Saint-Cyprien fait partie du Périgord noir et se situe en rive droite de la vallée de la Dordogne. Elle est implantée au flanc d'un coteau et située à 15 km de Cadouin.

 

La naissance de la cité se situe au VI° siècle : l’arrivée, vers 620, d’un ermite du nom de Cyprien dans les grottes de Fages, en surplomb du village, serait à l’origine de l’installation d’une communauté religieuse et d’une population attirée par les riches terres alluviales de la Dordogne. Une église et un monastère sont donc construits. Ce dernier est attesté au XI° puisque le 15 août 1076, Arnaud, prévôt de l'église de Périgueux, le confie au prévôt de Saint-Sernin de Toulouse afin d'y introduire la réforme canoniale.

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24 - Saint-Cyprien : L'église et sa tour de guet/clocher  (Façade Sud) - Dordogne - France
[NU922-2022-3152] 24 - Saint-Cyprien : L'église et sa tour de guet/clocher (Façade Sud)

Pillé par les Barbares en 848, Saint-Cyprien devient, aux XII° et XIII° siècles, un bourg entouré de remparts et de fossés, dont les maisons sont serrées en un enclos réduit autour de l’église et du prieuré.

 

Le monastère appartient à l’ordre des Augustins et se développe. Bertrand de Got, prieur de Saint-Cyprien en 1300, archevêque de Bordeaux, qui deviendra en 1305 le pape Clément V, place ce monastère sous sa juridiction. Près de l’église se trouve une tour carrée fortifiée, percée de meurtrières, qui servira plus tard de clocher aux murs épais au sommet de laquelle se trouve une terrasse de guet.

 

De 1337 à juillet 1453, date de la bataille de Castillon, Anglais et Français s’affrontent dans ce que l’on a appelé la Guerre de Cent ans. L’actuel département de la Dordogne fait partie du duché d’Aquitaine apporté aux Anglais par le mariage d’Aliénor et d’Henry Plantagenet. La rivière Dordogne sert de frontière. Le bourg subit les destructions dues aux passages des troupes et des bandes de pillards composées de mercenaires à la solde des deux partis.

La ville est ensuite le théâtre des guerres de religions. En 1561, le culte protestant y est célébré. En 1585, devenu par mariage la propriété de Joachim de Montluc, frère de Blaise de Montluc, célèbre chef catholique, la ville tombe dans les mains des Huguenots. En novembre 1587, les armées protestantes du vicomte de Turenne, en route vers Sarlat, envahissent Saint-Cyprien et les alentours. L’église et le prieuré sont incendiés à nouveau. Le tombeau de saint Cyprien est détruit, les archives brûlées et le monastère ruiné. L’église devient alors une manufacture d’armes.

 

Vers 1685, la paix est enfin revenue : l’église et les bâtiments conventuels sont reconstruits, la tour de guet, réunie à l’église, devient clocher. Le prieuré passe sous la dépendance de Chancelade, toujours sous la règle de Saint-Augustin. Enfin le bourg se développe, les remparts disparaissent en partie, et les fossés sont comblés.

 

Le village va connaître une certaine évolution : la commune prend alors le nom de Cyprien-sur-Dordogne, et elle élit son premier maire qui se trouve être également le dernier prieur de Saint-Cyprien : Joseph Prunis. Le monastère est déclaré bien national et il est racheté par la Commune en 1791. L’église devient alors « le temple de la Raison consacré à l’Être Suprême ».

 

Autour de l’abbatiale, le vieux village nommé « Montmartre » est alors un quartier typique de Saint-Cyprien, très vivant et peuplé avec ses maisons serrées les unes contre les autres et ses venelles tortueuses en pente. Au XIX° siècle, la ville, jusqu’alors installée au pied de Montmartre, va se développer dans la belle plaine de la Dordogne en y créant routes, maisons, hôtels et restaurants, écoles, gare. En avril 1871, après d’intenses négociations avec l’État, Saint-Cyprien obtient d’abriter l’un des quatre magasins de tabac en feuilles existant en Dordogne dans l’ancien domaine des Augustins, couvent, dépendances et jardin, propriété de la commune ; ces entrepôts vont servir à conserver, durant la fermentation, une partie de la récolte de tabac du Périgord Noir.


24 - Saint-Cyprien : Plan de l'église abbatiale - Dordogne - France
24 - Saint-Cyprien : Plan de l'église abbatiale

Les données historiques concernant Cyprien, saint personnage du Périgord, sont extrêmement réduites.

 

Sa légende est à peine plus prolixe que son histoire. On peut s'en convaincre en parcourant les Vitae de Saint Sour et de Saint Amand qui auraient vécu quelques temps en compagnie de saint Cyprien à Genoliacum (Genouillacum > Genouillac > Terrasson puis aujourd'hui Terrasson-Lavilledieu en Dordogne) avant de se séparer pour se mettre à la tête de disciples et devenir ainsi fondateurs respectifs de trois monastères : Saint-Sour de Terrasson, Saint-Amand de Coly et Saint-Cyprien.

 

Grégoire de Tours disait de Saint Cyprien :

"Le bienheureux Cyprien fut dans le Périgord un homme d'une grande sainteté, et par lequel Dieu opéra un très grand nombre de miracles. Il guérit fréquemment les malades, il rendit la vue à des aveugles et le mouvement aux paralytiques. Trois lépreux furent rendus à la santé par les onctions qu'il leur fit, et tous les jours encore, il vient au secours des infirmes qui l'invoquent."

cf. Gloire des confesseurs, chapitre 100


La Sainte Épine de Saint-Cyprien

 

Outre la Couronne d’Épines de la Sainte-Chapelle à Paris, d’autres reliques analogues sont conservées (parmi une cinquantaine d’autres recensées jadis par C. Rohault de Fleury), notamment au palais du Tau de Reims, à Saint-Sernin de Toulouse, à l’évêché de Grenoble, à Rome et … au British Museum. En Dordogne, une dernière Épine, dans son reliquaire, était naguère conservée et vénérée dans l’église de Saint-Cyprien. Elle avait été donnée, selon la tradition, à une abbaye flamande par Saint Louis puis, en 1804, à Saint-Cyprien par une chanoinesse, Aldegonde Groniès (Plantier abbé du, 1891 : La Sainte Couronne et la Sainte Epine conservée dans l’église de Saint-Cyprien, Michelet, Sarlat ; Secret J., 1976, Bull. de la Soc. hist. et arch. du Périgord, CIII, p. 233-258). Cette relique a été volée en 1997.


 

La façade occidentale encadre, entre deux contreforts plats, un portail de style gothique à quatre voussures brisées, sous une archivolte.

On a conservé, de chaque côté du portail, auquel on accède par un escalier, des morceaux anciens :
- à droite, un enfeu (sépulture du XIII° siècle) sous un arc plein cintre, ainsi que des éléments sculptés romans (notamment trois chapiteaux à personnages),
- à gauche, un fenestrage sous un arc brisé, polylobé, dans le style du XVI° siècle.

Au-dessus du portail se trouve une rose ouverte du XIX° siècle.

Cette façade s'amortit par un pignon aigu, percée d'un triplet de baies du XIX° siècle.


Nef - Chœur


24 - Saint-Cyprien : Hôtel particulier "Fleurieu" servant aujourd'hui de presbytère - Dordogne - France
[NU922-2022-3149] 24 - Saint-Cyprien : Hôtel particulier "Fleurieu" servant aujourd'hui de presbytère

 

 

 

 

En face de l'église, une ancienne maison, remaniée à la Renaissance, avec ses fenêtres d'angle murées, fut un hôtel particulier appartenant à la famille Fleurieu. Elle abrite aujourd'hui le presbytère et appartient à la commune.

 

Les caves du XIII° siècle sont actuellement utilisées comme salles de réunion.

 

Cette demeure illustre bien ce que fut le Saint-Cyprien d'avant la Révolution : un bourg enfermé dans des remparts, lové autour de l'abbatiale et des bâtiments conventuels, dans lequel des familles nobles possédaient des maisons-tours ou des hôtels particuliers.

 


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Sources

 

Textes :

Histoire de la ville, saintcyprien24.fr

Le prieuré périgourdin de Saint-Cyprien fut-il rattaché à Moissac ?, L. Grillon, Annales du Midi, 1963

Saint Hugues sur les chemins de Moissac. La réforme canoniale, Jean Becquet, Annales du Midi, 1963

Signalétique locale

XX° Colloque des Amis de Cadouin, Association Les Amis de Cadouin, 2013

 

Texte/Plan : Documentation locale

 

Photos numériques :  2022