L'abbaye Notre-Dame de Sénanque est un monastère cistercien en activité situé sur la commune de Gordes, dans le département français du Vaucluse et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

 

L'abbaye Notre-Dame de Sénanque a été fondée en 1148 par des moines venus de celle de Mazan en Vivarais : elle est ainsi la troisième des "sœurs provençales" cisterciennes qui naquirent en l'espace de douze ans (cf. l'abbaye de Silvacane et l'abbaye du Thoronet). Elle est installée au fond d'un vallon qui fut longtemps d'accès difficile, dans une solitude complète.

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Aujourd'hui prieuré de l'abbaye de Lérins, le monastère, situé dans le vallon où coule la Sénancole, est toujours occupé par une communauté de 6 moines cisterciens de la congrégation cistercienne de l’Immaculée Conception.


84 - Sénanque : L'abbaye et son champ de lavandin fleuri (vue prise depuis le Nord) - Provence
[NU923-2022-4044a] 84 - Sénanque : L'abbaye et son champ de lavandin fleuri (vue prise depuis le Nord)

84 - Sénanque - Plan de l'abbaye cistercienne - Provence
84 - Sénanque - Plan de l'abbaye cistercienne

 

 

L'Église abbatiale Notre-Dame est orientée Sud-Nord, et non vers l'Orient (Ouest-Est) : disposition très exceptionnelle, due à l'étroitesse du vallon.

 

C'est la Sénancole, petit cours d'eau traversant le site, qui a donné son nom à Sénanque après avoir tiré le sien du latin "sana aqua" ("eau saine").


L'Église abbatiale Notre-Dame (1150 - fin XIII°)

 

La nef centrale a une voûte en berceau brisé sans doubleaux, dont le départ est souligné par un cordon horizontal. Les deux bas-côtés, voûtés en berceau brisé rampant, s'ouvrent sur la nef par de grands arcs qui, par leur double ressaut, forment une enfilade admirablement rythmée ; dans chaque collatéral les doubleaux correspondent vers l'extérieur, par l'intermédiaire de chapiteaux à moulures horizontales étagées en retrait, à des piliers engagés ; les deux premiers doubleaux sont curieusement tendus de biais, l'arcade n'étant pas dans l'axe.

 

Le chœur, un peu plus ancien, a une abside en cul-de-four à trois baies, faisant suite à une travée très courte qui reprend le berceau brisé de la nef, après la coupole de la croisée du transept. Cette coupole est une originalité de Sénanque. Elle semble dériver, comme le montre certains détails, de ce qui existait à Mazan en Vivarais. Les trompes sont des culs-de-four dont l'arc est festonné de six demi-cercles légèrement creusés, et la corniche inférieure appuyée sur un pilastre cannelé logé dans l'angle qu'il s'agit de racheter.

 

Les croisillons du transept sont moins élevés que la nef. Celui de droite est éclairé d'un oculus au-dessus de deux petites baies. Deux chapelles s'ouvrent au Nord sur chacun des croisillons. Elles sont en hémicycle avec une étroite fenêtre au fond.

 

Il n'y a pas de portail principal au Sud, mais seulement deux portes latérales, trait qui se retrouve dans deux églises de Cîteaux, Le Thoronet et Silvanès.

 

En contournant le chevet, on remarquera que, si le sanctuaire fait saillie en hémicycle, les quatre chapelles du transept sont coffrées dans un mur rectiligne.

 

Au-dessus de la coupole s'élève un clocher à quatre ouvertures qui donne une idée de ce que devait être celui de Silvacane, mais les baies sont recoupées différemment : ici une imposte, soutenue par une colonnette médiane. La toiture est faite de pierres plates, les lauzes.


Le Chauffoir ou Salle des moines (Scriptorium)

 

Cette salle, voûtée d'arêtes, a un magnifique pilier central rond, dont le chapiteau est décoré d'un rang de fleurons renversés au-dessus d'un rang de feuilles d'eau. Sur le toit s'élèvent deux cheminées dépendant de ce chauffoir ; leur structure, cylindre surmonté d'un cercle de menus piliers coiffés d'un toit conique, les fait ressembler à de petites "lanterne des morts" comme on en voit dans les pays de l'Ouest.

 

Dans le chauffoir subsiste une des deux cheminées d'origine : elles fournissaient la chaleur nécessaire aux copistes travaillant dans cette pièce qui servait de scriptorium.


Le Chapitre ou Salle capitulaire

 

La salle du Chapitre, ouverte sur le cloître par deux doubles baies et une petite porte, a des voûtes dont les nervures ont un profil remarquable, en double tore : elles s'enfoncent directement dans la paroi, un peu au-dessus des degrés qui servaient de bancs aux religieux, et s'appuient d'autre part sur deux piliers allégés par les quatre colonnettes, avec chapiteaux à crochets, qui les cantonnent.

 

Les moines se réunissaient dans la salle capitulaire, assis sur des gradins, pour lire ou commenter les Écritures, recevoir les vœux des novices, veiller les défunts et prendre d'importantes décisions.

Dans un contexte canonial ou monastique, des créatures léonines, androphages ou s'apprêtant à dévorer, parfois difficiles à identifier, sont également représentées en Provence au Moyen Âge : ainsi, au XII° siècle, les moines cisterciens de Sénanque placent la tête d'un tel monstre (tarasque) face à la salle du chapitre.


L'ancien dortoir

 

Au premier étage du bâtiment, le dortoir, trente mètres de long sur neuf mètres de large, en berceau brisé, prend jour au-dessus de la galerie Nord du cloître par plusieurs baies en plein cintre, et au pignon Ouest par un oculus polylobé.

 

C'est dans cette vaste salle voûtée non chauffée que dormaient jusqu'à trente moines. Chacun tout habillé sur leur paillasse. Le premier office (matines) avait lieu à 2h du matin, le deuxième à l'aube (laudes).


Le Cloître (fin XII°)

 

Le cloître a quatre galeries voûtées en berceau plein cintre ; l'alternance des supports est très harmonieuse : aux angles, quatre piliers massifs ; chaque côté est percé de douze arcades groupées trois par trois sous des arcs de décharge qui reposent sur des piliers quadrangulaires : il y a ainsi trente-deux groupes de colonnettes doubles, sur socle et sous tailloir uniques. Les chapiteaux à décor strictement végétal sont d'une ornementation très fine et très variée.

 

La décoration du cloître est constituée principalement de feuilles plates ou feuilles d’eau, forme la plus simplifiée et la plus géométrisée (la plus économique aussi) de la feuille d’acanthe. Du côté du réfectoire des convers les feuilles sont à crochets et à boules, et l’on y voit aussi des palmettes et des feuilles cordiforme (feuilles de lierre inversées ?). Au fur et à mesure que l’on approche du réfectoire, d’autres formes apparaissent dans cette galerie : lancéolées, dont une retravaillée au trépan, ou trifides (fleurs de lys ?). Dans la galerie du réfectoire se rencontrent des feuilles de chêne et un chapiteau portant des fruits à grains (grappes de raisin stylisées si l’on veut) tandis que quelques beaux chapiteaux à motif de ruban apparaissent.


Les extérieurs

 

Le chevet est composé d'une abside semi-circulaire unique. Cette abside est couronnée d'une corniche moulurée et est percée de trois baies en plein cintre à simple ébrasement, surmontées chacune d'une arcade en forme de sourcil. Elle s'appuie sur la croisée du transept qui présente des pans coupés, des trous de boulin (trous laissés par les échafaudages) et une corniche saillante soutenue par des corbeaux géométriques.


La croisée du transept est surmontée par un petit clocher carré percé lui aussi de trous de boulin, et couronné par un toit en pierre de taille terminé par une croix de pierre. Ce clocher est typique de l'architecture romane cistercienne qui prône la sobriété.


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Sources

 

Textes :

Dictionnaire des églises de France, Alpes - Provence, Corse, Tome IID, Sénanque, pp 126-127, Robert Laffont, 1966

Jardin mystique (sur le cloître de Sénanque), Jean Arrouye, Presses universitaires de Provence, 1990

L’Abbaye Notre-Dame de Senanque, fr.wikipedia.org

La légende de Sainte Marthe tirée de l'œuvre de Jacques de Voragine et la Tarasque, libresavoir.org

Provence, Le guide vert, Michelin, 2022

 

Texte/Plan :

L’Abbaye Notre Dame de Senanque, baladesetpatrimoine.com

 

Photos numériques :  2022