L'Arc de Campanus est un monument antique situé dans la commune française d'Aix-les-Bains, dans le département de la Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Dans la géographie administrative romaine, Aquae (Aix-les-Bains) se trouve dans la cité de Vienne, en territoire allobroge.
L'Arc de Campanus se dresse dans le centre historique de la ville moderne d'Aix-les-Bains, à proximité des deux autres monuments antiques connus dans la ville, le temple de Diane et les thermes.
L´Arc de Campanus a probablement été édifié à la fin du Ier siècle de notre ère. Il comporte des inscriptions à la gloire de la famille des Campanii qui permettent de restituer la généalogie de cette famille. La fonction de cette porte a donné lieu à diverses hypothèses : arc funéraire, arc votif ou de triomphe ou, plus vraisemblablement, porte monumentale ouvrant vers les thermes.
Cet arc, situé devant les thermes Pellegrini, entre la place des Thermes et la place Maurice Mollard, a encore une dimension de 9,15 mètres de haut sur 7,10 mètres de large ; sa faible épaisseur de 75 centimètres lui confère une légèreté inhabituelle pour ce type de monument. Son unique ouverture est composée d´une arcade en plein cintre d´une portée de 3,50 mètres pour une hauteur de 6 mètres. Elle surmontait un passage pavé de larges dalles avec des traces de roues.
Sur la façade Ouest, se déroule une inscription sur trois registres superposés : l´attique, l´architrave et le sommet de l´arcade. C´est la dédicace du monument fait par Campanus encore vivant à ses parents défunts ; elle donne les noms de trois générations gravés dans six cartouches sur l'attique et huit cartouches sur l'architrave, à l'aplomb de huit niches.
En 1996, l'archéologue allemande Annette Küpper-Böhm conclut à l'absence de rôle funéraire pour l'Arc en raison de son emplacement par rapport aux autres vestiges antiques de la ville ; elle en fait une porte monumentale comparable à d'autres monuments de la Gaule narbonnaise, comme les arches édifiées aux deux extrémités du pont Flavien à Saint-Chamas. Le monument marque, selon elle, le passage symbolique de l'intérieur de la ville avec le temple de Diane vers l'extérieur avec les thermes.
L'Arc de Campanus
Beaucoup plus léger que ses voisins de Suze et d'Aoste, ce monument n'est pas un arc de triomphe, comme le prouve nettement l’épitaphe qui y est inscrite : celle-ci donne les noms de 14 membres défunts de la famille de L. Pompeius Campanus, lequel bâtit cet arc de son vivant (vivus fecit). II est probable que les niches de la frise devaient contenir les reliefs ou les bustes des trois générations de cette famille.
Le mausolée en forme d'arc n'est pas exceptionnel dans le monde romain où l'on retrouve d'autres arcs funéraires : l'arc des Sergii à Pola (Yougoslavie), l'arc des Gavii à Vérone, l'arc de Titus à Rome ...
L'arc, dont la forme est dérivée de la porte, symbolise le passage dans l'au-delà. La présence de tombes près des sources est d'ailleurs fréquente dans l'Antiquité : la source ou la grotte est une entrée de l'enfer, elle est en rapport avec le monde des morts.
L'édifice, comme les autres arcs monumentaux, comprend trois parties : l'arcade, entre deux piliers ; l'entablement, avec architrave, frise et corniche ; l'attique, enfin, qui surmonte le tout.
Il peut être daté du début du principat d'Auguste, vers l'an 20 avant J.-C. .
D'après Jean PRIEUR
Le personnage représenté donne une nette idée de ses dimensions (9 mètres de hauteur pour 7 mètres de largeur). La base de l'Arc est actuellement légèrement enterrée.
L´Arc de Campanus
J. Mouxy de Loche avait daté ce monument, sur des critères typologiques, du début du principat d'Auguste. Or, d'après l´étude environnementale et les relations stratigraphiques observées lors de
la fouille du parking de la place Maurice-Mollard, et lors de la relecture des vestiges des thermes antiques, cette hypothèse doit être abandonnée au profit de celle formulée par J. Prieur qui a
placé l´édification de l´Arc à la fin du Ier siècle de notre ère.
Son emplacement aux abords du temple et des thermes permet de s'interroger sur sa fonction exacte : arc funéraire, arc commémoratif ou honorifique ?
Qui était, en effet, ce L. Pompeius Campanus pour avoir édifié de son vivant un tel monument ? Citoyen, évoqué par le tria nomina, et riche notable allobroge de la cité de Vienne ? On remarquera
qu'aucune tombe contemporaine n'a été découverte en association ou dans l'environnement immédiat de l'Arc, la nécropole connue la plus proche se situant à trois cent mètres au Nord. Un
sarcophage, dégagé en 1854 sous l´hôtel Astoria dans le jardin Vidal, a été daté par J. Mouxy de Loche du III° siècle. L'objection principale à l'interprétation funéraire réside dans l´interdit
religieux romain portant sur les sépultures urbaines.
On note que l'Arc n'a pas une orientation en rapport avec une voie Nord-Sud, qui aurait pu longer la nécropole, mais qu'il est orienté avec les constructions monumentales du temple et des
thermes. On ajoutera que les inscriptions situées sur la face occidentale de l'Arc offraient une perspective unique à quiconque arrivait aux thermes. L'ensemble de ces observations crédibilisent
une autre hypothèse consistant à interpréter le monument comme une porte monumentale ouvrant vers les thermes. Dans le carnet personnel manuscrit où sont consignées les fouilles qu´il a conduites
avec Jomard en 1834, Charles Despine témoigne de l'existence sous l'Arc d'un "passage pavé de larges dalles usées sur lesquelles on voyait la trace des roues des chars qui y passaient".
Par ailleurs, la disposition des niches, alternativement en cul-de-four et à fond plat, réunies en deux groupes symétriquement ordonnés par rapport à l'axe de l'ouverture, évoque les fenêtres
présentes dans les parties hautes des portes de villes, comme le propose A. Küpper-Böhm. Au plan chronologique, la construction de l'Arc correspondrait à celle du temple ainsi qu´à
l'agrandissement et l'embellissement des thermes. A. Küpper-Böhm le fait entrer dans une série représentée dans la péninsule ibérique et en Dalmatie. Par rapport aux précédents arcs de
Narbonnaise, l'Arc d'Aix-les-Bains introduit une nouveauté par la place qu´il fait à l´autocélébration des élites, distinguant ainsi les Pompeii du reste des familles attestées dans l´épigraphie
aixoise.
Temple de Diane
Malgré différentes restructurations, le Temple de Diane subsiste dans tout son volume. En fait, seules la façade principale, orientée à l´Est, et la couverture ont disparu.
La façade Ouest, le fronton ainsi que le mur latéral Nord, consolidé par deux contreforts modernes, sont apparents à l´extérieur, dans l´angle Nord-Est de l'hôtel de ville. Le mur Sud est visible aux trois premiers niveaux des services municipaux.
Le temple présente une longueur de 17, 20 mètres pour une largeur de 13, 65 mètres. Une large fondation, composée de petits moellons liés au mortier de chaux sur une profondeur de 1, 56 mètre, supporte un podium. Celui-ci, mis au jour à l'occasion des fouilles, est formé de 5 assises, sur une hauteur de 3, 29 mètres, qui permet de définir une hauteur complète des côtés latéraux de l´édifice de 13, 12 mètres.
L'ensemble, du sol antique au sommet des tympans, s'élève sur une hauteur totale de 15, 42 mètres. Les murs latéraux, de 7, 93 mètres de hauteur, sont composés de 13 assises en grand appareil de calcaire blanc posé à joints secs. Les murs sont entièrement recouverts de parements en pierres de taille de calcaire blanc, formant des assises régulières de 56 à 62 centimètres de haut. Les murs supportent un entablement complet de type toscan composé de trois parties, une architrave à trois fasces, une frise nue et une corniche à filets et doucines.
À l´Ouest, subsiste une face aveugle surmontée d´un fronton triangulaire surbaissé, dans un rapport hauteur-largeur de 1 sur 6. Les rampants de la toiture ont disparu.
Sources
Textes :
Arc de Campanus, fr.wikipedia.org
Arc monumental, dit Arc de Campanus, patrimoine.auvergnerhonealpes.fr
Temple de Diane, pop.culture.gouv.fr
Texte/Dessin :
Signalétique locale
Plan :
Place Maurice-Mollard, fr.wikipedia.org
Photos numériques : 2024