Morgantina ou Morgantiné est un site archéologique italien de la période préromaine, situé à Aidone, en Sicile.
Le site est un établissement protohistorique et antique, habité par les Sicanes puis les Sicules, eux-mêmes chassés par les Morgètes. Hellénisée à partir du VI° siècle avant J.-C. sous l'influence des colons chalcidiens de Catane, la cité est prise par le roi sicule Doukétios qui la rase. Elle se relève sous la tyrannie de Timoléon.
Aux IV° et III° siècles avant J.-C., Morgantina est une riche cité essentiellement agricole. Caton mentionne le cépage Murgentinum, qui en est originaire, avant d'être acclimaté en Italie centrale. Elle est sévèrement punie par les Romains après avoir pris le parti des Carthaginois lors de la deuxième guerre punique. La ville décline jusqu'à ne plus former qu'une cité à l’époque de Strabon. 

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Morgantina : Plan partiel du site
[NU927-2023-6580b] Morgantina : Plan partiel du site

 

 

Plan partiel de Morgantina

 

[1] Maison de la citerne voûtée

[2] Maison des chapiteaux toscans

[3] Maison du Magistrat

[4] Sanctuaire Sud dédié à Déméter et Korê

[5] Théâtre

[6] Sanctuaire principal dédié à Déméter et Korê

[7] Agora

[8] Téménos-Macellum


Morgantina : Plan du théâtre
Morgantina : Plan du théâtre

Théâtre [5] (III° siècle avant J.-C.)

 

Le théâtre se compose d’un orchestre, d’une cavea semi-circulaire (ou kóïlon) et d’un bâtiment de scène.


Les gradins de la cavea, des blocs de calcaire à peu près réguliers, reposent sur un remblai de terre contenu par des murs de soutien massifs (ou analemmata) qui, sur leur face principale, semblent être parallèles à l’aile occidentale de l’Ekklesiasterion (lieu où se tenait l'assemblée générale des citoyens).


Les quatorze rangées de gradins sont divisées en six sections par d’étroits escaliers (ou klimakes) ; sur la neuvième rangée de la troisième section (ou kerkis) se trouve une inscription dédicatoire en grec : « Archélas, fils d’Eukléidas, [donna ceci] à Dionysos ».


Au-dessus et derrière l’une des sections, celle du groupe central de gradins, se trouvent quatre rangées rectilignes, construites à une époque plus tardive que celle des gradins incurvés (et non pas avant, comme cela a été proposé dans le passé).


Initialement, le bâtiment de la scène (ou skènè) était large et profond, avec une scène étroite. Ultérieurement, la scène a été agrandie aux dépens de la loge des acteurs, qui a été reconstruite et est encore conservée aujourd’hui dans son niveau inférieur. Plus tard, un petit appendice soutenu par des colonnettes a été ajouté à la scène.  Le bâtiment de la scène et la scène elle-même sont flanqués de grandes bases rectangulaires, probablement utilisées pour soutenir les dispositifs mécaniques utilisés dans les représentations. Au Sud de la base Sud se trouve le petit autel dédié à Dionysos, dieu du théâtre.

 

La restauration des deux tiers de la cavea a eu lieu en 1966-67, celle de la section finale en 2004-2005.


Morgantina : Maison de la citerne voûtée
[NU927-2023-6593a] Morgantina : Maison de la citerne voûtée

Maison de la citerne voûtée [1]

(III° siècle avant J.-C.)

 

La maison de la citerne voûtée recouvre au moins trois maisons d’origine et, comme d’autres grandes maisons contemporaines de Morgantina, elle est divisée en deux parties, toutes deux organisées autour de cours.

 

On entre dans la maison depuis une rue résidentielle ; à gauche se trouve l’espace privé (gynaikonitis, ou quartier des femmes), avec des espaces de vie familiaux; à droite se trouvent les salles de réception formelles pour les repas d’été et d’hiver, dont plusieurs avaient un beau pavement en mosaïque du III° siècle avant J.-C. ; ceux-ci contrastent avec le sol en opus signinum ou « cocciopesto » (débris de terre cuite écrasés) plus simples, du côté familial.

 

Une colonnade dorique fournissait de l’ombre sur trois côtés de la cour officielle, où une fontaine a été ajoutée au Ier siècle avant J.-C., alimentée par de l’eau amenée sous pression par des tuyaux en plomb. Sur le côté Est de la cour se trouve une suite de trois pièces donnant directement sur l’espace ouvert. La citerne voûtée, qui donne son nom à la maison, se trouve dans le mur droit (Ouest) de la salle reconstruite sur le côté Sud de la cour. Les fouilles dans la cour ont révélé que la maison occupe le site d’une habitation antérieure du milieu du V° siècle avant J.-C.. La salle reconstruite contient des éléments architecturaux provenant de divers endroits de Morgantina, ainsi que des parties d’un élégant pavement en mosaïque.


Morgantina : Plan de la Maison des chapiteaux toscans
[NU927-2023-6611a] Morgantina : Plan de la Maison des chapiteaux toscans

Maison des chapiteaux toscans [2]

(III° siècle avant J.-C.-Ier siècle après J.-C.)

 

Dans sa forme actuelle, il s’agit d’une très grande maison à trois péristyles. Celle-ci a été construite au II° siècle avant J.-C., incorporant les murs des maisons précédentes du III° siècle avant J.-C., dont l’une occupait une grande partie dès l’origine.

 

Cette maison est restée en usage jusqu’au milieu du 1er siècle après J.-C.. La salle la plus élaborée de la partie orientale, la pièce n° 10, a un sol combinant les techniques du "cocciopesto" et de la mosaïque tessellée ; le dessin central (avec un champ de tesselles blanches) est partiellement détruit. Des traces de plâtre subsistent sur les murs mais il ne reste rien du décor peint. Le péristyle Ouest est considérablement plus large, avec des murs plâtrés et peints en rouge. Il est possible que les trois sections aient été à l’origine trois habitations distinctes. L’impression d’incomplétude de la partie occidentale provient de l’érosion du versant Ouest.


La période qui a le moins de difficultés d’interprétation est la dernière, avec des matériaux postérieurs à l’âge d’Auguste.

 

Une citerne contenait également des restes humains, probablement des victimes du conflit d’environ 35 avant J.-C..


Morgantina : Plan de la Maison du Magistrat
[NU927-2023-6617a] Morgantina : Plan de la Maison du Magistrat

Maison du Magistrat [3]

(III° siècle avant J.-C.)

  

L’entrée de cette grande habitation bien construite est située au centre de la maison, et donne sur une rue résidentielle.


Comme plusieurs autres grandes demeures hellé-nistiques primitives de Morgantina, la maison du Magistrat se compose de deux parties distinctes ; l’une plus formelle, à gauche du vestibule d’entrée, avec des salles pour les banquets et les réceptions, et l’autre, à droite, destinée à être le centre de la vie familiale. Les deux sont organisées chacune autour d’une cour.
Dans l’espace privé, il y a un petit autel domestique et un emblème en mosaïque fine dans une petite pièce près de la rue. À l’époque romaine, la maison a été divisée en deux, et un potier a installé son atelier dans l’espace privé. Deux fours sont encore conservés sous un auvent moderne, tandis qu’au Musée archéologique d’Aidone est conservé un ensemble de céramiques ratées (y compris des poteries de type « cloche » à parois minces trouvées à l’intérieur de la citerne de la maison).


La maison a reçu son nom au moment de la fouille ; en fait, nous ne savons pas qui y vivait.


Morgantina : Ruines du sanctuaire Sud dédié à Déméter et Korê
[NU927-2023-6619] Morgantina : Ruines du sanctuaire Sud dédié à Déméter et Korê

Sanctuaire Sud dédié à Déméter et Korê [4]

(III° siècle avant J.-C.)

 

Ce sanctuaire de quartier est situé à l’Ouest de l’agora. Comme d’autres sanctuaires du même culte, le sanctuaire Sud est situé à la périphérie de la ville, près des fortifications, au-delà desquelles se trouvent les nécropoles puis les champs cultivés, respectivement les domaines de Korê, reine des enfers, et de sa mère Déméter, déesse de la terre et des moissons.


La moitié orientale du sanctuaire a subi une forte érosion, elle n’a donc pas été fouillée. La partie occidentale était divisée en deux zones ; près des fortifications Sud, plusieurs pièces autour d’une cour et, à un niveau supérieur, des salles équipées pour le culte, dont un autel quadrangulaire et une niche pour les bains rituels. De nombreuses statuettes en terre cuite ont été trouvées dans la partie inférieure et dans la salle de l’autel, notamment des bustes de Korê et des statuettes de jeunes femmes élégamment vêtues, semblables aux «tanagras» (figurines grecques antiques en terre cuite, simples et gracieuses) ; de nombreux exemples sont exposés au musée archéologique d’Aidone.


Comme les autres lieux de culte dédiés à Déméter et Korê à Morgantina, le sanctuaire Sud a été saccagé et n’a jamais été réoccupé après la prise de la ville en 211 avant J.-C. par les Romains.

 

Déméter :  Déesse grecque de la terre cultivée, fille de Cronos et de Rhéa.

Korê : Alors qu'elle était jeune fille, Korê fut enlevée par Hadès qui la fit reine des enfers sous le nom de Perséphone. Sur l'ordre de Zeus, Hadès dut rendre une partie de l'année Perséphone à sa mère, Déméter, sœur de Zeus.

 


Morgantina : Plan du sanctuaire principal dédié à Déméter et Korê
[NU927-2023-6635a] Morgantina : Plan du sanctuaire principal dédié à Déméter et Korê

Sanctuaire principal dédié à Déméter et Korê [6]

(V°-Ier siècles avant J.-C.)

 

Des sanctuaires ressemblant à des habitations privées, dédiés à Déméter et Perséphone (Korê), étaient situés dans la plupart des quartiers de Morgantina.

 

Le sanctuaire central de l’agora est le plus formel d’entre eux. Sa cour était flanquée de deux portiques, et un petit naos ou temple (1) est situé dans l’angle Sud-Ouest. Dans la cour se trouvent deux autels : l’un, un bothros (fosse sacrée) souterrain (2) pour Perséphone, l’autre hors-sol (3), cylindrique et recouvert de stuc, pour Déméter. L’autel de Perséphone était rempli de centaines de petites coupes votives et de milliers de lampes, qui débordaient dans la cour adjacente. Après 211 avant J.-C., le marché fermé adjacent au sanctuaire a été annexé et transformé en lieu de culte. C’est le seul sanctuaire à avoir continué à être utilisé pendant la période romaine.

 

Parmi les découvertes ultérieures se trouvent huit tablettes de plomb inscrites (défixions ou envoûtements) appelant les dieux du monde souterrain à recevoir une certaine Vénusta, une esclave de Rufus.


L'Agora [7]

(IV° siècle avant J.-C.)

 

La place est située à proximité du croisement des deux rues principales, au fond d'une dépression qui attire à elle les courants de circulation.

 

Comme à Corinthe, l'agora présente deux niveaux ; la place supérieure, la plus vaste, de plan régulier, est limitée par des portiques ; au Nord, une stoa (portique) est aménagée en liaison avec une terrasse de 95 mètres de long, et s'appuie contre la pente de la colline ; au Sud, au pied de l'autre colline, s'allonge un portique moins monumental ; le côté Ouest est fermé par un long portique qui relie deux groupes d'édifices publics et administratifs, disposés à chaque extrémité sur des terrasses successives, mais en relation par des rues dallées. A l'Est, est aménagée l'agora inférieure, sur un plan polygonal ; elle est bordée à l'Ouest et reliée ainsi à l'esplanade supérieure par des gradins monumentaux articulés en trois rampes de 15 degrés chacune ; la longueur totale est de 70 mètres ; les gradins dominent l'esplanade inférieure où se dressent un petit temple et un autel ; elle se prolonge par un sanctuaire plus important dédié à Déméter et Korê, tandis que l'aile Sud-Est des gradins se rattache à l'esplanade où se trouve la skènè du théâtre dont la cavea domine l'ensemble. Tout ce plan paraît remonter à la fin du IV° siècle avant J.-C. et pourrait être l'œuvre d'Agathoclès.


Le Téménos-Macellum [8]

(II° siècle avant J.-C.)

 

Sur la place supérieure de l’Agora, positionnée à son Sud-Est, se trouve une construction romaine datant de la première moitié du II° siècle avant J.-C., possédant une orientation divergente de celle des bâtiments hellénistiques préexistants. Elle est composée d'un ensemble de treize magasins de taille égale, disposés sur les côtés Nord et Sud de ses murs de clôture dans lesquels un porche leur donne accès, ainsi qu’à une cour dont le centre était agrémenté d’un kiosque. Cet ensemble de commerces est l’un des plus anciens connus du monde romain. Du côté Ouest où se trouve son entrée, est incorporé un espace sacré préexistant d'époque grecque, avec un grand autel rectangulaire.


Pêle-mêle (ruines situées dans le quartier résidentiel, à l'Ouest de l'Agora)

 


Sources

 

Textes :

Agora et forum, Martin Roland, in: Architecture et urbanisme - École Française de Rome, 1987

Déméter, www.larousse.fr

Morgantina, boowiki.info

Morgantina, fr.wikipedia.org

Perséphone, www.larousse.fr

 

Textes et plans :

Signalétique locale

 

Plan :

Frank Sear, Roman theatres - An Architectural Study, Oxford University Press, 2006

 

Photos numériques :  2023