Le Pont du Gard est situé au cœur d'une région au riche patrimoine historique à proximité de Nîmes, Uzès et Avignon.
Aqueduc classé par l'Unesco, le Pont du Gard reste l'un des grands chefs-d’œuvre de l'humanité. Merveille de l'Antiquité, prouesse technique, c'est aussi un site magique, redevenu sauvage depuis son réaménagement.
Haut de 48 mètres, il compte une triple rangée d'arcades superposées : 6 arches au niveau inférieur, 11 au deuxième et 35 au troisième. Sa longueur atteint 273 mètres dans la partie supérieure (360 à l'origine avec 12 arches supplémentaires). Il fut utilisé jusqu'au VI° siècle, puis devint un péage au Moyen-Age, et enfin un pont routier du XVIII° au XX° siècle.
L'opération Grand Site engagé en 2000 lui a rendu son cadre primitif, sans circulation automobile et sans les constructions qui avaient proliféré aux alentours.
Bref aperçu de son histoire
Au premier siècle de notre ère, Nîmes, colonie prospère, voit sa population approcher des 20 000 habitants. Au pied du mont Cavalier, la fontaine de Nemausus ne suffit plus pour alimenter en eau potable les besoins quotidiens de la ville, mais aussi les thermes, les fontaines et les nombreux jardins. On décide de construire un aqueduc pour acheminer l'eau provenant de la source d'Eure à Uzès vers le site nîmois : 50 kilomètres de canalisations à percer et enfouir sous la terre. Sur le tracé de l'ouvrage le Gardon fut un obstacle sévère, résolu par la construction du Pont du Gard positionné à 33,5 kilomètres de Nîmes et 16,5 kilomètres d'Uzès).
Ouvrage utilitaire, le Pont du Gard était aussi un œuvre de prestige, sensée marquer la supériorité de la civilisation romaine urbaine, alors au faîte de sa puissance et de son épanouissement.
Le plus gros du chantier dura de 10 à 15 ans sous les règnes de Claude et de Néron, et moins de cinq ans pour le Pont du Gard. L'ensemble de l'aqueduc compte plusieurs centaines de mètres de tunnels, trois bassins et une vingtaine de ponts, dont le Pont du Gard reste le plus spectaculaire.
L'aqueduc proprement dit est un chef-d'œuvre d'ingénierie, témoignage de l'extraordinaire maîtrise des constructeurs anciens : le dénivelé n'est que de 12 mètres pour une longueur totale de 50 kilomètres, soit une inclinaison moyenne de 24 cm/km ou encore 0,24 mm/mètre. Ces chiffres éloquents permettent de prendre la mesure de la prouesse technique réalisée par les ingénieurs romains qui ont donc dû faire preuve d'une grande précision pour permettre à l'eau de s'écouler par gravité jusqu'à Nîmes. Il serpentait dans les garrigues sur près de 50 kilomètres, contournant les collines ou les traversant par des conduits souterrains, franchissant les vallons par des ouvrages aériens. La construction du Pont nécessita 21 000 m3 de pierres, roches calcaires extraites dans les carrières romaines situées à proximité du site antique. Toutes les fondations, ancrées dans la roche, lui permirent de résister aux assauts du temps et aux crues redoutables du Gardon, les célèbres gardonnades. Il reste de nombreux vestiges de l'aqueduc dans la campagne environnante.
Toutes les pierres qui en font partie ont été extraites d'une carrière distante du monument de 600 à 700 mètres seulement en aval, sur la rive gauche du Gardon.
Ce monument appartient par son architecture à l'ordre toscan. Alors que le troisième rang d'arcades supportant la cuvette de l'aqueduc est bâti, piles et cintres en moyen appareil, les deux
premiers rangs ont été construits en très grand appareil romain. Les pierres de taille de leurs piles ne mesurent pas moins de 2,60 mètres de large, occupant en ce sens toute la dimension de la
pile, sur 2,65 mètres de long, et 0,57 mètre de haut. Elles ont été posées sans mortier ni ciment et admirablement jointée. "Le milieu de chaque pierre est encore brut et dès lors en relief sur
chaque ciselure, ce qui fait croire à plusieurs antiquaires que les pierres portaient des bossages. Les Romains, jaloux de jouir de leurs établissements publics le plus promptement possible,
s'occupaient d'abord de la construction des masses et ajournaient parfois l'exécution des détails, des ornements extérieurs et dés profils d'architecture. C'est pour faciliter la taille des
parements et la sculpture des cimaises que les Romains ont laissé les corbeaux en pierres saillantes que l'on remarque à diverses hauteurs. Ces corbeaux ont servi à l'établissement des
échafaudages nécessaires à la construction successive du pont."
Cet aqueduc parcourait d'abord du Nord au midi le vallon de l'Eure, longeant ensuite du couchant au levant celui de l'Alzon, et après avoir passé au-dessous de Saint-Maximin et au-dessus de Vers, il traversait un peu plus loin le Gardon sur le Pont du Gard, il s'appuyait contre les rochers bordant la rive droite de la rivière, en aval, puis les contournant à Lafoux, il s'avançait jusqu'à Lédenon, passait à Saint-Bonnet, Sernhac, Bezouce et Saint-Gervasi, et s'appuyait aux flancs des coteaux de Marguerittes ; après avoir bordé en arc de cercle les garrigues qui s'arrondissent au-dessus de Nîmes, il venait déverser ses eaux partie dans le château d'eau encore subsistant rue de la Lampèze, partie dans un autre bassin découvert près de la Fontaine, d'où elles étaient distribuées, au moyen de tuyaux en plomb, dans les différents quartiers de la ville.
On distingue désormais, à partir du milieu du 1er siècle de notre ère, date de construction retenue, quatre phases majeures : une période de réglage, un temps de fonctionnement optimal, des
dégradations et consolidations, un essai de réhabilitation et l'on place l'abandon, non pas à l'époque carolingienne, mais plutôt au VI° siècle de notre ère lors de la partition de la région
entre Francs et Wisigoths.
Pourquoi un pont ?
A l'époque romaine, d'après Charvet, les piétons franchissaient le Pont du Gard, soit en suivant le dallage de 3,64 mètres de largeur qui couronne le monument, soit en utilisant la marge de 1,07 mètre comprise entre la face extérieure des pieds-droits des arches du second rang et le bord extrême de la cimaise qui surmonte les arches du premier. On rejoignait par un sentier la voie de Nîmes à Alba, près de Lafoux.
Au moyen âge. Poursuit-il, le Pont du Gard devint un lieu de passage important, à raison de sa proximité de Beaucaire où avait lieu une foire très réputée et très courue. Les
piétons seuls devaient passer de la façon que nous avons indiquée ; le péage produisait en 1295, époque où il fut cédé par Philippe-le-Bel à Raymond-Gaucelin II, seigneur d'Uzès, en échange de la
baronnie de Lunel, 25 livres par an. (soit 2820 francs) Au XVI° siècle, après l'établissement de la papauté à Avignon, le péage doubla et fut affermé à un juif converti au prix de 55 livres (6204
francs).
Plus tard, le passage des bêtes de somme ayant été autorisé sur le Pont du Gard, on échancra les piles du second rang et on ajouta des parapets avec encorbellements. En effet, on
lit dans le Discours historial de l'antique et illustre cité de Nismes composé en 1557 par le conseiller au Présidial de cette ville, Jean Poldo d'Albenas : Puisque nous avons fait mention du
Pont du Gard, faut entendre qu'il sert à présent de pont, principalement le premier estage, lequel a esté entrecoupé et les pilastres sont éberchez d'un costé, tellement qu'un
mulet y peut passer tout chargé ; et ce a esté fait pour la commodité des gens du païs et pour abréger le chemin de deux lieues ou environ.
Le péage du Pont du Gard, après avoir passé aux évêques d'Uzès, fut attribué, sur la fin du XVI° siècle, pour le cinquième aux Farets, seigneurs de Vers et de Saint-Privat, et
pour le reste à ceux de Collias. Les échancrures pratiquées aux piliers du second rang avant 1557 avaient eu pour effet d'ébranler le monument, dont la masse supérieure commençait déjà à
surplomber du côté d'amont. En 1699, Lamoignon de Basville, intendant de cette province, entreprit de sauver le pont du Gard d'une ruine prochaine. Les architectes du Laurens et
de Daviller, chargés de ce soin, remplirent le vide fait à la base des pieds-droits et ne laissèrent avec les encorbellements que l'étroit passage existant entre les piles et la cimaise. Mais les
États généraux du Languedoc prirent le 22 janvier 1743 une décision ayant pour objet de faire construire un pont sur le Gardon. Sur les indications de l'architecte, Henri Pitot, ce pont
particulier fut adossé en 1745 à la façade orientale de l'aqueduc antique.
Sources
Texte :
Pont du Gard, avignon-et-provence.com
Texte et dessins :
Gard - Aqueduc romain, nemausensis.com
Plan :
L'enceinte augustéenne de Nîmes, nemausensis.com
Photos numériques : 2018