GIZEH


En 1817, en désensablant un orteil de la patte gauche du sphinx, Giovanni Battista Caviglia trouva une inscription : un texte de 13 lignes en Grec, gravé bien visiblement avec une mention comme quoi il s’agit d’un texte officiel datant de 166 après J.-C. sous le règne de Marc-Aurèle pour commémorer la restauration des murs entourant le sphinx par les romains.

 

« Cette structure est l’œuvre des Dieux immortels. Placée de façon à dominer le sol de cette Terre de récolte, érigée au centre d’une cavité dont ils ont retiré le sable, comme une île de pierres au voisinage des pyramides, pour que nous puissions le voir, non pas comme le sphinx tué par Œdipe, mais comme un servant sacré de Leto, qui garde avec vigilance, le Guide Sacré de la Terre d’Egypte. »

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Situé en Basse-Égypte, en amont du delta du Nil et à l’ouest du Caire, le plateau de Gizeh abrite un site archéologique de l’Ancien Empire avec son grand sphinx et ses trois pyramides, dont celle de Khéops, ultime rescapée des Sept Merveilles du monde antique célébrées par les auteurs grecs des IV° et III° siècles avant J.-C. Curieusement, des auteurs grecs et romains comme Hérodote ou Strabon ne mentionnent pas le Sphinx, dont l’aspect monumental aurait pourtant dû frapper leur imagination. Seul Pline en décrit la tête qui émerge du sable. Très tôt en effet, le sable du désert est venu le recouvrir, ce qui explique qu’il soit passé inaperçu.

 

Soumis aux atteintes de l’érosion éolienne dès son édification, le Sphinx a nécessité, au cours des siècles, de nombreuses campagnes de dégagement et de restauration. La première a été réalisée par Thoutmosis IV, pharaon de la XVIII° dynastie. Vers 1300 avant J.-C., Ramsès II entreprend de le désensabler. Pendant l’occupation romaine, les empereurs Marc Aurèle (161-181) et Septime Sévère (193-211) y font faire des fouilles et des restaurations salutaires. Il faudra ensuite attendre l’expédition d’Égypte de Napoléon Bonaparte pour que le Sphinx émerge à nouveau des sables accumulés par les vents. En 1816, la statue thérianthrope (mi-humaine, mi-animale) attire l’attention de l’égyptologue Giovanni Battista Caviglia (1770-1845) qui commence à en dégager la poitrine et découvre ainsi la stèle de Thoutmosis IV, l’uraeus – la tête de cobra qui ornait le front du Sphinx – et un fragment de sa barbe, deux objets archéologiques que se partagent aujourd’hui le musée du Caire et le British Museum. Par la suite, des campagnes de fouilles sont successivement menées par Karl Richard Lepsius (1810-1884), Auguste Mariette (1821-1881), Gaston Maspero (1846-1916), Émile Baraize (1874-1952) et l’Égyptien Selim Hassan (1893-1961), qui finissent par libérer complètement le corps du Sphinx de Gizeh.

 

En 1850, lors de sa première mission en Égypte, Auguste Mariette installe son campement au cœur de la nécropole de Gizeh, au pied de la grande pyramide de Khéops. En 1853, sur la demande et aux frais du duc de Luynes, il commence à dégager les pattes antérieures et le pourtour du Sphinx. Il s’agit de vérifier les affirmations de Pline selon lesquelles le monument ne serait pas monolithique, mais construit, et serait par ailleurs le tombeau du pharaon Armaïs. Il poursuit le désensablement en 1854 avec des fonds français et l’achève en 1858 grâce au financement alloué par le vice-roi d’Égypte, Saïd Pacha. C’est lors de la fouille de 1853 que Mariette découvre le temple d’accueil du complexe funéraire de Khéphren et, dans le premier vestibule de ce temple, la très belle statue en diorite de ce pharaon, assis avec un faucon lui entourant la nuque de ses ailes, un chef-d’œuvre de l’art égyptien de l’Ancien Empire.

 

En 1885-1886, Gaston Maspero continue les travaux de dégagement du Sphinx commencés par son illustre prédécesseur. De 1925 à 1936, Émile Baraize poursuit cette œuvre de longue haleine. Mais de nos jours, l’antique édifice est toujours menacé par l’érosion naturelle due aux vents de sable et il souffre de la pollution engendrée par la métropole du Caire toute proche. En 1986-1987, il a subi le contrecoup de restaurations hasardeuses dénoncées par Michel Wuttmann, membre de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire : « Dès le Nouvel Empire [1580-1050 avant J.-C.], on a remplacé des parties du pavement. Ensuite, les Grecs et les Romains sont intervenus. Mais alors qu’on utilisait la pierre sous l’Antiquité – des matériaux assez proches de celui d’origine –, tout s’est gâté au XX° siècle. On s’est mis à recourir à des ciments ordinaires, beaucoup plus solides, certes, mais qui provoquent l’éclatement de la roche. » Réunis en 1992 sous l’égide de l’Unesco, les égyptologues ont interdit l’usage du ciment au profit d’un mortier naturel. Depuis 1997, le Sphinx a retrouvé sa splendeur d’antan, mais ce vieux malade est toujours en sursis.



Le bâtisseur de cet ouvrage reste aussi aujourd'hui sujet à de vives discussions. Certains spécialistes l'attribuent à Djédefrê, alors que pour d'autres ce fut le Roi Khafrê (ou Khéphren). Dans le même flou, puisque personne n'a de preuve formelle on trouve aussi le Roi Khoufou (ou Khéops) ? Le sphinx fut taillé directement dans la roche naturelle car il se trouve au milieu d'une grande carrière qui fournissait les blocs destinés à la construction de la pyramide. Les pattes tendues, furent ajoutées en maçonnerie. Une étude géologique approfondie de cet ouvrage et des temples voisins a indiqué que les grands blocs qui furent employés pour construire le temple de vallée furent très probablement extraits des couches qui couvraient la partie supérieure de son corps. Ce qui signifie qu'il fut sculpté presque au même temps que le temple de vallée fut construit.

 

À l'origine, son visage et son corps devaient être entièrement recouvert de plâtre peint en rouge. Le Némès devait être en bleu et jaune. Mais les archéologues datent les traces de peintures découvertes sur son visage que du Nouvel Empire. Il a une hauteur de 20 mètres pour 73 mètres de long et 14 mètres de large. Il est non seulement le plus vieux mais également le plus grand sphinx et une des plus grandes statues qui a jamais été construites en Égypte. Le sphinx est une combinaison du corps d'un lion accroupi avec la tête d'un humain. La tête porte le Némès et est ornée de l'uræus, les deux emblèmes royaux typiques. La tête humaine est censée représenter celle du Roi qui l'a construit. Le lion était non seulement un symbole de puissance, mais aussi un symbole du culte solaire. Il y a une différence de proportion significative entre la taille de la tête du grand sphinx comparée à son corps.

 

La barbe postiche, qu'il avait par le passé et qui servait à soutenir la tête, fut détruite par des coups de canon commandés par un très "futé" cheikh au XIV° siècle. Des fragments de cette barbe, sont aujourd'hui au British Museum.


Bien que beaucoup d'histoires aient été racontées sur le nez de cette statue, on ne sait pas vraiment quand celui-ci a été perdu, peut-être lors de ces coups de canon ? Les schémas faits par les voyageurs européens des XVI° et XVII° siècles montrent presque invariablement le visage du sphinx avec le nez. Mais les copies finales de ces schémas ont été faites par des personnes qui n'avaient jamais vu le sphinx en réel, ce qui ne les rend pas très fiables.


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Sources

Textes :

Auguste Mariette et le grand sphinx de Gizeh (L'histoire par l'image), histoire-image.org

Les derniers secrets du sphinx partie 1, gigalresearch.com

 

Plan :

Carte des pyramides de Gizeh, fr.wikipedia.org

 

Photos : 1981

Photos (Jacques et Simon VONBANK) : 1973


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