C'est vers le début du Néolithique que des tribus commencent à se rassembler dans la fertile vallée du Nil, pour aboutir à la constitution de deux royaumes politiquement distincts mais étroitement liés par une culture commune : la Haute-Égypte au Sud, et la Basse-Égypte au Nord (le Nil coule du Sud vers le Nord, d'où ces appellations). La tradition attribue au royaume du Sud mené par Narmer l'unification du pays et l'établissement des premières institutions pharaoniques.
Thèbes
Thèbes possède un passé prestigieux ainsi qu’en témoignent encore les monuments qui se dressent devant nos yeux émerveillés. Ce passé représente quatre cents ans d’histoire,
depuis l’expulsion des Hyksôs jusqu’à la mort du dernier grand pharaon du Nouvel Empire : Ramsès III. Durant cette période, la ville que la légende désigna comme la “Thèbes aux Cent Portes”
instaura sa suprématie sur le reste de l’Égypte et du monde. Cette suprématie intervint relativement tard dans la longue histoire de la Vallée du Nil, mais elle laissa une empreinte indélébile
sur la civilisation pharaonique.
Aujourd’hui encore, la magnificence de Thèbes, “l’aînée de toutes les villes du monde” comme se plaisait à l’appeler Champollion, est conservée par d’innombrables
monuments : la grandeur de Karnak et de Louqsor apparaît du premier coup d’œil. Le nom même de Louqsor dérive du pluriel d’un mot arabe : “al-ouksour”, c’est-à-dire “les
châteaux”, synonymes des ruines que sont aujourd’hui les grands temples du domaine d’Amon-Rê.
Dans l’Antiquité, la ville s’appelait “Ouaset”, “La Puissante” ou encore “Niout”, c’est-à-dire “La Ville”, par excellence. Dans l’Iliade, elle est
désignée par les Grecs comme étant Ta Opet en référence au reposoir sacré de Louqsor (Opet/Opet Resyt).
Mais Thèbes, capitale politique et religieuse, ne se résumait pas à la rive orientale. En franchissant le fleuve divin, le Nil, on accédait à d’autres quartiers de la célèbre
ville. A l’occident, en effet, se dressaient d’autres monuments et surtout les nécropoles, royales et civiles, que dominait, majestueuse et altière, la cime thébaine, imposante pyramide naturelle
aux couleurs changeantes selon les heures du jour…
HAUTE ÉGYPTE
THÈBES-Ouest
THÈBES-Est
BASSE ÉGYPTE
Thèbes-Est
Louxor
Louxor est en 2024 une ville d'environ 500 000 habitants, située sur la rive droite du Nil, à l'emplacement de Thèbes, l'antique cité qu'Homère avait baptisée "Thèbes aux cent portes."
Louxor vient de l'arabe el-Qsor, pluriel de el-Qasr qui signifie "campement, fortification" ce qui rappelle que deux camps militaires avaient été construits là à l'époque romaine. Thèbes, pour
les Anciens, se trouvait entre les sites actuels de Louxor et de Karnak. Promue capitale du Nouvel Empire quand le pouvoir égyptien s'étendait de l'Euphrate à la haute Nubie, cette grande ville
(elle a compté jusqu'à un million d'habitants) était le siège du culte d'Amon, avec en particulier le grand temple de Karnak. Une fois par an, à l'occasion de la Fête d'Opet (la "Fête du harem")
que l'on célébrait le deuxième ou troisième mois de la saison de l'Inondation, la barque sacrée du dieu était portée en grande pompe du temple de Karnak à celui de Louxor, appelé IpetResyt,
c'est-à-dire le "Harem méridional d'Amon".
Karnak
A quelques kilomètres au Nord de Louxor se trouve le site de Karnak, le plus grandiose et le plus complexe des ensembles religieux de l'Égypte ancienne. Il est composé de trois zones, ou enceintes sacrées, où furent élevés les temples dédiés à Montou, à l'origine une divinité guerrière, à Amon, le roi des dieux, et à la déesse Mout qui, avec ce dernier, son époux, et leur fils Khonsou, formait la triade thébaine. La partie principale est le grand temple d'Amon, probablement commencé dès le Moyen Empire et qui atteignit des dimensions impressionnantes à la XVIII° dynastie. Presque tous les pharaons ont voulu l'agrandir et l'embellir en détruisant certaines parties ou en réemployant diverses structures précédentes ; le résultat est donc une architecture extrêmement complexe avec un édifice qui se compose de quatre cours, dix pylônes, un lac sacré et beaucoup d'autres monuments. Le dernier souverain qui y fit faire des travaux importants et auquel on doit l'aspect actuel du monument est Nectanébo Ier, de la XXX° dynastie : c'est lui qui fit bâtir l'énorme premier pylône et placer les sphinx criocéphales (le bélier était un animal sacré d'Amon) le long du dromos qui mène, encore aujourd'hui, au temple. Celui-ci est orienté Est-Ouest et Nord-Sud ; la ligne Est-Ouest, avec les quatre premiers pylônes, suivait la trajectoire du soleil : c'était l'axe solaire et céleste. La ligne Nord-Sud, avec les pylônes 8, 9 et 10, était parallèle au Nil, c'était l'axe réel ou terrestre.
Thèbes-Ouest
- La vallée des Rois (KV)
La vallée des Rois, dont le sceau avait pour motif un chacal, est une vallée de désert située sur la rive Ouest de Thèbes, la capitale politique et religieuse du Nouvel Empire (1549-1080). Elle
se situe plus précisément près de la ville moderne de Louxor. Cette vallée est connue pour abriter les tombes (hypogées) de nombreux Rois et Pharaons du Nouvel Empire. Le site fut utilisé pour la
première fois comme nécropole royale lors de la XVIII° dynastie (1549-1295) par le Roi Thoutmôsis Ier (1504-1492), bien qu'on l'attribue aujourd'hui à son père Amenhotep Ier (ou Aménophis,
1525/24-1504). Celui-ci semble d'ailleurs avoir été vénéré en tant que Maître Dieu de la vallée par les bâtisseurs de tombeaux.
Le dernier souverain connu à avoir construit sa tombe dans la vallée fut Ramsès XI (1099-1069), le dernier Pharaon de la XX° dynastie et du Nouvel Empire. C'est donc près de cinq siècles
d'histoire que le site offre aujourd'hui. Malgré son nom moderne, il n'y a pas eu que des Rois qui furent enterrés dans cette vallée. Seulement 25 tombeaux ont été identifiés comme étant des
sépultures royales.
- La Vallée des Reines (QV)
Elle s’appelait « Site de Beauté » dans l'Antiquité, mais aussi « Site des épouses et des enfants royaux ». Au Nouvel Empire, la Vallée des Reines fut le lieu de sépulture de
plusieurs épouses royales, de membres de la famille royale et de dignitaires de haut rang.
C'est un petit oued en forme de U esquissant des courbes au Sud et à l'Ouest, dominé par des falaises escarpées contrastant avec les lits horizontaux des autres collines thébaines.
A la base de ces falaises une immense grotte recueille les eaux de pluie pour les déverser dans la vallée, d'où son nom la cascade.
Façonnée à l’image d’un utérus géant d’où renaissaient les trépassés royaux après leur périple chtonien (mode souterrain), la grotte était vouée au culte d’Hathor, vache divine, maîtresse du
domaine des morts. Elle était le symbole du ventre d'Hathor, de l'eau, de la fertilité. Elle jouait un rôle essentiel dans la naissance divine de Pharaon.
Certains égyptologues sont convaincus qu’elle fut à l'origine du choix de cette vallée pour les inhumations royales .Les inhumations faites en ce lieu symboliseraient donc la renaissance physique
dans l'Autre Monde.
- La Vallée des Nobles
Les nécropoles civiles disséminées dans la plaine ou creusées dans les flancs de la falaise libyque. Ainsi, on compte cinq nécropoles majeures (El-Assassif, El-Khôkha, Dra Abou el-Neggah,
Gournetel-Mouraï et cheikh Abd el-Gournah), regroupant plusieurs centaines de tombes aménagées pour les notables du Nouvel Empire (1552-1069 avant J.-C.) ; elles abritent les plus hauts
dignitaires du pays (vizirs, gouverneurs, maires ou vice-rois de Nubie), des personnages proches du roi par leur activité (échansons, confidents, inspecteurs, porteurs de sceaux ou hérauts), des
militaires (officiers, lieutenants, capitaines ou commandants de troupes), des membres du clergé (grands prêtres, prêtres, surintendants, intendants, directeurs des trésors ou scribes) et des
fonctionnaires importants (scribes royaux ou inspecteurs généraux). Parfois, des notables de moindre influence figurent parmi les propriétaires : architectes, surveillants, petits
administrateurs, scribes secondaires, astronomes, médecins...
Malgré certaines variantes architecturales, de grandes différences de taille et des qualités d'exécution très inégales, toutes ces sépultures méritent que l'on s'y attarde car, par leur
iconographie relatant des épisodes choisis de la vie du défunt, elles constituent un témoignage exceptionnel et particulièrement vivant de la vie quotidienne des anciens Égyptiens. Toutefois,
parmi les quelque 700 à 800 tombes répertoriées, à peine une vingtaine sont ouvertes à la visite.
La décoration avait un double but : d'une part, c'était une sorte de mémorial du défunt, à travers les peintures et inscriptions donnant son identité pour la postérité; d'autre part, le programme décoratif lui assurait les moyens d'atteindre l'Au-delà et de participer à une vie éternelle.
La "Vallée des Nobles" est une dénomination purement touristique, faisant pendant à la "Vallée des Rois", la "Vallée des Reines" et la "vallée des Artisans". Elle recouvre plusieurs nécropoles se trouvant sur la rive Ouest de Thèbes. En allant du Sud-Ouest vers le Nord-Est :
- Gournet Mouraï : Nobles du Nouvel Empire.
- Cheikh Abd el-Gournah (TT) : les tombes les plus connues, appartenant pour la plupart à des nobles de
la 18° dynastie (Nakht, Menna,
Sennefer, Ramose, Rekhmirê).
- El Khokha : cinq tombes de l'Ancien empire et plusieurs dizaines concernant des nobles des 18° et 19°
dynasties.
- Assassif : tombes du Nouvel Empire et de la troisième période intermédiaire (dont Kherouef).
- Dra Abou el-Neggah : souverains de la 17° dynastie, dignitaires des 18° et 19° dynasties.
- El-Tarif : Moyen empire (souverains de la 11ème dynastie) et deuxième période intermédiaire.
Livre des morts (extrait)
Je n’ai pas causé de souffrance aux hommes.
Je n’ai pas usé de violence contre ma parenté.
Je n’ai pas substitué l’Injustice à la Justice.
Je n’ai pas fréquenté les méchants.
Je n’ai pas commis de crimes.
Je n’ai pas fait travailler pour moi avec excès.
Je n’ai pas intrigué par ambition.
Je n’ai pas maltraité mes serviteurs.
Je n’ai pas blasphémé les dieux.
Je n’ai pas privé l’indigent de sa subsistance.
Je n’ai pas commis d’actes exécrés des dieux.
Je n’ai pas permis qu’un serviteur fût maltraité par son maître.
Je n’ai pas fait souffrir autrui.
Je n’ai pas provoqué de famine.
Je n’ai pas fait pleurer les hommes mes semblables.
Je n’ai pas tué ni ordonné de meurtre.
Je n’ai pas dérobé les offrandes dans les temples.
Je n’ai pas volé les pains des dieux.
Je n’ai pas dérobé les offrandes destinées aux Esprits sanctifiés.
Je n’ai pas commis d’actions honteuses
Dans l’enceinte sacro-sainte des temples.
Je n’ai pas diminué la ration de l’offrande.
Je n’ai pas essayé d’augmenter mes domaines
En usant de moyens illicites
Ni usurper les champs d’autrui.
Site de Karnak :
Chronologie des
XIe dynastie
Antef II
Montouhotep II
XIIe dynastie
Amenemhat Ier
Sésostris Ier
Sésostris III
Amenemhat III
Amenemhat IV
XIIIe dynastie
Ougaf Khou-Taouy-Rê
Sobekhotep IV
Khâ-Néfer-Rê
Mer-Néfer-Rê Äy
XVIe dynastie
Sésostris IV Séneferibrê
XVIIe dynastie
Sobekemsaf II
Sénakht-en-Rê Ahmès
Séqen-en-Rê Taâ
XVIIIe dynastie
Ahmosis
Thoutmosis Ier
Thoutmosis II
Thoutmosis III
Hatchepsout
Amenhotep II
Thoutmosis IV
Amenhotep III
Amenhotep IV
Akhénaton
Toutânkhamon
Aÿ
Horemheb
XIXe dynastie
Ramsès Ier
Séthi Ier
Ramsès II
Mérenptah
Amenmes
Séthi II
Siptah
XXe dynastie
Sethnakht
Ramsès III
Ramsès IV
Ramsès VI
Ramsès VII
Ramsès IX
Ramsès X
Ramsès XI
Pharaons
XXIe dynastie
Hérihor
Pinedjem Ier
Osorkon l’ancien
Siamon
Psousennès II
XXIIe dynastie
Chéchonq Ier
Osorkon Ier
Takélot Ier
Harsiesis
Osorkon II
Takélot II
Chéchonq III
Pétoubastis Ier
Chéchonq VI
Osorkon III
XXVe dynastie
Chabaka
Chabataka
Taharqa
XXVIe dynastie
Psammétique Ier
Psammétique II
XXVIIe dynastie
Darius Ier
XXIXe dynastie
Psammouthis
Achôris
XXXe dynastie
Nectanebo Ier
Époque macédonienne
Alexandre
Philippe Arrhidée
Époque ptolémaïque
Ptolémée Philadelphe
Ptolémée Évergète Ier
Ptolémée Philopator
Ptolémée Philométor
Ptolémée Évergète II
Ptolémée Sôter II
Ptolémée Alexandre
Ptolémée Néos
Dionysos
Époque romaine
Auguste
Tibère
Domitien
Sources
Textes :
Chronologie des Pharaons, Projet d'index global des inscriptions des temples de Karnak, Système d’Indexation
des Textes Hiéroglyphiques (SITH)
La vallée des rois, antikforever.com
La vallée des Reines, egypte-eternelle.org
La vallée des Nobles, passion-egyptienne.fr
L'Egypte antique, wikipedia.org
Louxor - Karnak, khemet.online.fr
Cartes :
Historical Investigation : Deir el Medina, deirelmedinaktpl.weebly.com
L'Egypte ancienne, vroum52.com
Photos : 1981
Photos (Jacques et Simon VONBANK) : 1973
(dont en-tête [080-1973-00] Louxor : Coucher de soleil sur le Nil)