNAK
Les "Propylées du Sud"
Il s'agit de l'axe Nord-Sud, l'axe de la royauté. Il est celui où se déroulent les processions royales.
C'est un ensemble de quatre pylônes en partie reliés par des murs et formant autant de portes triomphales sur la voie sacrée reliant le temple du dieu-père Amon-Rê au temple de la déesse mère Mout.
La porte, située tout au fond de l'avant cour du pylône VII, est positionnée sur le mur Nord qui sépare la cour comprise entre le troisième et le quatrième pylône. Dans celle-ci se trouve l'obélisque de Thoutmosis Ier ; cette cour est la jonction de l'axe divin et de l'axe royal. Le plus rapproché des pylônes de l'axe Est-Ouest, est le septième, il fait partie des grands remaniements de Thoutmosis III.
Cour de la cachette (Thoutmôsis III)
La cour du VIIe pylône de Karnak est également appelée « Cour de la Cachette », suite à la découverte à cet endroit d’une énorme favissa par G. Legrain en 1903. Le chantier débuta en octobre 1901 en s’attachant d’abord aux murs latéraux et aux abords du pylône. Il amena très rapidement la découverte de nombreux blocs datant du Moyen et du Nouvel Empire, notamment une porte en calcaire d’Amenhotep Ier.
C’est le 26 décembre 1903 que fut découvert l’orifice de la « Cachette » proprement dite. Ce jour-là, les ouvriers trouvèrent une grande stèle de Séthi Ier posée sur une couche de sable pur. Sous cette couche, ils découvrirent trois statuettes, puis encore plusieurs autres. À partir de ce jour, plus de sept cents statues ou fragments de statues, de nombreux objets et près de 17 000 statuettes en bronze sortirent de cette favissa au cours de quatre campagnes menées entre 1903 et 1907. La Cachette étant d’une profondeur qui pouvait atteindre 15 ou 16 mètres, la fouille était rendue extrêmement difficile par les infiltrations de la nappe phréatique. Des pompes et des chadoufs furent utilisés pour évacuer l’eau, opération qui devait être répétée chaque matin.
La très large majorité des objets découverts dans la Cachette de Karnak furent envoyés par Legrain au Musée Égyptien du Caire, ce qui permit de doubler sa collection de statues. Certaines d’entre elles furent ensuite transférées dans des musées de province. Suite à des dons, des ventes ou des vols, un certain nombre de statues parvinrent dans des musées ou des collections privées à travers le monde. Cet ensemble de près de 800 statues nous offre un panorama très représentatif de la décoration statuaire du temple de Karnak dans sa période la plus prestigieuse. Mais de nombreux autres types d’artefacts ont également été découverts, non seulement des stèles, mais aussi des objets de modestes dimensions qui firent partie de l’équipement sacré du temple (autels, bijoux, sceptres, coudées votives, etc.).
Pylône VII (Thoutmôsis III)
Comme il est de tradition, les môles des pylônes étaient décorés du massacre des ennemis. Dans l'antiquité le septième pylône devait mesurer environ 26 mètres de haut. Sa porte est encadré, sur la face Nord, par sept statues. Une statue osiriaque et une statue représentant le roi debout, sont placées à gauche de la porte du pylône. Sur le côté droit de la porte nous trouvons aussi une statue osiriaque et une statue de roi debout. Sur ce côté viennent s'ajouter trois autres statues, plus réduites, deux assises et la troisième debout.
La première statue figure un roi assis, du Moyen Empire ou de la Deuxième Période intermédiaire, portant le némès. Les mains du personnage ont disparu et la partie basse de la statue est très
abîmée : aucune inscription ne nous est parvenue, la boucle de ceinture ne nous renseignant pas sur l’identité du roi représenté.
La deuxième statue d’un roi Sobekhotep assis, portant le némès et vêtu du pagne chendjyt. Les mains du roi sont posées à plat sur sur ses genoux.
La troisième statue représentant le roi Amenhotep II debout, portant le némès et vêtu d’un pagne à devanteau triangulaire.
La porte axiale du pylône a ses montants et les seuils en granit rose. Le passage était fermé par un vantail unique qui se rabattait sur l'embrasure de gauche, côté Est. L'embrasure de droite, côté Ouest, enfermait dans ses deux petites niches des statuettes de Thoutmosis III, édificateur de ce pylône.
Franchissons la porte du septième pylône : nous trouvons les vestiges de deux colosses debout en granit rose de Thoutmôsis III. Les colosses flanquaient l'entrée. Le jambage du colosse, placé contre la môle Ouest, porte une décoration qui représente le roi, coiffé du némès, tenant les insignes royaux. Le cartouche est au nom de Ramsès IV, probablement une usurpation de la statue.
Deux obélisques, dont on n'aperçoit aujourd'hui que le socle de celui de droite, figuraient devant les môles Sud du septième pylône. L'obélisque du môle Ouest fut transporté à Alexandrie sous Constance II (empereur de 337 à 361). Il dut attendre le règne de Théodose Ier (empereur de 379 à 395) pour être finalement transporté à Constantinople, où il fut réérigé en 390 sur la spina de l'hippodrome. C'est un monolithe en granit rose de 300 tonnes. A l'origine il mesurait 32,50 mètres de haut, mais pour faciliter son transport, on supprima à la base près de 49% de sa longueur. Il mesure à présent 20 mètres.
Devant le septième pylône s'ouvre une vaste cour qui conduit vers le huitième pylône de Karnak.
Pylône VIII (Thoutmôsis II et Hatshepsout)
Le huitième pylône mesurait 21 mètres de haut. La porte massive, en grès du Gebel Siliseh, n'a ni la finesse ni l'élégance de celle du septième faite de beaux blocs de granit.
Le souverain, lors de son investiture, devait suivre cette voie du Sud, celle de la terre d'Égypte, pour aller à la rencontre d'Amon-Rê, le roi des dieux, qui lui conférait la charge suprême.
La décoration de la face Nord est très mutilée. L'on peut y voir quelques détails de la procession de la barque d'Amon ou les épisodes essentiels de l'investiture royale. Y sont également représentées des scènes d'offrandes, de processions et de montée royale, aux noms de Séthi Ier, Ramsès III, Thoutmôsis Ier. Une scène, gravée sur le môle Ouest (face Nord), nous montre le roi recevant le "baptême" des dieux Horus et Thot.
Les décorations du pylône furent martelées à l'époque amarnienne, une partie des reliefs fut restaurée sous le règne de Toutankhamon, qui n'a pas cherché à usurpé le monument. Séthi Ier n'hésita
pas à imposer son nom sur l'ensemble de la décoration, même si les textes indiquent honnêtement qu'il participa en fait à la restauration des images divines.
Les parois du huitième pylône ont subi les affres d'une histoire complexe, qui devait s'achever avec la fermeture officielle des temples égyptiens. Cette structure architecturale imposante servit
aux premiers moines chrétiens pour l'installation d'un couvent. Ils n'hésitèrent pas à percer les façades d'innombrables trous de boulins pour implanter la structure de base de la nouvelle
construction.
La façade méridionale du huitième pylône est devancée par des colosses des rois de la XVIII° dynastie. Six colosses royaux et quatre oriflammes se dressaient devant lui. La face sud est pourvue de scènes de massacre figurant Amenhotep II devant Amon.
Chacun des môles est pourvu de deux encoches verticales ayant contenu des mâts à oriflammes. Ces derniers ayant brûlé, les pierres enserrant ces encoches ont éclatées, et la façade Sud montre
aujourd'hui une architecture assez peu structurée. Les inscriptions qui courent sur les encoches indiquent que les mâts auraient été mis en place sous Aménophis II.
Le huitième pylône comporte un grand nombre de statues royales de dimensions réellement colossales. Ce rassemblement de statues devant un pylône ne trouve aucun équivalent, ni à
Karnak, ni dans aucun autre sanctuaire égyptien. Tous assis, les colosses semblent avoir été au nombre de six. On trouve tout d'abord, de part et d'autre de la porte médiane, deux colosses au nom
de Thoutmôsis II en quartzite rouge et en calcaire. Si les deux autres statues, flanquant la face du môle oriental, ont disparu, on trouve devant le môle Ouest une statue colossale d'Aménophis
Ier en calcaire.
Pylône IX (Horemheb)
Le neuvième pylône fut hâtivement construit sous Horemheb, avec des matériaux retirés de la démolition des temples thébains voués à Aton, et construits pendant le règne d'Akhenaton. Aujourd'hui, il n'en reste que les deux extrémités.
Pylône X (Aménophis III et Horemheb)
Le dixième pylône a été également édifié par le roi Horemheb à la XVIII° dynastie, probablement à la place d'un autre pylône, plus ancien, dont Aménophis III aurait été le constructeur, ce qu'atteste la présence de deux colosses en quartzite au nom de ce dernier.
Le dixième pylône fut, au moins en partie, également construit avec des matériaux empruntés à une chapelle d'Akhenaton. Il mesurait 35 mètres de haut. Aujourd'hui, il n'en reste que la porte centrale. Accolé au dixième pylône se trouve le mur de brique crue qui ceinturait le temple d'Amon-Rê. Très ruiné de nos jours, cette ultime barrière de l'enceinte du temple posséda sur son parvis, les faces tournées vers Louqsor, les deux plus grands colosses debout, figurés en marche, jamais érigés en Égypte.
La statue d'Amon sortait du temple une fois l'an pour la fête d'Opet à Louqsor. La procession passait par la porte du dixième pylône, avançait plein Sud, s'arrêtant à l'entrée du domaine de Mout où la statue de cette déesse, l'épouse d'Amon, la rejoignait. Puis la procession se dirigeait vers l'Ouest, sur une courte distance, avant de reprendre sa route en direction du Sud, après avoir été rejointe par la troisième personne de la trinité thébaine, le dieu lune Khonsou, venu de son temple par l'avenue bordée de sphinx, construite sous Aménophis III.
Sources
Textes :
L'axe Sud-Nord, ancienegypte.fr
Obélisques de Rome, wikipedia.org
Obélisque de Théodose, wikipedia.org
Cour du VIIe pylône - « Cour de la cachette », Projet d'index global des inscriptions des temples de Karnak,
Système d’Indexation des Textes Hiéroglyphiques (SITH)
Plan :
PLAN DU TEMPLE D'AMON à KARNAK, terredegypte2.monsite-orange.fr
Photos (Jacques et Simon VONBANK) : 1973